« Un jeune groupe de metalcore à tendance mélodique plein de talent »... C'est ce qu'on peut lire en 2007 à la sortie de cette bombe bricolée par ces métalleux du Nevada qui ont trop vu La Main de Fer et autres films de Hong-Kong. Je ne suis pas d'accord. Trop facile de mettre Zoltan, Jeremy et Moody, le line-up n'est alors pas encore finalisé, dans un genre figé. Les premiers morceaux, "Aches" et "The Way Of The Fist", sont de belles attaques frontales, à l'image du nom et du symbole du quintette américain. Les riffs sont gras et acérés, la rythmique lourde et omniprésente, Jeremy au kit assure, Moody chante avec rage. On peut penser à du metalcore sur certains passages... puis arrivent les refrains, tout en nuances avec des soli mélodiques. Niveau voix c'est de l'émotion pure, Ivan associe amour et violence, colère et rédemption. Certes le groupe se cherche encore, niveau mixage (Logan Mader), c'est spontané et pas trop léché, mais on trouve ce qui va très vite faire le succès de FIVE FINGER DEATH PUNCH : une musique faite de paradoxes.
Avec "Salvation", une image s'inscrit dans mon esprit et ne me quitte plus : je sens du PANTERA matiné de STONE SOUR ! Ivan Moody est pour moi un bourrin farci de guimauve et je l'admire. Je me dis que ce groupe est à l'image de sa ville d'origine, offrant un show metal qui s'inscrit dans l'excès et la démesure. Quand arrive "The Bleeding", finie l'hypothèse metalcore ! Le groupe assied avec ce morceau son identité. Nous sommes en plein heavy nostalgique, Ivan se livre littéralement à nous. Il en va de même pour le morceau suivant, "A Place to Die". Il le montrera lors de l'album suivant, nous avons là de la musique qui tire des larmes au plus endurci des G.I.. FIVE FINGER DEATH PUNCH est le porte-parole de la classe moyenne d'une Amérique touchée de plein fouet par la crise, l'injustice sociale et un drame militaire d'une ampleur sans précédent. Le groupe est plus nuancé musicalement que la scène hardcore de NY, et moins intellectuel que le punk californien de BAD RELIGION. Nous sommes en présence de la simplicité redneck, agrémentée des paillettes de Vegas. L.A. a eu ses GUNS N' ROSES et MÖTLEY CRÜE, Las Vegas nous offre ses "experts".
Avec "The Devil's Own", Moody continue de se livrer, un voyage vers son moi profond, ses blessures, en usant de sa voix rageuse survolée par les guitares aériennes de ses deux comparses. Je découvre pourquoi j'aime tant ce groupe : c'est mon moi profond, avec toutes ses nuances, que je suis en train d'admirer, et il fait écho à celui d'Ivan. Je me comprends au travers de FFDP. Les morceaux suivants me confortent dans cette hypothèse. Toujours cette colère ravalée. C'est à la fois lourd et subtil. C'est l'Enfer au Paradis. L'album ne faiblit jamais. On retient ce morceau magnifique avant la conclusion du disque, "Death Before Dishonour". Ivan et ses camarades montrent encore une fois leur immense talent et font vibrer le fan des pieds à la tête. « Bury me, bury me. With my dignity ».
Au final je me dis que ce n'est définitivement pas du metalcore. Mais qu'est-ce alors ? Du Las Vegas Core sans hésitation ! Du spectacle pur, mais aussi de l'émotion.
« One, Two... Fuck you ! ».