25 juin 2015, 11:34

KORITNI : Lex Koritni

La nuit ne meurt jamais

Inscrit depuis toujours dans la longue tradition du hard rock pur jus australien, KORITNI est un groupe que ne déçoit jamais que ce soit dans ses performances live ou en studio. Après un "Welcome to the Crossroads" détonnant et couronné de succès paru en 2012, accueillons aujourd'hui "Night Goes On For Days", peut-être l'album le plus étonnant de la discographie de KORITNI. On en parle tout de suite avec le chaleureux chanteur et compositeur Lex Koritni !
 

Sans parler de changement radical, on a le sentiment que « Night Goes On For Days » a une teinte un peu différente par rapport aux précédents albums de KORITNI…
Ouais c’est vrai qu’il y a plus de chansons acoustiques. Ce qui est cool d’ailleurs car ça m’a fait chanter différemment, avec une guitare acoustique je n’ai pas besoin de crier tout le temps, je peux être un peu plus subtil… Les invités aussi donnent un ton un peu différent à ce disque.  

Pourquoi avoir mis plus de chansons acoustiques ?
En tournée il nous arrive souvent de jouer acoustique pour des showcases, pour la radio… mais nous n’avons aucune chanson acoustique dans notre répertoire ! (rires) Enfin si, « Hold On » qui est sur « No More Bets ». Donc voilà j’ai voulu écrire des chansons acoustiques pour voir ce que ça pouvait donner… Je dois dire que j’ai enregistré beaucoup plus de guitares sur ce disque…

C’est une si grande différence que ça ?
Ouais d’habitude j’écris toutes les parties de guitare, mais je ne les joue pas ! C’est Eddy et Luke qui s’en chargent. Donc voilà, peut-être que mon jeu donne une saveur un peu différente à cet album aussi. Je suis très content de ce disque. C’est le seul disque avec « Welcome to the Crossroads » dont je suis pleinement satisfait.

Parmi les invités de « Night Goes On For Days » on trouve donc Vivi Brusco, qui a joué avec vous en live, et Farid Medjane. As-tu pour projet de reformer TRUST avec toi au chant ? (rires)
(Éclat de rires) Non c’est pas trop mon style, je suis tout sauf Bernie. Je n’ai pas assez de poils sur le dos ! (rires) Farid et Vivi sont de très bons amis. J’ai rencontré Farid quand on a joué au Bataclan il y a quelques années, c’est un mec en or et un putain de bon batteur ! J’hallucine à chaque fois que je le vois jouer ! Ça a été naturel de lui demander de jouer sur ce disque. Ça a été la même chose pour John Coglan de STATUS QUO. J’ai toujours été un fan de QUO, j’ai des vidéos de moi et de mon frère en train de chanter du STATUS QUO quand j’avais 6 ans ! (rires) On chantait « Down Down », « Caroline », « Paper Plane »… j’ai toujours adoré ce groupe. J’ai rencontré John il y a 5 ans à un festival, j’ai tout de suite pensé à lui quand j’ai commencé à inviter des potes pour jouer sur l’album. Ça a été un vrai plaisir pour lui de le faire.



 

"C’est l’histoire de ma vie d’être cliché !" - Lex Koritni


Les membres de KORITNI sont tous dispersés dans des pays différents, ce qui donne un line-up qui change constamment, j’ai d’ailleurs lu que tu avais envisagé prendre Pat McManus de MAMA’S BOYS pour remplacer Luke sur une tournée ?
Oh ouais ! J’adore ce mec, c’est un super guitariste ! J’ai d’ailleurs enregistré une chanson avec lui qui sera sur le prochain album. Ça doit être celle que je préfère le plus de tout ce qu’on a enregistré dernièrement !

Comment s’appelle-t-elle ?  
« Run Out of Gas » ! Tu verras, elle est super !

L’album débute par une intro country un peu humoristique dans laquelle tu te plains que ton chien s’est enfui et que ta femme t’a quitté…
Ouais ! (rires)

D’où t’es venue cette idée ? (rires)
Je trouvais le contraste assez drôle. La chanson qui suit, « Horns Up », est tellement directe et sans concession que je voulais faire totalement l’inverse dans l’intro. Avec quelque chose de plaintif, de country… Tu sais, on dit toujours que la country parle soit de la mort de ton chien, soit de ta femme qui te quitte, soit de ta bagnole qui ne fonctionne plus… (rires) Donc voilà, j’ai combiné tout ça, puis boom on arrive sur « Horns Up » !

