3 mars 2016, 17:54

ECLIPSE

"Armageddonize" [Deluxe Edition]

Blogger : Gegers
par Gegers
Album : Armageddonize

Plein Soleil. Pas un nuage à l'horizon. La crème (solaire). On pourrait en trouver, des chapeaux façon L'Equipe pour résumer en une expression toute la splendeur de ce cinquième album des Suédois. Ce serait tricher, refuser de tenter de mettre des mots sur la richesse de ce hard rock foisonnant d'idées et riche d'un enthousiasme bluffant. A l'âge ou certains commencent à ronronner, persuadés d'avoir déjà tiré leurs meilleures cartouches, ECLIPSE n'a eu de cesse de gagner en précision et en cohérence depuis sa formation au début des années 2000. Erik Mårtensson et Magnus Henriksson, devenus depuis compositeurs en chef chez Frontiers, ont eu à cœur de travailler leurs compétences sur divers projets et groupes plus ou moins factices du label, écrivant et produisant les albums récents de Toby Hitchcock, GIANT, Jimi Jamison, DALTON, et prenant part au projet W.E.T. en compagnie de Jeff Scott Soto. Loin de s'être fait vider de leur substance créative, les deux musiciens ont eu au contraire tout le temps de mettre de côté nombre d'idées qui constituent ce « Armaggedonize ». Deux ans après le déjà très costaud « Bleed And Scream », ECLIPSE se pose en représentant le plus remarquable d'un hard rock à l'européenne.

"A l'européenne", car si la musique du groupe reste fun, il n'y a pas ici le côté léger et hédoniste du hard US. Les chœurs sont très présents, les claviers virevoltent, et certains refrains attrapent immédiatement, à la première écoute. Est-ce une faiblesse ? Certainement pas, car les mélodies d'ECLIPSE sont savantes. Il s'agit même d'une sorte d'exigence, en regard aux innombrables sorties du même genre qui inondent le marché. Le plus, finalement, semble être l'authenticité des compositions, qui les fait sortir du lot et leur donne une saveur unique et si particulière. Les riffs sont percutants, c'est une évidence (et même un pré-requis étant donné le style pratiqué), mais ce sont bien des lignes mélodiques, couplées aux lignes vocales d'Erik Mårtensson qui transforment « Armaggedonize » en un intarissable réservoir à tubes. 

Naturellement, les amateurs du genre trouveront ici certains codes parfaitement respectés. A l'image de cette tradition officieuse qui veut que, après avoir balancé deux brulôts in your face, le groupe propose un titre plus sombre et fouillé, moins immédiat ("The Storm", une splendeur). ECLIPSE en semble bien conscient, et y répond en balançant en fin d'album son titre finalement le plus éligible au format single, en l'occurrence un "One Life - My Life", ses guitares à la fois modernes et mordantes, ce refrain qui s'enfonce un peu plus à chaque écoute dans l'esprit de l'auditeur. Du reste, l'album ne souffre d'aucune faiblesse. La power-ballad ? "Live Like I'm Dying" dégage une puissance déstabilisante et captivante, en partie due au chant limpide. Le moment bluesy ? "Breakdown" nous emmène dans un far-west crado et mal famé, avant de s'inscrire dans la droite lignée d'un hard 80's du plus bel effet.

En fait, nous sommes au 21ème siècle, et ECLIPSE signe un sans-faute. Si nombres de notes proches de la perfection vues ici où là sur ce formidable outil qu'est Internet laissaient craindre quelques chroniques de complaisance, il n'en est rien. En décidant de transporter le hard rock de papa dans un contexte contemporain, en n'hésitant pas à le gonfler d'influences modernes, le groupe suédois se fait l'artisan d'un genre musical qui n'a jamais sonné aussi actuel. Alors que la tendance est à la déshumanisation de la musique, ECLIPSE prouve que l'âme et un savoir-faire bien humain restent l'essence de l'art. Du hard rock ? Oui, mais plus, tellement plus...

Le plus ? Frontiers le propose avec cette version "Deluxe" de l'album qui offre, en sus de l'album original, une belle pelleté de bonus. Des captations live, somme toute fidèles aux versions studio des morceaux présentés, qui témoignent d'une grande énergie scénique et confirment le sens du tube immédiat du groupe ("Battlegrounds", "Blood Of The Enemies" et "Bleed & Scream" devraient convaincre les plus réfractaires). S'ajoutent trois versions acoustiques, sympathiques à défaut d'être indispensables, mais surtout deux inédits qui valent le détour : "Come Hell Or High Water", un morceau immédiat et "in your face", porté par un refrain imparable. Et "Into The Fire", plus mélodique, dont les couplets "explosifs" auraient tout à fait eu leur place sur la version régulière de l'album. En somme, un sans-faute à mettre d'urgence dans toutes les oreilles.

Blogger : Gegers
Au sujet de l'auteur
Gegers
Après un bac ES, je me suis orienté vers des études d’anglais à l’Université de Limoges, puis à l’Université d’Edimbourg en Ecosse. Né en 1985 dans la capitale limousine, je suis titulaire d’un Master, spécialité « Civilisations celtiques », obtenu grâce à mon mémoire traitant de l’utilisation des symboles, imageries et légendes celtiques dans la musique Heavy et Folk Metal. Président du fan-club français du groupe Scorpions depuis 2006, je rédige depuis 2003 des chroniques d’albums pour divers sites Internet spécialisés ou généralistes (Metal France, Hardrock80, Forces Parallèles). Je travaille actuellement dans le privé, au poste de rédacteur technique.
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