21 janvier 2015, 22:23

"Immortal Randy Rhoads - The Ultimate Tribute"

Album : Immortal Randy Rhoads - Ultimate Tribute

Attention, ceci est un billet de (mauvaise) humeur déconseillé aux âme sensibles.

Randy Rhoads - ou l'artiste le moins (bien) exploité de tout le show-business. En France, c'est même une hérésie : même un Gregory Lemarchal a ses propres prime-time post-mortem ou ses compilations-hommage, ses albums posthumes d’inédits, et son mausolée télévisuel annuel dans notre beau pays où l'on aime tant les chanteurs morts.
Randy Rhoads, assurément l'un des plus grands guitaristes au monde, qui a fort probablement provoqué l'imagination des théoriciens du complot - réfléchissons donc cinq minutes : "le pilote de l'avion sous cocaïne était probablement en phase terminale de cancer, n'avait plus rien à perdre, et a vendu son acte de kamikaze au commanditaire Eddie Van Halen qui voulait alors se débarrasser de son plus grand rival". En 2015 on pourrait, pourquoi pas, lire des trucs comme ça. 
Randy Rhoads, qui en une demie-décennie d'existence reconnue, n'a sorti que quatre disques, dont deux albums introuvables uniquement disponibles sur CBS Japan à la fin des années 70 - albums jamais réédités depuis, alors qu'on te refourgue en 180 grammes des curiosités de folk-prog péruvien sortis en 1972 à 500 exemplaires sur des labels boliviens. Les mecs, "I" et "II" de QUIET RIOT c'est pour QUAND en paper-sleeve ???
Randy Rhoads : le guitariste de hard-rock qui pourrait être le plus bankable du marché plus de trente ans après sa disparition tragique, et qui s'avère plus que sous-exploité : les seuls trucs relativement intéressants sont toutefois sortis chez le clan OSBOURNE, avec entre autres le coffret du 30ème anniversaire "Blizzard Of Ozz" / "Diary Of A Madman", qui coûtait non seulement une blinde, mais qui ne renfermait que quelques pépites déjà connues, dépoussiérées, remastérisées, alors qu'il existe selon Bob Daisley des heures de bandes de démos et de répétitions du groupe BLIZZARD OF OZZ aux studios Ridge Farm en mars 1980. Et qu'il existe des dizaines et des dizaines de pirates de lives des tournées entre septembre 1980 et le 19 mars 1982. Ressortez-nous un joli petit package, avec des photos et le son de Kalamazoo 1982, le festival de Port Vale, j'en passe et j'en passe.
Randy Rhoads, qui avait bénéficié l'an dernier d'un très grand concert en Californie avec une multitude de guests incroyables : concert filmé et enregistré... J'étais quasi-certain, à l'annonce il y a quelques mois de la sortie imminente d'un disque en hommage à Randy qu'il s'agirait au moins d'un CD/DVD retraçant la totalité de cette bien belle soirée dédiée au guitariste par ses amis ou admirateurs amoureux, respectés et talentueux… et ben...

Non. En 2015, alors que sortent de toutes parts des témoignages inédits sur n'importe qui ou bien encore des coffrets re-re-remastérisés de disques déjà sortis cent fois, qu'avons-nous de beau ? Ooooh, un tribute réalisé par (l'ignoble) Bob Kulick. Oui, l'affreux chauve moustachu qui ferait passer le Professeur Choron pour Tom Selleck. Ce guitariste de studio vil et opportuniste qui en une seule session jadis chez KISS a reçu toutes les leçons du show-business, tels que les enseignent les cours du soir de Sharon Osbourne : "De ton Prochain Tu Profiteras, A petit Budget Mieux ce Sera".
Bob Kulick, ce "musicien" que j'ose ainsi mépriser et qui est déjà responsable dans les années 90 et 2000 de ces innombrables Tribute-Albums vite assemblés en studio et enregistrés sur des consoles pré-réglées, et bénéficiant de la présence de dizaines de grandes stars pas mécontentes de cachetonner une heure ou deux dans la banlieue de Los Angeles, sans parler des B-lists de guitaristes, bassistes et batteurs des 80's, tous avides de remplir leur CDD chez Kulick afin de payer leurs implants, leurs pensions alimentaires avec des ex-strippeuses devenues juristes ou leur méthadone.
Mais je m'arrête là pour Bob Kulick, j'en avais déjà assez dit en préambule de mon papier sur le Tribute consacré à Dio l'an passé, et je ne voudrais pas laisser croire, oh non, que je m'acharne.