C’est vrai que ces 3 premières secondes surprennent à la première écoute…
(éclat de rires) « Tiens, KORITNI a changé de direction musicale ! » (rires)
 

Le break de « Rock N Roll Ain’t No Crime » n’est pas mal non plus dans le genre « gag »…
Ouais ! (rires) C’est marrant mais c’est aussi de la fainéantise. C’est Eddy qui a écrit cette chanson et elle te met dos au mur tellement elle envoie ! J’ai eu aucun problème pour écrire des paroles dessus, sauf quand je suis arrivé à ce putain de break. Les premiers mots que j’ai dit en l’entendant sont ceux qui sont sur l’album : « Putain non, pas un putain de break » ! (rires) J’ai essayé d’écrire des mélodies, des trucs dessus, mais ça ne fonctionnait pas. Tu sais en général, ta première idée est toujours la meilleure, donc j’ai dit à Eddy : « Voilà ce que je vais chanter ici, si tu n’aimes pas… on va devoir se débarrasser de break ! » et il m’a répondu (il prend un accent français) : « Euuh non non c’est drôle euuh c’est bon ça le fait bien avant le solo euuuh c’est efficace » donc on a tout gardé ! (rires)

La chanson « Waking Up The Neighbours » sent un peu le vécu, non ? 
Ouais ! (rires) Plus d’une fois ! Les flics sont venus un nombre incalculable de fois chez moi quand j’étais en Australie. Un jour ils m’ont même confisqué ma chaine hi-fi ! Je te jure ! Ils m’avaient envoyé tellement d’avertissements qu’ils sont venus avec un mandat et me l’ont confisquée pendant 3 mois ! Ça n’a pas empêché un de mes potes d’emmener la sienne à la soirée d’après et voilà… tout est reparti de plus belle ! J’aime bien cette chanson elle envoie, elle est drôle… complètement cliché mais bon. C’est l’histoire de ma vie d’être cliché ! (rires)

Et ça ne te dérange pas ?
Non parce que c’est vrai ! Tu as ton premier boulot, tu t’achètes une guitare, tu tentes ta chance, ta copine t’achète à bouffer, tes potes te payent à boire… être un musicien c’est vivre comme un clochard ! (rires) Tu ne peux pas payer ton loyer, ta nourriture… Je le sais parce que je l’ai vécu ! Je suis éternellement reconnaissant envers mes potes de m’avoir aidé de mes 17 ans à mes 21 ans. Ils m’ont payé à manger, à boire… pendant que moi je vidais mon compte en banque en une seule soirée ! Ils me voyaient et me demandaient : « C’est quand la dernière fois que t’as mangé, Lex ? » et je leur répondais : « Baah j’ai bu 3 bières aujourd’hui ! » , « Non mais on te parle de vraie nourriture, là ! » et ils m’invitaient à manger ! (rires) C’est triste mais c’est vrai ! J’ai plein de potes qui ont vécu la même chose.
 


 

La dernière fois qu’on s’est vu c’était au Hellfest 2012 où vous aviez appris en plein après-midi que vous deviez ouvrir pour MÖTLEY CRÜE le lendemain…
(souffle) Ouaiis…

Oulà, c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
C’était plus énervant qu’autre chose en fait ! Le Hellfest était censé être notre dernier concert, en général en tournée je ne fais pas trop la fête si je n’ai pas de jour de repos derrière… J’ai besoin d’une journée entière pour récupérer avant de pouvoir chanter ! Donc voilà on avait joué ce qui était censé être le dernier concert de notre tournée vers 17h, et on a découvert bien après qu’on devait jouer en première partie de MÖTLEY CRÜE ! J’étais rincé, en plein soleil, à siroter du Jagermeister, on avait acheté une bouteille de Jack Daniel’s… on était tous torchés ! Manu était tellement bourré qu’il avait perdu son chapeau ! Et il m’avait engueulé parce qu’il pensait que je lui avais volé ! (rires) Il ne savait plus sur quelle planète il était ! Et là notre manager arrive et nous dit : « Allez, on s’en va ! », je comprenais rien je lui disais : « Mais pourquoi ? », ce n’est que dans la voiture que j’ai découvert ce qui se passait, je n’avais aucune idée de comment est-ce que j’allais pouvoir chanter le lendemain ! Ça a dû me prendre 1h pour m’échauffer, on est arrivé à la salle j’ai commencé à vouloir faire quelques vocalises mais tout ce qui sortait c’était : « AARRRGGRREHERHH » ! On aurait dit une chèvre enceinte ! Mais je me suis préparé et je pense que j’ai mieux chanté qu’au Hellfest, j’étais content de moi. J’ai eu un gros coup de chance.
 


