Octobre 2015, avec l'automne est arrivé le dernier bébé de la bande à Matt Heafy. La première constatation est qu’il n’est pas passé inaperçu et qu’il a provoqué de houleux débats. On pouvait entendre des « Super y a de l’innovation ! » qui le disputaient à des « C’est pas du TRIVIUM, trahison ! ». Ayant découvert TRIVIUM sur le tard je n’ai pas de préférence concernant leurs divers styles au travers des âges, je passe d’un album à un autre au gré de mon humeur. J’écoute plusieurs fois le disque « Silence In The Snow », je me pose la question différemment : et si on cessait de comparer les albums, pour se demander plutôt : « Il est comment ce Silence In The Snow ? ».
Ça commence merveilleusement bien avec cette “chute de neige instrumentale” bien sentie. Vient en glissant le titre éponyme, Il est beau et aérien ce “Silence In The Snow” ! Eh oui, il y a un sacré changement. Après s’être souvent référé à METALLICA, cette fois-ci c’est en terre NWOBHM, celle de MAIDEN, que TRIVIUM s’aventure. C’est du bon vieux heavy avec des guitares qui chevauchent la rythmique et des chœurs bien placés. Quant à la voix de Matt en mode diva ? Elle ne choque nullement, il nous sert un chant clair parfaitement maîtrisé qui se mémorise aisément.Je dois reconnaître que c'est très linaire comparé au style coreux habituel, mais est-ce un crime ?
Avec du recul, je repense à cette volonté du groupe de toujours explorer de nouveaux styles, d’aller et de venir de l’un à l’autre. Sauf que ce coup-ci, TRIVIUM s'est approprié un genre beaucoup plus posé, plus mature oserais-je dire, et ne semble pas vouloir changer de cap. En témoigne cette majorité de morceaux construits suivant ce schéma : "The Ghost That’s Haunting You" et "Until The World Goes Cold" sont puissants de noirceur et de lyrisme. Les quelques sursauts d’agressivité dans "Blind Leading The Blind" ou "The Thing That’s Killing Me" sont si rares et si peu poussés qu’ils ne laissent pas augurer un retour aux origines pour les prochains albums. Alors Matt, c'est le cap des 30 ans qui explique cela ? "Une chevauchée" je me dis à chaque écoute, TRIVIUM nous fait participer à une "chevauchée fantastique".
Il ne s’agit pas d’une erreur de parcours comme beaucoup l’ont crié. A chaque nouvelle écoute, cette hypothèse d’une structure parfaitement pensée et assemblée devient plus flagrante. Dans cet enchaînement de titres brillent l’implication de Corey Beaulieu à la guitare, la voix de Matt poussée dans ses ultimes retranchements, il s'agit d'une une construction logique.
Je parlais plus haut de la noirceur qui imprègne ce disque. Les titres sont dépourvus de gaieté, les clips glaciaux et même la pochette blafarde, le message est on ne peut plus clair, ça parle d'adieux, de mort et de résurrection : le TRIVIUM metalcore est mort dans le silence de la neige. Un TRIVIUM heavy et lyrique est né dans ce silence et cette neige.
Mr .Heafy, on attend la suite !