RINGWORM, c’est un peu le Darty du hardcore-metal. A l’image du contrat de confiance martelé par l’enseigne rouge et blanche, c’est ici un véritable contrat de violence que le quintet de Cleveland garantit à chaque nouvel adepte. Et ça fait vingt-cinq ans que ça dure. Plus de deux décennies passées à matraquer sans relâche nos pauvres esgourdes à coup de rythmiques déchaînées. Mais dans le fond, qui pouvait encore en douter ? Que ce soit par ses titres d’albums qui fleurent bon l’envie d’en découdre (« Birth Is Pain », « Justice Replaced By Revenge ») ou ses artworks façonnés par la colère, le club des cinq de l’Ohio n’a jamais trompé le client sur la marchandise : brute de décoffrage.
Sans surprise aucun vice caché n’est à signaler sur ce « Snake Church », deuxième livraison pour le label Relapse Records, puisque RINGWORM y bastonne une nouvelle fois vite, juste et fort. Un septième disque à la pochette menaçante qui en dit long sur ses intentions diaboliques. Sortez Synthol et Baume du Tigre pour encaisser une grosse demi-heure bien virile qui ne souffre d'aucun temps mort, si ce n'est sur un "Shades Of Blue" mid-tempo en diable qui a le mérite d'aérer la partition à mi-parcours. Pour le reste, on claque des moulinets en terrain connu et l’on se régale d’accélérations et de solos slayeresques, de vocalises d’ours en rut et d’une cognée bûcheronnesque. Timber !
Il ne faut d’ailleurs qu’une trentaine de secondes, quelques bribes d’un discours lointain aux allures de calme avant la tempête, avant que "Snake Church" vous explose sans préavis dans les tympans. Bonne nouvelle : Human Furnace, beugleur en chef, est toujours en colère, oui. Et ses petits copains aussi. Riffs sanglants et breaks brontosaures, ambiance perforation d’étrier garantie. La garantie RINGWORM j’vous dis. Et ça bastonne sans discontinuer, avec des incursions thrashisantes bien méchantes, jusqu’au fameux "Shades Of Blue" évoqué un peu plus haut. Une machine de guerre qui écrase et lamine sans jamais baisser la garde. Heavy, vous avez dit heavy ? A peine le temps de souffler que cinq autres brûlots sont balancés sans manière avant de reprendre un détour par la case thrash sur un "Temple Of The Wolves" couillu à souhait. Point. Rangez vos mâchoires.
Une fois encore, RINGWORM balance toute sa science de la sauvagerie et du riff-laguiole qui découpe et incise avec fougue et précision. Pas forcément original… donc foutrement jouissif. Mais derrière ses aspects bourrus de prime abord, cet album fait également preuve d'une rigueur d'exécution quasi militaire qui se dévoile au fil d'écoutes attentionnées. Que ce soit sur un solo mitraillette exécuté sans faux col ou un break maousse costaud noyé dans ce déluge de violence qui fait son petit effet, il y a ici de quoi rassasier tatoués et chevelus jusqu'à leur faire rendre gorge. Alors... qu’ajouter à cette débauche de colère et de hargne ?
Que la bête a été produite par un Ben Schigel (ZAO, CHIMAIRA, BLEED THE SKY), en très grande forme et masterisée, comme un bon paquet d’autres, par un Brad Boatright dont on ne sait combien d'heures durent ses jours et ses nuits.
Que la bête n’est rien de moins qu’une bonne grosse mandale brise-ratiches qui assouvira à coup sûr vos penchants masochistes.
Qu'il est bon de se faire mal...