14 octobre 2015, 21:03

Glenn Hughes + KING OF THE NORTH + Jared James Nichols

@ Paris (Divan du Monde)

Glenn Hughes qui se produit dans la capitale, cela a des allures de gros événement ! Certes, il n’y a "que" quatre ans que le chanteur/bassiste a joué au Bataclan avec BLACK COUNTRY COMMUNION, mais sa présence sur le sol français a été finalement assez rare dans sa carrière, surtout pour quelqu’un qui écume le circuit depuis 1967 !

La modeste salle du Divan Du Monde affiche donc complet pour accueillir celui qui est surtout connu pour avoir officié jadis du côté de DEEP PURPLE et TRAPEZE, et plus récemment avec BLACK COUNTRY COMMUNION et CALIFORNIA BREED.
Histoire de lancer la soirée de la meilleure des manières, le public est gâté ce soir niveau premières parties avec tout d’abord l’étonnant duo tonitruant que forment les deux Australiens de KING OF THE NORTH. Des riffs puissants, groovy et in your face en veux-tu en voilà assénés bizarrement par le seul Andrew Higgs (chant/guitare). Mais comment fait-il ? Surtout que l’on entend une basse ! On pense à l’utilisation de samples et d’un looper, mais rien de tout ça, ce brave Andrew a en réalité inventé sa propre pédale qui utilise la technique du "3 from 1 guitar", reproduisant, à partir du signal de sa guitare, le son de deux guitares et d’une basse ! Astucieux et diablement efficace pour la réduction des coûts !!! Bonne découverte quoi qu’il en soit, suivie par une autre, même si l’on pourrait sans doute parler de confirmation tant le jeune prodige du Wisconsin Jared James Nichols s’était déjà fait remarquer en ouverture de LYNYRD SKYNYRD.

Le grand blond déboule sur scène avec son trio (et avec panache) et nous donne pendant 45 minutes une belle leçon de hard-bluesy à souhait ! Si sa voix rauque pourrait être perfectible, que dire de la superbe de son jeu de guitare ? Comme beaucoup de sa génération, Nichols a dû naître en plein boom du grunge, une époque où le guitar-hero 70s était un concept ringard, mais n’a pourtant rien à envier aux maîtres de la discipline (redevenus aujourd’hui beaucoup plus cool !). Mieux, son jeu à l’accent résolument porté sur la dynamique possède même beaucoup d’originalité, en alliant attaque des cordes aux doigts, micro P-90 sur sa Les Paul Custom (là où la plupart de ses homologues dans le style utilisent des humbuckers) et utilisation omniprésente du potard de volume de sa guitare. Une star en devenir avec un vrai style et on imaginerait d’ailleurs très bien Jared James Nichols accompagner quelqu’un de la trempe de Glenn Hughes sur scène, il y serait tout à fait à sa place même s’il a sans doute besoin d’être au centre de ce qu’il fait, tant sa présence scénique est larger than life !

Très chouettes entrées donc et c’est maintenant le plat principal, un Glenn Hughes qui débarque avec son power trio constitué de Doug Aldrich (ex-DIO, ex-WHITESNAKE) et du batteur massue Pontus Engborg sous les vivas d’un public forcément connaisseur et heureux comme tout de retrouver ou même voir pour la toute première fois "The Voice Of Rock". Entrée fracassante sur le "Stormbringer" de DEEP PURPLE qui lance ce set de deux heures principalement centré sur le répertoire de PURPLE donc, mais aussi de TRAPEZE et BLACK COUNTRY COMMUNION, laissant presque bizarrement (mais pas malheureusement) la longue carrière solo de Hughes au placard avec seulement trois titres qui en sont extraits, dont deux du même « Soul Mover » (2005), à commencer par ce "Orion" qui emboîte bien le pas. Engborg cogne comme un sourd mais avec brio, Aldrich assure bien évidemment même si on pourrait lui reprocher un son trop "moderne" et une tendance à en faire trop, mais c’est histoire de chipoter.

