Trois mois après le dernier album de DESTRUCTION, voici le nouveau SODOM, « Decision Day ». La vieille garde teutonne a décidément le vent en poupe ! Et ce n'est pas votre serviteur qui va s'en plaindre, tant des classiques comme « Pleasure To Kill » (KREATOR), « Eternal Devastation » (DESTRUCTION) ou « Persecution Mania » (SODOM) l'auront marqué à jamais.
Musicalement, SODOM s'est toujours démarqué de ses comparses par des bases "black", principalement dues au chant de son teigneux leader, Tom Angelripper. Il faut dire aussi que le groupe de Gelsenkirchen a démarré sa carrière dans ce genre bien précis, avec son premier EP, « In The Sign Of Evil » (1984) et le 1er album, « Obsessed By Cruelty » (1986). Puis vinrent les influences "thrash" mâtinées de MOTÖRHEAD avec « Persecution Mania » (1987) et « Agent Orange » (1989), accompagnées du succès que l'on sait. Depuis, SODOM n'a dévié de sa ligne de conduite qu'en de rares (et fructueuses) exceptions, principalement lors de son incursion en terres death metal sur « Tapping The Vein » (1992).
« Quid de ce 14e album ? », me demanderez-vous avec fébrilité. Après une inquiétante introduction à la guitare – une constante chez SODOM – on entre directement dans le vif du sujet avec "In Retribution", titre violent qui, sur les couplets, rappelle bigrement le morceau "Agent Orange". Un clin d'œil au passé qui ne gâte pourtant en rien la qualité à venir de l'album car, dès l'aplatissant refrain, on pressent une nouvelle tuerie : le son est "hénaurme", Onkel Tom est en voix et ses deux collègues n'ont aucunement l'air d'être en reste !
Impression confirmée par le second titre, "Rolling Thunder" qui, par ses fulgurances mélodiques, s'inscrit immédiatement parmi les GRANDS morceaux de SODOM ! L'apport de Bernemann y est considérable, et son solo – qui arrive dès le premier refrain ! – ainsi que ses arpèges – en fin de morceau – de toute beauté ! A l'image de son camarade Mike Sifringer (DESTRUCTION), voilà un musicien qui mériterait plus, beaucoup plus même, que le semi-anonymat dans lequel il se trouve depuis des années. Il est vrai aussi que l'ombre de leur leaders respectifs est pour le moins... imposante !
Vient ensuite le Jour J, "Decision Day", prenante ode au courage des soldats lors de l'opération Overlord. Sans extrapolation partisane aucune, les paroles pourraient décrire le ressenti de n'importe quelle force en présence ce 6 Juin 1944, preuve de l'intelligence d'écriture d'Onkel Tom. Notons au passage les thèmes variés de l'album : la guerre, bien sûr, mais aussi les brutalités commises sur les animaux ("Blood Lions") ou l'horreur pure ("Refused To Die"). L'Histoire, tiens, nous y revenons avec l'hymne "Caligula", sur lequel la basse du 'sieur Angelripper a la vedette (haaaaa, cette intro !) et qui a tout d'un futur classique : on entend déjà les disciples du Knarrenheinz, la mascotte de SODOM depuis « Persecution Mania », entonner « Caaaa-li-gu-laaaaa » en concert !
Vous aurez certainement compris à ce stade de la chronique que l'album regorge de morceaux percutants, inspirés, et que les moments forts de ce « Decision Day » sont trop nombreux pour être énumérés. Mais il serait déplacé de ne pas mentionner également l'immense travail fourni par le dernier venu, 2010 pour être plus précis, Markus "Makka" Freiwald, digne héritier du regretté Christian "Witchhunter" Dudek, qui signe sur « Decision Day » des parties de batterie de toute beauté, notamment sur "Belligerence" (vous avez compris le message ?), aux nombreux changements rythmiques et aux passages purement "black".
De black metal, il est aussi question sur l'épique "Sacred Warpath", sorti il y a deux ans déjà dans l'EP du même nom, et qui augurait du meilleur pour la suite des aventures des Teutons. Pas étonnant, à l'écoute de ce titre, que tant de formations nordiques se réclament de SODOM ! Toujours est-il que les bougres ne nous avaient pas trompés sur la marchandise : « Decision Day » est un chef-d'œuvre. Un album fignolé jusqu'à sa pochette, peinte par Joe Petagno (on imagine la fierté de Tom !) et qui fera à coup sûr réagir les fans de MOTÖRHEAD tant le clin d'œil à celles d'« Overkill » et d'« Another Perfect Day » est appuyé. Un bel hommage à la légende...
Aussi étonnant que cela puisse paraître, SODOM entre donc par la grande porte des très bonnes surprises de cette année 2016. Ça vous en bouche un coin, hein ?
