Septième album pour le duo américano-colombien INQUISITION. Il est bon de le préciser car le groupe est plutôt resté underground jusqu’à présent, œuvrant dans un black metal sérieux mais peu original. Avec « Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith » le groupe hausse le ton. Sa signature chez Season Of Mist en 2012 lui avait déjà conféré une plus grande visibilité et des concerts en festival notamment lui ont permis une ascension constante. Mais ce nouvel album marque incontestablement un tournant de sa carrière.
INQUISITION, c’est du bon black, un subtil mélange d’IMMORTAL, dont l’influence n’est pas cachée, de MARDUK et de SATYRICON. La voix d’outre-tombe de Dagon est calquée sur celle d’Abbath, entre incantations gutturales et sombres litanies. La rythmique soutenue du batteur Incubus ne subit aucune défaillance d’un bout à l’autre de l’album, alternant mid-tempos et martelage intensif. Les compos sont variées, des très rapides et dévastatrices "From Chaos They Came" (qui pour moi fait le parallèle avec "Slay The Nazarene" de MARDUK) ou "A Magnificent Crypt Of Stars" aux plus lourdes et lentes telles "The Flames Of Infinite Blackness Before Creation".
On sent une réelle implication dans le projet, un travail tant musical que conceptuel. Parce que bon, il fallait le trouver ce titre d’album quand même ! Et l’inspiration vient clairement de l’au-delà, au-delà du zénith, au-delà du chaos, et plus loin encore. Au-delà de l’obscurité, il y a la force, telle que l’intro de l’album nous le montre. Une force insondable mais palpable, invisible mais transperçante. Cette entrée sous forme d’incantation rituelle aux forces obscures, relayée par l’outro et le dernier titre "Coda Hymn To The Cosmic Zenith" ancrent l’auditeur dans un monde parallèle, froid et ténébreux, les 10 autres titres étant comme une bande son de ce voyage au cœur du Satanisme cosmique.
INQUISITION, et avec lui le black metal US, assure sa place parmi les grands. « Bloodshed Across... » est en tous cas un bon exemple de ce que peuvent faire les musiciens du Nouveau Monde, longtemps stéréotypés comme de vulgaires plagiats de la scène scandinave.
Fans de black sceptiques, laissez-vous tenter, cela en vaut le glaçant détour.