Quant à Glenn Hughes, sans lui cirer les pompes, le bonhomme possède toujours la même puissance vocale (le dernier de sa génération ?), à l’aise aussi bien dans les aigus très très hauts perchés qui le caractérisent que dans un registre plus nuancé, suave et pleine de soul ! Mais on l’oublie trop souvent, Glenn Hughes, ce n’est pas seulement un grand chanteur, c’est également un immense bassiste au jeu racé (et qu’on peut difficilement louper ce soir tant il est en avant dans le mix !), un vrai bassiste à l’ancienne totalement émancipé de la guitare et qui n’a de cesse de balancer des phrasés plein de goût avec une grosse attaque, sans jamais en faire trop (contrairement au chant !) et en restant toujours au service du groove. Même s’il axe sans doute volontairement son set sur sa facette la plus rock, Glenn Hughes a le funk en lui et difficile de ne pas être contaminé par la rythmique endiablée du "Way Back To The Bone" de TRAPEZE. La set-list alterne entre classiques et titres au contraire plus obscurs, Hughes nous assurant les avoir chacun choisis pour une bonne raison, et aucun faux pas véritable n’est à signaler à l’exception de ce très dispensable "First Step To Love" tiré du projet HUGHES/THRALL, l’occasion pourtant pour le bassiste/chanteur très loquace de prêcher la bonne parole : « La musique est un remède, nous vivons une époque sombre, la musique sauve des gens depuis des siècles.

Hughes reprend la parole pour réaffirmer sa joie de se produire en France, un pays dans lequel il n’a que trop peu joué selon lui, se remémorant un concert donné dans les années 70 à l’Olympia avec TRAPEZE en compagnie notamment de YES. L’occasion de lancer "Touch My Life" de TRAPEZE et de rendre hommage de bien belle manière à Mel Galley, guitariste de la formation décédé en 2008 : « Quand j’étais jeune, Mel était mon héros. Pour moi il y avait Jimi Hendrix, Eric Clapton, George Harrison et Mel ! Merci pour tout ce que tu m’as donné ! » Bonne surprise que ce "Sail Away" de DEEP PURPLE, et si le solo d’introduction d’Aldrich demeure assez poussif, il faut reconnaître que le bougre prend sa revanche en se saisissant d’un bottleneck au milieu du morceau pour un solo cette fois magistral ! Aldrich, dont Hughes ne cesse de vanter les mérites, est encore à l’honneur avec la reprise de WHITESNAKE "Good To Be Bad" qu’il avait composée il y a quelques années pour David Coverdale.

On apprend ensuite que c’est Chad Smith qui a incité Hughes il y a plus de dix ans à oser reprendre le fameux "Mistreated", un titre qu’il associait totalement à Coverdale. S’en suit une version forcément agrémentée d’un solo à rallonge en intro (Blackmore le faisait déjà à l’époque… en beaucoup plus long et grandiloquent) et le riff classique et de bonnes jams de combler le public, malgré une interprétation vocale de Hughes, dont la retenue n’est pas toujours la première des qualités, de très haute volée certes, mais tombant par moment dans le mauvais goût. Le bûcheron Engborg qui fait office de batteur bénéficie lui aussi de son solo, et forcément, trois spots solo, ça commence à faire beaucoup, mais cela a sans doute l’avantage d’économiser  la voix d’un Hughes, qui, on le répète est "on fire" et résolument dans la zone ! "Soul Mover" et son gros riff funk/rock tendance vieux RED HOT vient d’ailleurs mettre le feu à la fin du set, et de feu il est toujours question au rappel lorsque s’enchaînent l’infernal "Black Country" ainsi qu’un "Burn" évidemment jouissif !

Une super soirée d’un bout à l’autre et le messager Hughes qui n’aura eu de cesse de prêcher le positif (« Choisissez le bonheur », « L'amour est la réponse ») nous a promis un retour en 2016. Le rendez-vous est pris !


Photos © Hard Force / Laurent Reymond - DR

Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
Ses autres publications

2 commentaires

User
Jean-Charles Desgroux
le 16 oct. 2015 à 18:09
Ah ben on s'est raté amigo ! T'es resté scotché au premier rang ? On était à quoi, 4-5 mètres de la scène sur la droite... En tout cas super live-report, tout est dit. Grosse mention pour Jared James Nichols qui m'avait plus qu'enthousiasmé en première partie de LYNYRD où il jouait pour la toute première fois dans une arène ; et là, confirmation en toute intimité... et ce final sur "Mississippi Queen", une de mes chansons préférées ever ! Quant à Glenn, à part avoir dîné à la table à côté de lui au Rainbow il y a quelques années, c'était la première fois que je le voyais, ENFIN... Et grosse claque ! Well done mec !
User
Laurent Reymond
le 19 oct. 2015 à 08:53
Merci mec ! Ouais j'étais devant à gauche, près du bar et des chiottes, endroit stratégique quand le divan du monde est blindé et que tu mesures 1m70 ! ahah! Jared James Nichols ne percera peut etre jamais, mais le mec est une STAR ! Je veux me choper son album d'ailleurs pouvoir si c'est aussi cool en studio qu'en live (pas sur ça, je le sens plus générique en album, à voir!).
Merci de vous identifier pour commenter
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK