11 mai 2016, 22:52

WOLVESPIRIT

"Free" (LP) / "Dreamer" (EP)

Album : Free

Petite séance de rattrapage pour les Allemands WOLVESPIRIT dont l'album « Free » est sorti il y a déjà un an, suivi d'un EP en décembre, mais qui vient de faire une tournée en première partie de SPIRITUAL BEGGARS, faisant forte impression sur ceux qui les ont vus. Pourtant, les deux derniers albums du groupe (le premier, « Spirit Metal », n'est plus disponible et semble avoir été renié par ses géniteurs, après qu'ils aient quitté avec pertes et fracas leur première maison de disques à qui les musiciens semblent reprocher de les avoir mener sur une voie qui ne leur convenait pas), sont encensés outre-Rhin et ailleurs, mais pas chez nous. Pourtant, son hard-rock psyché qui emprunte les même plates-bandes que BLUES PILLS devrait ravir tous ceux qui apprécient ces derniers.

La voix de l'Américaine Debby Craft, entre Janis Joplin et Grace Slick, et les instruments de ses camarades de jeux germaniques renvoient joyeusement l'auditeur cinquante ans en arrière à la grande époque des JEFFERSON AIRPLANE, GUESS WHO et autres DEEP PURPLE ou Janis Joplin (encore elle) et, histoire de mettre toutes les chances de leur côté, ils se sont assurés les services de rien moins que Michael Wagener, qu'on ne présente plus tant la liste est longue (Si ? Bon, d'accord : ACCEPT, MÖTLEY CRÜE, WASP, MEGADETH, METALLICA, Ozzy Osbourne, WHITE LION, EXTREME, HAMMERFALL, etc. etc. etc.). Si ce dernier n'assurait que le mixage sur l'album précédent, « Dreamcatcher, » il a carrément produit le dernier disque, « Free » et l'EP qui l'a suivi, « Dreamer », ce qui en soit devrait faire dresser une oreille attentive à tout un chacun, un producteur de ce calibre s'engageant rarement avec les premiers branquignols venus. Et, toujours histoire de ne pas faire les choses à moitié, tout ce beau monde a fait le voyage jusqu'à Nashville pour mettre tout ça en boîte.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat vaut le détour. « Dreamcatcher » était déjà diablement efficace et entraînant, « Free » en rajoute une couche, mais en mieux. Cerise sur le gâteau, Mark Slaughter, chanteur du groupe du même nom, vient pousser la chansonnette sur deux titres, le superbe "Shining" et le bluesy "This Is Love" pour un résultat du meilleur effet. Mais c'est l'énergie qui prévaut sur ce disque, à l'image de "I Am Free" qui ouvre l'album et qui écrase tout sur son passage, ou de "Let Me Live" avec sa rythmique qui ne dépareillerait pas sur un album d'AC/DC. Les rythmiques se font parfois plus lourdes ("Into The Mirror", "Angelman" et sa rythmique toute sabbathienne), et les frangins Eberlein, respectivement à la guitare (Richard) et à l'orgue Hammond (Oliver), font des merveilles pour nous ramener à une époque où on se mettait des fleurs dans les cheveux et des croix à l'envers autour du cou tout en consommant des trucs qui abîmaient le cerveau.

Raphael Pfeiffer (batterie, remplacé depuis par Daniel Erich Scholz) et Andreas Hofmann (basse) font groover l'ensemble avec une efficacité redoutable, et on se retrouve à secouer la tête et à taper du pied de façon incontrôlable ("Moonlight"). A mi-chemin, "My Best Friend" vient calmer le jeu en mode ballade acoustique, jolie mais pas forcément inoubliable, avant de redémarrer avec le bien nommé "Wild Woman" qui fait voler les cheveux dans tous les sens (enfin, pas les miens, j'en n'ai plus...). Après un "Time Lord" énervé, le blues (un chouïa survitaminé, certes), fait son retour avec "Spirit In My Soul", avant de laisser la place au psychédélique "Sometimes" qui entraîne vers des sphères où la perception est sévèrement altérée. Mais alors que sur le titre qui clôt l'album, Debby implore la pitié d'un hypothétique Seigneur ("Mercy"), nous, on en reprendrait bien une couche.

Et ça tombe bien puisque le groupe a sorti un EP trois titres (on peut aussi appeler ça un single, si on veux) composé de trois inédits (dont une reprise des SUPREMES) et qui complète idéalement « Free ». "Dreamer" et son refrain entêtant ouvre la marche avant de laisser la place à "You Keep Me Hanging On" des SUPREMES (dont la reprise la plus connue en France est peut-être celle de... Kim Wilde), dans une version bien plus lourde et électrique que l'originale (ou que la plupart de ses versions, d'ailleurs), pour terminer sur un "Knocking On Your Door" dont les couplets aurait pu figurer sur les premiers albums d'AC/DC (encore eux) et dont on a envie de hurler le refrain à tue-tête.

Pour finir, précisons que toutes les peintures qui illustrent tous les disques du groupe sont l’œuvre de la chanteuse Debby Craft qui a donc plus d'une corde à son arc et nous aurons fait le tour. Alors certes, comme tous les groupes qui s'inscrivent dans ce renouveau du rock psyché seventies, on ne peut s'empêcher de relever les citations quasi permanentes de tous ces groupes de l'époque, mais WOLVESPIRIT comme BLUES PILLS, arrive à remporter l'adhésion grâce à l'énergie communicative déployée, au talent de ses musiciens et en particulier de sa chanteuse qui transcende justement ces citations. On ne peut que déplorer la difficulté à trouver les albums du groupe ailleurs que sur Internet (à moins d'habiter près de la frontière allemande), mais si vous êtes adeptes du genre, n'hésitez pas !

Blogger : Florent Dié
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