24 janvier 2017, 18:08

L'événement "Gutterdämmerung"

@ L'Elysée Montmartre le 10 février


Après avoir proposé son œuvre mystérieuse dans quelques festivals (Hellfest, Werchter, Download UK, etc.), avec Gutterdämerrung, c’est à une expérience hors du commun que Bjorn Tagemose invite les publics européens cet hiver. A Paris, ça se passera le 10 février, à l’Elysée Montmartre. Le réalisateur et photographe suédois (et un peu belge) nous présentera le bébé qu’il a conçu avec Henry Rollins : un objet créatif total, aux confins de tous les arts, qui s’inscrit à la fois dans l’histoire du cinéma, celle de l’opéra et celle de la musique live – à l’Elysée, Michael Poulsen et Rob Caggiano de VOLBEAT seront présents sur scène, avec Nina Hagen, autour des musiciens d'Iggy Pop.
 


Notre bon vieux Lemmy, Mister Kilmister, c’est sur film qu’on le retrouvera, pour son dernier rôle. Avec Henry, donc, Michael, Rob et Nina, c’est l’un des personnages de l’œuvre. Iggy Pop, Grace Jones, Slash, Tom Araya, Josh Homme, Mark Lanegan, mais aussi Jesse Hughes complètent ce casting hallucinant et sulfureux. On ne détaillera donc pas pour le lecteur de HARD FORCE la bande originale de Gutterdämmerung : elle se retrouve partout sur le web pour ceux qui y tiennent vraiment. C’est du lourd.

Installé un soir de janvier avec quatre journalistes musicaux (trois "metal", un rock), dans la salle de projection du Studio Saint-Louis (qui a réalisé la post-production de Gutterdämmerung) il ne faut pas trois minutes à Bjorn Tagemose pour convaincre qu’il est un homme habité : fils de pub (Vuitton, Adidas, Lee Cooper, etc.), traversé par ses passions et ses amitiés, pétri de compétences techniques, mais d’abord profondément hanté par sa culture artistique.
 

« J’ai fait découvrir SLAYER à Grace Jones ! » - Bjorn Tagemose


C’est un déluge de références derrière lequel il semble vouloir s’abriter (et en français, s’il vous plaît…), tant son projet est fou et ambitieux : de notre Gustave Doré à son compatriote Ingmar Bergman, en passant par les réalisateurs de Häxan (La Sorcellerie à travers les âges, 1922), Benjamin Christensen et Nosferatu (1922), Friendrich Wilhem Murnau, ou encore David Lynch. Mais Bjorn finit par s’interrompre pour laisser parler son œuvre, par extraits. Alors pendant que Screamin’ Jay Hakwins se tire la bourre avec Marylin Manson à grands coups de sortilèges, ce sont d’autres influences qui se dévoilent sous le clin-d’œil à Wagner et son opéra Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux, 1876). On pense à Stanley Kubrick, à Rodriguez, Miller et Tarantino, à la tradition du Pi ying – le théâtre d’ombres chinois – mais surtout aux pionniers : le "Mage" Georges Méliès et les frères Lumière. Faut-il rappeler que la projection des films muets d’antan s’accompagnait d’une prestation musicale, ponctuant l’action, le plus souvent un piano, au pied de l’écran ?

Après ce premier extrait, les questions sont nombreuses, d’abord techniques. C’est l’occasion pour Bjorn Tagemose de passer à l’anglais pour rendre hommage à la lumière rouge et au travail de Youri, assis dans un coin de la salle : le responsable de l’animation 3D – transparente sur l’écran géant qui nous fait face, seamless comme on dit en anglais. Et puis comment réunit-on un tel casting ? Juste une histoire d’amitiés croisées et les anecdotes fusent : « J’ai fait découvrir SLAYER à Grace Jones. Il faut l’imaginer, moulée dans sa robe de couturier, en plein headbanging, gueulant : ‘mais c’est de la musique tribale !’ ».
 

« Le rock’n’roll, ça permet de se venger des gens qui vous emmerdent, mais sans les frapper. » - Lemmy


Encore un extrait et, à l’initiative de Bjorn, la discussion prend un tour politique, sinon philosophique. Bien des acteurs de ce projet sont engagés, parfois sur des lignes différentes. D’autres ont pu entretenir ou laisser prospérer certaines ambiguïtés sur leur compte – ah, le goût de Lemmy pour une forme d’esthétique totalitaire… Mais rien qu’entre Henry Rollins, militant des droits de l’homme (notamment gays) et Jesse Hughes, sympathisant républicain de très longue date à l’imagination parfois trop féconde, Gutterdämmerung est une réponse de tolérance et d’ouverture d’esprit à un monde qui se barre sérieusement dans le caniveau (gutter, en anglais).
Le projet d'une vie, sept ans de travail et de négociations et, finalement, une réponse à Trump, quoi : de la part de l’Europe, avec le concours d’amis américains, qui le resteront quoi qu’il arrive (le désormais président US venait de donner son interview aux journaux britannique et allemand et Bjorn Tagemose, citoyen du monde et Européen complet, en était visiblement très affecté). Et puis surtout, comme le lui répétait fréquemment Lemmy, Bjorn considère que « le rock’n’roll, ça permet de se venger des gens qui vous emmerdent, mais sans les frapper ».

Ni film, ni opéra, ni concert de metal, mais tout cela à la fois, Gutterdämmerung sera, peut-être, un jour, disponible en DVD. Mais il est simple de comprendre pourquoi l’expérience ne sera véritablement totale qu’à l’Elysée Montmartre, le 10 février prochain (ou encore, la veille, à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles) : à ne manquer sous aucun prétexte.

Ne tardez pas à réserver votre billet pour le 10 février sur www.gdp.fr



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