17 novembre 2016, 17:23

METALLICA

“Hardwired… To Self-Destruct”

Album : Hardwired...To Self-Destruct

Il fut un temps où METALLICA sortait des albums avec une régularité quasi-métronomique. Mais ça c’était avant, au siècle dernier, dans les années 80 plus précisément. Quand un groupe ne pouvait exister qu’en adoptant le rythme éreintant studio-tournée-studio-tournée… C’était avant son succès planétaire et l’avènement d’Internet. A une époque où le quartet avait attendu son quatrième album pour tourner son premier clip (et quel clip !) quand cette fois, il en sort dix en moins de 24 heures. Quand il ne comptait que sur sa force de frappe en live et ses réalisations pour convertir les foules. Autres temps, autres mœurs…

Ce qui explique que depuis leur carte de visite, « Kill ‘Em All » en 1983, les Four Horsemen n’ont signé que neuf autres albums studio – ainsi qu’une palanquée d’enregistrements annexes, reprises, live et autres raretés qui viennent contrebalancer cette relative “paresse”. A leur décharge, des chefs-d’œuvre de la trempe de « Master Of Puppets » (86) ou du « Black Album » (91) comptent double, voire triple dans une discographie et compensent les trop longues années passées à se morfondre/s’interroger/se désespérer (« St. Anger »… ils sont sérieux là ??!). Alors, que peut-on attendre d’une formation aussi essentielle que mythique, qui, malgré des hauts et des bas, n’a plus rien à prouver ? Dont il est à peu près certain qu'elle ne ressortira pas de classique ? Huit ans après « Death Magnetic » qui avait vu le groupe renouer avec une approche plus en phase avec ce que "l’on" (les fans de très longue date) attendait, « Hardwired… To Self-Destruct » débarque – enfin ! – vendredi 18 novembre, rebaptisé fort justement “Blackened Friday” par Hetfield et sa bande. Et on peut dire que l’attente en valait la peine tant METALLICA apparaît galvanisé. Mais c’était bien la moindre des choses pour cette réalisation aux airs d’Arlésienne dont la date de sortie hypothétique était presque devenue un sujet de plaisanterie.

En 78 minutes, ce double CD 12 titres rappelle que la flamme qui habitait Hetfield, Ulrich, Hammett et le regretté Cliff Burton n’est pas éteinte, même s’ils ont évidemment perdu l’urgence et la niaque de leurs débuts. L’énergie thrash de “Hardwired”, premier single sorti en août, l’authenticité heavy de “Moth Into Flame” et son refrain béton, le deuxième extrait arrivé quelques semaines plus tard, ou l’efficacité d’“Atlas, Rise!”, dernier teaser de l’album avant sa sortie, donnent le sourire et mal aux cervicales pour ceux qui pratiquent l’art du headbanging. Non content d’avoir un irrésistible côté NWOBHM avec ses harmonies à deux guitares (MAIDEN, vous avez dit MAIDEN ?), ce titre est magnifiquement servi par un beau solo de Kirk et un Lars en grande forme.

Voilà un morceau qui devrait gagner sa place définitive dans la set-list de METALLICA et qui, comme les cinq autres titres du premier CD, prouve que les vétérans en ont encore sous la pédale (d’effets). Il y a aussi le plombé “Dream No More”, aussi lourd qu’un “Sad But True”, et ses lyrics qui parlent d’une vieille connaissance, Cthuluh (remember “The Call Of Ktulu” et “The Thing That Should Not Be”), ainsi que “Now That We’re Dead” et ses relents de “Seek & Destroy”, qui demeure malgré tout un peu trop long (avec 5 mn 50, “Hardwired” est la chanson la plus courte de « HTSD »). Sans oublier le très bon “Halo On Fire”, plus nuancé après cette attaque en bonne et due forme, qui clôt cette plutôt enthousiasmante première partie,, directe, sans concessions ni temps morts.

Malheureusement, le deuxième CD se révèle moins inspiré. Si “Confusion” apparaît comme la rencontre des METS de « Kill ‘Em All » avec ceux d’aujourd’hui, l’expérience et le son en plus, “ManUNkind”, pourtant coécrit par Robert Trujillo (on notera que le nom d’Hammett n’apparaît nulle part dans les crédits…), n’a rien de mémorable. Pas plus que “Am I Savage?” ou “Murder One”, écrit en hommage à Lemmy sans qui METALLICA n’aurait sans doute pas existé. Attention, ce ne sont pas de mauvais morceaux, juste d’honnêtes face B qui font ici figures de remplissage et viennent plomber l'efficacité générale de l'album. Dommage… Pour en revenir à Trujillo, même si l’on n’est pas chez INFECTIOUS GROOVES ou SUICIDAL TENDENCIES, on regrettera une nouvelle fois que la basse soit en retrait. C’est un sacrilège de sous-exploiter à ce point ce musicien ultra talentueux qui a rejoint les Hommes en Noir il y a treize ans maintenant ! Heureusement, pour redresser la barre, il y a “Here Comes Revenge” qui fait le boulot, et surtout le furieux “Spit Out The Bone”, de la bombe, à s'en dévisser la tête, avec son esprit proche d’un « Kill ‘Em All » version 2.0.

Comme c’est toujours le cas avec les doubles albums, « Hardwired… » aurait gagné à être plus court et le groupe à jouer la concision en raccourcissant certains titres. Mais Papa Het, qui a retrouvé la rage, n’a jamais aussi bien chanté et METALLICA réalise en quelque sorte la synthèse de ses trois décennies de carrière. Si le genre humain semble programmé pour l’autodestruction, comme le chante Hetfield, les quatre hommes ont en tout cas prouvé qu’ils ne sont pas bons pour la casse et qu’ils devraient avoir de belles années devant eux.
James déclarait d’ailleurs il y a quelques jours dans une interview que METALLICA n’avait pas encore enregistré son meilleur album… « Hardwired… To Self-Destruct » semble montrer qu’ils sont sur la bonne voie.

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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2 commentaires

User
Mickael Neumann
le 17 nov. 2016 à 20:39
Hâte d'aller le chercher dès demain matin 9h...surtout après avoir visionné tous les clips !!!
User
Sébastien Jamin
le 18 nov. 2016 à 06:27
J'ai visionné une partie des trois premiers titres présentés et cela me paraissait très correct. J'attends de pied ferme l'album en version 3CD. <br />
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