Je suis un chanteur/guitariste/compositeur né en Irlande du Nord. J'ai fait mes premières armes dans un groupe écossais répondant au nom de THE ALMIGHTY. Après sept albums ayant vu le groupe balayer des genres aussi différents que le rock puissant façon AC/DC ou MOTÖRHEAD, le grunge ou le punk, j'ai rejoint une énième réincarnation de THIN LIZZY avant que ses musiciens, Scott Gorham en tête, ne décident de continuer l'aventure sous un autre nom, par respect pour la légende. Figure de proue, depuis, des excellents BLACK STAR RIDERS, je continue en parallèle à poser ma voix chaude et pleine de soul sur des albums solo de qualité. Je suis... je suis... Ricky Warwick !
Bon, j'avoue, j'arrive un peu tard pour remplacer notre Julien Lepers national, mais j'espère que ce préambule aura au moins eu le mérite de démontrer à quel point le bonhomme possède de l'expérience. Vous savez, ce petit plus qui permet souvent de déceler l'intégrité d'une démarche artistique. Non pas que je nourrisse des idées préconçues envers les groupes dont la moyenne d'âge est inférieure à 30 ans. Non. Mais avec ce genre de gaillard, on sait à l'avance que l'œuvre va être vibrante, pleine d'âme. Et c'est le cas ici ! C'est même doublement le cas puisque Ricky a décidé de sortir ce qui constitue son quatrième et cinquième album solo sous la forme d'un double CD !
Financé par les fans sur PledgeMusic, ce, ou plutôt ces « When Patsy Cline Was Crazy (And Guy Mitchell Sang The Blues) & Hearts On Trees » (je vais peut-être éviter d'écrire le titre complet dans la suite de la chronique !) étaient en fait disponibles auprès de ses généreux donateurs depuis un an. Mais qu'il eût été dommage de ne pas les proposer au plus grand nombre ! Surtout qu'il y en a pour tous les goûts ! Au menu : hard-rock sur la première galette, introspection presque exclusivement acoustique sur la seconde ! Avouez que la vie est parfois bien faite...
Dès le premier titre de « When Patsy... » (voilà, ça sera plus simple comme cela ), "The Road To Damascus Street", l'ambiance de ce premier CD est posée : teigneux mais pas trop, Ricky nous rappelle pourquoi THE ALMIGHTY fut un temps considéré comme l'un des principaux espoirs du hard européen, avec cette propension à enjoliver le plus rugueux des rock de mélodies directement inspirées par la pop. L'ombre de Phil Lynott n'est jamais loin, et à la manière des chansons écrites par le regretté métis irlandais, les refrains s'impriment rapidement dans le cerveau de l'auditeur. Il faut dire aussi que les parties vocales gorgées de feeling du maître de cérémonie, sur lesquelles plane également l'ombre de l'ex-leader de THIN LIZZY et GRAND SLAM, les y aident bien. Beaucoup de morceaux se détachent du lot, comme "When Patsy Cline Was Crazy", "Toffee Town" ou "That's Where The Story Ends" et son excellente section de cuivres (ambiance Nashville garantie !), même si le brassage d'influences et la qualité d'interprétation rendent l'écoute de chaque chanson exaltante. C'est donc avec une curiosité renforcée que l'on aborde le chapitre "Hearts On Trees"...
Avec ce second CD, nous entrons de plain-pied dans un tout autre univers. Ricky s'y fait plus mélancolique et se livre dans des compositions assez proches de ce qu'avait pu proposer Jon Bon Jovi sur la B.O. du film Young Guns II, « Blaze Of Glory ». Pas de panique toutefois, car si le nom du bellâtre américain a de quoi faire frémir certains d'entre-vous, on devine plus de sincérité chez Mr. Warwick. Il suffit de s'intéresser aux paroles. Et puis, entre nous, les mélodies rutilantes d'un « Soul Destruction » (THE ALMIGHTY) lorgnaient déjà bien sur le groupe préféré des rombières US, non ? Là encore, beaucoup de morceaux de bravoure : "Presbyterian Homesick Blues", sur lequel le compère de Ricky au sein des BSR, Damon Johnson, livre de superbes parties de slide, l'enjoué "Hearts On Trees", "Said Samson To Goliath" ou "Schwaben Redoubt", titre country/folk sur lequel Jake Burns (STIFF LITTLE FINGERS) pousse la chansonnette. Bref, un disque au moins aussi bon que l'électrique "When Patsy..." ! A en oublier, presque, la pléthore de potes invités par Ricky. Outre les deux musiciens susmentionnés se succèdent en effet au fil des chansons Joe Elliott (DEF LEPPARD), Andy Cairns (THERAPY?), Ginger (THE WILDHEARTS) et Richard Fortus (GUNS N' ROSES). Rien que du beau monde !
Pour conclure, nous voilà avec une œuvre dont on aurait finalement du mal à dissocier les deux volets tant la cohérence qu'elle dégage est grande. Mais pouvait-on attendre quelque chose d'autre de la part de l'Irlandais ? Ricky Warwick... assurément un grand bonhomme !
