31 décembre 2016, 18:46

SOUNDGARDEN

"Badmotorfinger" [Réédition]

Album : Badmotorfinger [Super Deluxe Edition]

Noël est terminé ? Vous n’avez pas eu exactement ce que vous vouliez ? Pas grave : ils ne viendront pas vérifier, vous pouvez toujours revendre les mochetés, croutes et cadeauxà-la-con-vite-achetés-vite-emballés-vite-offerts et complètement anonymes que vous avez accepté en grimaçant. Parce que si grandma’ ne vous a pas donné son petit chèque, il va falloir revendre tout ce bordel fissa pour acquérir ce que vous désiriez vraiment : l’objet de tous vos fantasmes, la sublime réédition du « Badmotorfinger » de SOUNDGARDEN.
Parce qu’elle coûte CHER. Et qu’en plus des étrennes, il va falloir aller piquer dans le larfeuille des parents, ou découper un rein à votre petite soeur pour le revendre au marché noir après l’avoir gentiment endormie au chloroforme.
Parce que ouais, la box SOUNDGARDEN coûte au moins un rein, sinon un bras, voire les deux.

Bien sûr nous l’attendions depuis des lustres : à vrai dire depuis qu’on s’était fait les dents sur la réédition des vingt ans de « Superunknown » en 2014. En effet, le copieux digibook taille XL collectait dans son intérieur classieux un paquet de surprises liées au travail de préproduction de l’album le plus vendu du groupe de Seattle : outre le disque remastérisé, on y trouvait des B-sides, des lives d’époque, des inédits, un disque entier de démos, un autre de répétitions, etc, le tout dans un packaging proprement hal-lu-ci-nant.

Pour les 25 ans de « Badmotorfinger », le groupe a décidé de faire encore mieux. Pour célébrer ce quart de siècle d’existence de leur meilleur disque à ce jour, les mecs ont mis les moyens, et "offert" (ah ah ah ah ah !!!) un objet à la taille de nos attentes et du monolithe que représente cet immense classique du patrimoine rock - bien au-delà de la catégorisation grunge débile, ou même metal qui ne respecte en rien les velléités artistiques des quatre musiciens.

D’abord, l’objet. Sa taille, son poids, et son design. Avec un prix public affiché tournant autour des 200 euros, une part non négligeable du coût de fabrication incombe à l’originalité de sa présentation : en effet, la pochette frontale amovible qui ouvre le coffret est en réalité une vitre en plexi derrière laquelle est placé l’étrange motif tribal de la pochette originale. Et en 2016, il tourne ! A l’instar d’une scie circulaire, un mécanisme actionné par un petit moteur alimenté par une pile fait tourner le bazar. C’est ridicule, inutile, mais croyez-moi que ça nous a fait saliver d’emblée - comme quoi on est vraiment bien trop cons. Mais ça a une de ces gueules ; pour éviter l’usure des piles, on ne laisse pas le truc branché H 24 - sans quoi une alimentation sur secteur aurait été bien vue de la part des ingénieurs de chez Universal.

Ingénieurs ou pas, ce sont les archivistes et le groupe lui-même que l’on remercie chaleureusement, à genoux ou à plat ventre, tant le contenu (après avoir été hypnotisé par cette roue-qui-tourne, ô miracle du marketing pro-geek) est absolument fabuleux et alléchant.
A l’intérieur de la box, aussi garnie et belle que celles dédiées aux deux premiers METALLICA plus tôt dans l’année, on retrouve les gadgets habituels : stickers, patch, photos du groupe imprimées sur du papier épais, et, ô merveille bis, une représentation 3D façon hologramme du visuel, taille 33-tours. On aurait presque dépensé nos 200 euros rien que pour ça, mais le reste vaut AUSSI le coup.
Sept galettes. Pas de vinyls, mais sept, 7, CDs - ou DVDs ou Blu-rays.
Examinions-les de plus près : le premier comprend bien évidemment l’album et ses douze titres, produits à l’époque par Terry Date et ici tout nouvellement remastérisé. Et croyez-moi, ça claque, ferme. Réécouter les immenses classiques que sont "Rusty Cage", "Slaves & Bulldozers" ou l’immense "Jesus Christ Pose" est une expérience renouvelée absolument jouissive.
Derrière, un 2ème CD garni jusqu’à la glotte va ravir les fans : mieux que des démos, les seize titres qui suivent sont pour la plupart les morceaux de l’album répétés en condition live dans les studios d’enregistrement, et captés tels quel dans les mêmes studios de Sausalito par Terry Date au printemps 1991. Le son y est sensiblement plus cru et live. On retrouve ainsi des versions plus brutes mais similaires aux morceaux définitifs de l’album, ainsi que le fameux "Birth Ritual" (disponible sur la B.O du film « Singles »), mais aussi l’inédit "Black Rain" qui avait valu à la compilation « Telephantasm » son caractère inédit en 2010, ainsi que de vraies outtakes sous la forme des très abouties "Cold Bitch", "She’s A Politician" ou encore "Blind Dogs", et pour finir une nouvelle version de "Damaged" produite par Michael Beinhorn plus tard en 1994 à l’époque de « Superunknown » avec rien de moins que Brian May en guest à la guitare.