Non, cette fois je vais m'acharner sur Tim "The Ripper" Owens. Sur toutes les reprises présentes sur ce "Tribute", il en signe la quasi-totalité des vocalises. La gloire, ou bien ? Alors donc l'ex-chanteur d'un groupe de reprises de JUDAS PRIEST finalement devenu chanteur de JUDAS PRIEST par dépit puis chanteur d’ICED EARTH puis chanteur intérimaire chez Manpower-Metal pour qui a besoin d'un chanteur le temps d'une bar-mitzvah, est donc devenu chanteur de Randy Rhoads, visiblement favorisé et préféré à toute la B-list habituelle. Pas grave, y avait DEJA des albums Tribute à Randy Rhoads avec les éternels mêmes vieilles gloires, celles qui enchaînent en un après-midi "Suicide Solution" avec "We Rock !", "Screaming For Vengeance", "Back In The Saddle" et "Runnin' With The Devil" pour les compilations respectives.
Et si c'est pas un nouveau foutage de gueule, ça, quand-même. Ce nouveau tribute est donc exclusivement destiné à la fois aux fans de Randy Rhoads ET de Tim Owens. La vache. C'est con que Blaze Bailey ait été en vacances, l'album aurait été au moins DEUX FOIS plus varié.

Owens n’est présent QUE sur neuf titres, alors que deux autres guests se partagent le « Mr Crowley » d’Ozzy (Chuck Billy ? Avec tout le respect que l’on a pour lui et TESTAMENT, là euh…..) et le « Back To The Coast » de QUIET RIOT avec Kelle Rhoads, son propre frère venu cautionner le projet… Oui, trois petits points en effet. Et si ces deux autres chanteurs étonnants pouvaient faire le déplacement, pourquoi pas huit autres ? Au lieu de quoi est préféré l’huître Owens sur neuf titres.

Autres cautions d’usage, les amis Rudy Sarzo, ancien bassiste du ‘RIOT et du OZZY OSBOURNE BAND en ’81 et ’82 qui joue ici sur tous les morceaux repris, et Franki Banali, batteur de QUIET RIOT, probablement présent sur TOUS les tributes de Kulick, et dans une moindre mesure, Vinny Appice, grand habitué de l’exercice, venu aussi récupérer un peu de thune dans cette grande entreprise toujours aussi incestueuse.
Bon, vous me direz, l’intérêt "majeur" (guillemets !) de ce disque réside dans la grande variété de guitaristes venant offrir leurs indéniables talents en hommage à notre étoile trop tôt disparue. Belle brochette en effet : Doug Aldrich, Dweezil Zappa, Alexi Laiho ou Gus G, dernier guitariste en date d’Ozzy. Mais si on "s’amuse" (re-guillemets) des présences de Bernie Torme et Brad Gillis (successivement les deux guitaristes intérimaires très rapidement dépêchés par Sharon pour continuer la tournée "Diary Of A Madman" moins d’une semaine après le fameux crash du 19 mars 1982…), on s’étrangle carrément à la présence de George Lynch, loin d’être manchot, mais qui avait déjà manqué par deux fois le poste de sideman d’Ozzy aux profits de Randy Rhoads puis de Jake E.Lee en 1979 et en 1983. Hormis bon nombre de formations "standards" et habituelles sur les tributes, la plus atypique reste certainement ce line-up formé autour de Serj Tankian (SYSTEM OF A DOWN) au chant et de Tom Morello sur "Crazy Train"...
Quant à Bob Kulick lui-même, on l’entend à la rythmique sur le méconnu "S.A.T.O" ; son frère Bruce Kulick, ex-guitariste de KISS pendant une petite douzaine d’années quand-même, se la joue profil bas sur le même "Back To The Coast", si cordialement invité par son grand-frère siiiiii altruiste.

En France, on aime donc les chanteurs morts, on aime la misère, on a donc ce que l’on mérite, avec les Enfoirés. Mais même dans le metal, genre soit-disant si intègre et incorruptible, on a aussi notre belle brochette d'enfoirés : des losers à la Stars 80 qui viennent se faire un peu d’easy-cash sur le dos des institutions sacrés. Randy Rhoads ne mérite pas ça. Randy Rhoads ne mérite même pas une pochette aussi laide : même une contre-façon bulgare a plus de gueule que ce disque.

Par pitié ne cautionnez-pas CA à votre tour. Sachez, kids, qu’il n’y a qu’UN SEUL TRIBUTE : le live de 1981 sorti en 1987, probablement l’un des plus grands disques en concert de l’histoire du metal - et ça, ça serait super con de passer à côté.

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
Ses autres publications

2 commentaires

User
Arnaud Prestavoine
le 22 janv. 2015 à 20:28
Il existe un autre tribute album qui sort cette année avec entre autres Brian Tichy, James Lomenzo, Sebastian Bach, Ray Luzier, Alex Skolnick, Whitfield Crane, Dave Ellefson, Phil Soussan, Phil Demmel, Tracii Guns, Jeff Scott Soto, Kiko Loureiro, Ron Thal etc... il s'appelle Randy Fhoads Remembered et il peut être commander ici : http://www.californiamusicfest.com/
User
gerard
le 20 mai 2015 à 16:22
ce cd est inutile randy rhoads etait eblouissant de classe le guitar heros
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