 
"Aujourd’hui quand tu vas voir un concert en Australie tu n’entends rien ! Tu peux même taper la conversation à ton pote à côté de toi, c’est ridicule ! (rires)" - Lex Koritni


Il y a quelques temps déjà des rumeurs circulaient comme quoi tu voulais te lancer en solo avec un album acoustique, où en est ce projet ?
Eh bien, vu que tu poses la question je ne vais pas te mentir, il s’agit de la raison pour laquelle il y a autant de chansons acoustiques sur cet album. En fait on avait enregistré un album avec KORITNI, j’avais enregistré un album solo et on a décidé de mélanger les deux… Moitié, moitié ! La suite sera sur le prochain album. Je pense que c’est la meilleure chose à faire, ça donne 2 albums plus intéressants.

Il y a quelques semaines nous avons rencontré DALLAS FRASCA, qui nous ont parlé de la scène bar rock australienne et ont déclaré : « il faut que tu bosses très très dur pour te faire un public. Il faut que tu joues, que tu donnes tout pour attirer l’attention ! ». Partages-tu ce point de vue ?
Je pense que c’est des conneries ! Je ne veux pas me mettre à dos mes compatriotes australiens mais… non quoi ! En tout cas ce n’est pas en jouant fort qu’on va attirer l’attention. En Australie le seuil de nuisance sonore est beaucoup plus strict qu’en France. On joue plus fort ici que là-bas ! Pour moi, le son de la musique australienne vient de l’isolement. Tu vois, moi j’ai 30 balais, les mecs d’ELECTRIC MARY doivent avoir 40… non, Rusty doit approcher les 50, bien qu’il chante encore divinement bien. Bref, tout ça pour dire que quand on a grandi, on ne connaissait pas les groupes comme SCORPIONS, HELLOWEEN… Les gens aimaient IRON MAIDEN juste parce qu’ils avaient des t-shirts sympas… J’ai jamais aimé le heavy metal européen, c’est juste pas possible ! Quand je vois des gens devenir complètement dingues à un de ces concerts je suis là, je me demande : « C’est quoi ce truc ? ». Alors que quand j’écoute ELECTRIC MARY, ça me donne juste envie d’aller au bar le plus proche, et de me commander 6 shots ! L’isolation nous a préservés de toute cette musique européenne. C’est ça la plus grosse différence pour moi. Ce n’est pas tant la question de jouer le plus fort possible et d’attirer l’attention. C’est la musique qui était là quand on était jeune qui nous a influencés. Quand j’étais gosse mes dieux musicaux c’était ANGEL CITY, ROSE TATTOO et COLD CHISEL… Ce qui ne donne forcément pas le même résultat qu’un gosse qui écoute IRON MAIDEN, HELLOWEEN et je sais pas moi… Johnny Hallyday ! Je connais les mecs de tous ces groupes australiens, et les disques qu’ils recevaient eux c’était Little Richard, James Brown… beaucoup de blues ! Tu vois il n’y a jamais eu de gros mouvement punk en Australie, ça n’a duré qu’1 an ! Parce que les gens se disaient : « Mais qu’est-ce que vous foutez avec vos coiffures à la con et votre musique merdique ? Barrez-vous ! » (rires). 

Pourquoi ça n’a pas duré selon toi ?
Parce que les groupes de blues se sont sentis offensés ! En plus avec une démographie si petite, c’est très facile d’avoir une sorte de contrôle. Je dois dire que les clubs étaient beaucoup plus grands que ceux que tu peux trouver en Angleterre, ce qui faisait que ROSE TATTOO jouait à un volume… totalement illégal ! (rires) Tout le monde dit que MANOWAR est le groupe qui joue le plus fort au monde, mais c’est parce que personne n’était venu mesurer le volume auquel jouaient ROSE TATTO et COLD CHISEL à la fin des années 70 ! Tout a changé dans les années 90, plein de lois ont été appliquées. Aujourd’hui quand tu vas voir un concert en Australie tu n’entends rien ! Tu peux même taper la conversation à ton pote à côté de toi, c’est ridicule ! (rires).
 

L'album "Night Goes On For Days" de KORITNI est disponible chez Verycords !
 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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