Les disques 3 et 4 rassemblent un double album live enregistré à domicile au fameux Paramount Theater de Seattle le 6 mars 1992. Un concert culte, ultra bootleggé mais ici d’une qualité de son exceptionnelle - un témoignage assez jouissif de ce que pouvait être SOUNDGARDEN sur scène à leur âge d’or. Soit une set-list exemplaire de dix-neuf morceaux tirés de leur irréprochable répertoire. Le live est lui-même soigneusement remastérisé, tout comme sa version vidéo, que l’on retrouve naturellement sur une cinquième galette : le DVD est à son tour un vrai bijou.
Un autre DVD s’ajoute à l’étrange rangement symétrique à l’intérieur de la box : il est constitué de nombreux autres documents vidéo de l’époque. Le reportage « Motorvision » constitué d’extraits du même concert du 6 mars mais aussi de la veille le 5 au même endroit, mais aussi d’autres extraits live capté sur l’immense tournée de 1992, ici "Outshined" et "Jesus Christ Pose" à Dallas le 29 avril, "Rusty Cage" à New York le 9 mai, "Jesus Christ Pose" et "Slaves & Bulldozers" au Pinkpop Festival le 8 juillet, "Slaves & Bulldozers" et "Face Pollution" à nouveau à Seattle le 12 juillet, "Searching With My Good Eye Closed" au Lollapalooza de Seattle encore le 22 juillet, et enfin "Drawing Flies", la reprise du "Cop Killer" d’Ice-T et "Room A Thousand Years Wide" pour une autre date du Lolapalooza le 22 août à Miami. Trois vidéo-clips très copieusement diffusés sur MTV à l’époque finissent de compléter le DVD, avec le magnifique "Jesus Christ Pose", "Outshined" et "Rusty Cage", tous sortis en single.
Pour terminer, on trouve sur le Blu-ray final une version pour audiophiles de l’album, en 5.1 et en stéréo, ainsi qu’une poignée des inédits, et les trois clips précédents.

Voilà, c’est, euh, tout.

A noter cependant, une petite déception, de taille pour les fans pointilleux et exigeants : après sa sortie, « Badmotorfinger » pouvait se trouver dans une version CD collector augmentée d’un deuxième disque intitulé « Satanoscillatemymetallicsonatas » - soit un EP que l’on peut correctement prononcer « Satan Oscillante My Metallic Sonatas », ou abrégé en « SOMMS ». C’est au sein d’un version double CD collector en préambule à leur tournée Lollapalooza à l’été 1992 que ce EP pouvait se trouver. Un EP cinq titres culte comprenant une poignée d’inédits ainsi que des reprises du "Into The Void" de BLACK SABBATH ou encore le "Stray Cat Blues" des ROLLING STONES.
Si tous ces morceaux pouvaient être à nouveau disponibles sur les deux premiers CDs du précieux coffret « Echo Of Miles » qui regroupait l’intégralité des morceaux inédits, reprises diverses et étrangetés du groupe en 2014, il aurait été amplement judicieux de les inclure à nouveau comme l’EP qu’il mérite d’incarner sur une huitième galette bienvenue - si ce n’est que l’on retrouve au moins "She’s A Politician". Bien sûr c’est chipoter, mais ainsi le coffret aurait été des plus exhaustifs : l’EP fait partie intégrante de l’histoire de « Badmotorfinger », et l’exclure d’une telle commémoration nous parait criminel.

On pardonne en parcourant l’épais livret qui accompagne cette édition Super-Deluxe : il est bourré de photos classeuses, de designs sur papier calque, des paroles des chansons, de commentaires des membres du groupe ou d’innombrables témoignages d’artistes recueillis pour saluer l’excellence d’un tel opus, qui mérite amplement sa place au Panthéon des disques cultes - ainsi que sur votre étagère qui ne manquera pas de s’affaisser.

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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