30 mai 2016, 16:12

LACUNA COIL

"Delirium"

Album : Delirium

Il y a bien longtemps  - ou était-ce hier ? - des gens dont j'ai oublié le visage m'ont enlevé. Je ne me rappelle que de la blancheur de leur combinaison. Je les revois de temps en temps, mais je ne sais pas s'il s'agit d'un rêve ou si vraiment ils me donnent cette pilule, sur laquelle sont inscrites deux lettres : "LC". De toute façon, je la préfère presque à la nourriture sans saveur qu'ils daignent m'apporter quand je pense être seul.

C'est à chaque fois la même chose : les portes s'ouvrent et le rêve - le cauchemar ? - qui me tient de vie s'éteint. Cette musique qui m'accompagne depuis quelque temps déjà s'amplifie à tel point qu'elle remplit toute la pièce, et alors ces colombes d'un autre monde m'apparaissent... Elles ne m'apportent pourtant pas la paix. Seules ces notes, sublimes, semblent pouvoir apaiser mon âme. Une once d'espoir renforcée par la vue de portes derrière mes pâles amis... onze, exactement. Onze chances de m'évader ? Je dois les ouvrir. J'y vais. Je ne sais comment...

Sur la première est inscrit "The House Of Shame". Un hurlement terrible couvre le grincement des gonds de la porte alors que j'entre dans la pièce. Andrea Ferro ? En une fraction de seconde, ma mémoire s'éclaircit, comme si tout ce que j'avais vécu jusque-là n'avait été que le fruit de mon imagination. Ma première certitude depuis si longtemps : cette alternance de chant féminin et de chant masculin, ces mélodies... oui, il s'agit de LACUNA COIL ! Ce groupe de metal italien que je vénérais dans mon autre vie !

Leur musique est pourtant plus lourde, presque étouffante, et les lignes vocales de la chanteuse Cristina Scabbia plus haut perchées. Le contraste entre douceur et violence n'en étant que plus saisissant ! Je suis également surpris par les arrangements, très travaillés, de Marco Coti Zelati, leur bassiste et principal compositeur, qui se fait aussi remarquer par des lignes de basse accrocheuses, proches de celles qu'il avait signées sur le controversé « Karmacode ». Inconsciemment, je sors et me dirige vers la seconde porte...

"Broken Things". Les mélodies sont toujours présentes. Mais emmenées différemment par rapport aux anciennes productions du groupe. L'agression, autant dans la rythmique que dans le chant hurlé d'Andrea Ferro, est tellement présente que la partie vocale de Cristina arrive comme une respiration, un moment de répit qui empêche le morceau d'atteindre le point de rupture. Je ne le sais pas encore, mais ça sera une constante dans les neuf prochaines pièces que je visiterai. Pour l'heure, je me dirige vers celle portant l'inscription "Delirium"...

Un morceau entêtant et caractéristique de LACUNA COIL, avec cette mélodie de guitare en son clair qui me ramène au classiques du groupe, "Comalies" surtout. Je suis clairement en terrain connu et mes sens mis à mal par tant de bouleversements émotionnels me laissent à nouveau tranquille. Ce hit single en puissance pourrait bien être le nouveau "Swamped". Toujours est-il que la force invisible qui me mène inexorablement vers le bout du couloir me laisse maintenant hagard devant une autre porte. Je ne suis pas au bout de mes surprises !

Des sons électroniques en guise d'introduction, une structure rythmique complexe et un refrain lumineux : je suis dans la salle nommée "Blood, Tears, Dust" ! Le morceau retient mon attention car il synthétise au mieux ce que j'ai entendu jusqu'à présent, à savoir une improbable rencontre entre le LACUNA COIL des débuts et celui, que je me souviens pourtant ne pas avoir apprécié à l'époque, de « Karmacode ». "Blood, Tears, Dust" est la meilleure des chansons que j'ai entendues jusqu'à présent !

"Downfall" calme le jeu. Proche de "One Cold Day", présente sur l'avant-dernier effort du groupe, « Broken Crown Halo », sorti en 2014, cette chanson d'une beauté à couper le souffle achève de me convaincre que le voyage que j'ai débuté dans une salle nommée "The House Of Shame" sera le plus tortueux de ma vie. Comme si la schizophrénie de la musique se mêlait à ma propre folie... "Downfall", poignante ballade, suivie de "Take Me Home"... au rythme saccadé et au refrain faussement naïf, qui pourrait servir de comptine à des enfants aussi malades que moi ! Qu'ils en soient préservés !

"You Love Me To Hate You" continue de me bouleverser. Le refrain hurlé par Andrea Ferro fait toute la force du morceau tant l'émotion dégagée colle à la noirceur des paroles. Je ne l'avais jamais entendu aussi enragé ! Le growl ouvrant "The House Of Shame" ne relevait décidément pas de la posture ! "Ghost In The Mist" me plonge à nouveau dans le passé avant d'être rattrapé par le présent avec "My Demons" et "Claustrophobia", toutes deux entrecoupées par de magnifiques soli !

Il est maintenant temps de pousser la porte de "Ultima Ratio". Dernier morceau aussi étrange que beau avec ses samples qui n'auraient pas dépareillé dans un combo allemand très connu. Lequel, déjà ? RAMMSTEIN ? Je ne suis plus sûr de rien. Des parties de batterie en saccades débouchent sur un couplet rageur avant de laisser place à un refrain lumineux, que l'on jurerait tout droit sorti de "Unleashed Memories" !

Ce "délire" était tout simplement l'un des meilleurs de ma triste existence. Moi qui avais toujours apprécié les Milanais, je ne me rappelais pas les avoir connus aussi inspirés. L'oeuvre, brutale - leur plus brutale, même ! - est un condensé de tout ce qu'ils savent faire. Avec plus, beaucoup plus, d'expérimentations, et une moins grande volonté de plaire. Violente, torturée, difficile à cerner, elle a sa place parmi les meilleures réalisations d'un groupe qui n'a jamais eu peur d'aller de l'avant. Je dois désormais rejoindre ma cellule...

À l'instant où j'ouvre la porte, mes yeux se posent sur mes blanches colombes, à terre. Des taches d'un rouge profond recouvrent presque entièrement leurs ailes.

Je peux désormais m'en aller...

Blogger : KillMunster
Au sujet de l'auteur
KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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1 commentaire

User
UncleFester
le 31 mai 2016 à 07:25
reviens, il y a encore pas mal de chros à faire…
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