2 mars 2017, 23:13

AVENGED SEVENFOLD

+ DISTURBED + CHEVELLE @ Paris (AccorHotels Arena)

Jeudi 2 mars 2017. Une date que nous avons attendue six mois. Une affiche de rêve. Rendez-vous donné à l’Arena de Bercy. En configuration restreinte, la salle est déjà pleine pour le premier groupe, CHEVELLE. Les néo-metalleux de l’Illinois ont 30 minutes pour nous convaincre avec leur set-list principalement basée sur les titres issus de quatre de leurs albums. Musicalement, c’est assez beau et dépouillé, avec un cachet post-grunge. Un metal ambient et plaisant, nous passons un très bon moment. Le public est réceptif et ovationne le groupe. Une atmosphère bon enfant est installée pour le reste de la soirée. Bon enfant est l'expression juste au vu des spectateurs très jeunes qui sont majoritaires. On se prend un coup de vieux, mais curieux d’assister à l’un de nos premiers concerts « metal pour adolescents ». Clin d’œil aux détracteurs des groupes actuels. CHEVELLE termine sagement. On se fait la réflexion que bien qu’ayant apprécié, on ne les verrait pas pour autant en haut d'une affiche.



 

Place aux attendus DISTURBED qui déchaînent leur “Eye Of The Storm”. Des invités de choix qui, depuis 17 ans, nous servent des hits mémorables. Le rendu live ? Musicalement c’est excellent, le son est bon, appuyé par une pyrotechnie sachant mettre en valeur l’énergie des 15 morceaux, tous très bien accueillis par le public. Chaque album est représenté, le premier et le dernier sont mis en avant, normal... Le groupe œuvrant avec Dan Donegan comme unique guitariste, impressionnant soulignons-le, on ressent à la perfection la rythmique primale, avec John Moyer qui gesticule avec plaisir, faisant voler ses dreads en tous sens.

Des moments d’émotions forts se succèdent, les morceaux ne pouvant être départagés tant ils sont de qualité. Les reprises “Land Of Confusion” (GENESIS) et “The Sound Of Silence” (Simon & Garfunkel) resteront comme des moments forts. Certains critiquent David Draiman pour son immobilité sur scène ; pour notre part, nous pensons que cela renforce ses propos avec une rage aussi forte que contenue. Le final, magnifique, est composé d’“Indestructible”, “Ten Thousand Fists In The Air” et, bien sûr, “Down With The Sickness”. Une heure de concert durant laquelle DISTURBED a bien transpiré pour nous... et nous autant pour le groupe. Au point que l’on se demande si la tête d’affiche pourra faire aussi bien...
 


21h50, début de l’aventure spatiale avec en bande-son “Rocket Man” d’Elton John, ainsi que les hits extraterrestres de David Bowie. Le choix n’est pas un hasard car ils posent le décor auditif et visuel de l’expérience à venir. AVENGED SEVENFOLD est venu défendre « The Stage », concept-album audacieux sur l’intelligence artificielle et la vie extraterrestre. Pour s’approprier la scène, c’est justement le dernier single, “The Stage", qui nous est servi. Un titre impressionnant de plus de 8 minutes qui va révéler les talents scéniques de chaque membre du groupe. Synyster Gates, arrivant dans la pénombre, capte à lui seul l'attention des spectateurs comme un pot de miel le ferait avec des mouches. Nous sommes scotchés. Il déborde de charisme, oublions les débats autour de son âge ou sa coupe de cheveux, c'est un dieu du solo sorti de l'âge d'or du hard rock qui se tient sur l'avancée et vient caresser nos oreilles. Avec son visage juvénile et impassible, je vois un Edward aux doigts d’argent tirer des ses cordes des sons oubliés quelque part sur la face cachée de la Lune.

Voilà exactement le concert que l’on attendait. Aux cris enthousiastes du très jeune public, on peut affirmer que des dieux rockers ont envahi l’Arena ! Pendant une heure trente, A7X va prouver qu'il est bien l'un des plus grands groupes de rock, toutes époques et genres confondus. Mais il faut parler de la thématique omniprésente... Dès “The Stage”, se déroule sur les écrans l’analyse sociale du genre humain, de la préhistoire jusqu’aux jours futurs, soulignant de façon grand-guignolesque ses chapitres les plus forts et cruels. Bercy 2017 ou l’Odyssée de l’espèce…

Vient un titre ancien mais que tous vont entonner avec bonheur : “Buried Alive”. Nous sommes sûrs que certains venaient à peine de naître cette année-là. Nous ne l'avons pas encore souligné, mais cette date a marqué le retour de Johnny Christ après s’être absenté pour la naissance de son enfant. Il promène sa basse nonchalamment, cowboy punk, accompagné de Brooks Wackerman qui est bluffant à la batterie. M. Shadows arbore un look badass, barbe et chemise à carreaux, une casquette à l’envers vissée sur un bandana. Sa communication avec le public fait mouche à chaque coup. En ajoutant les déplacements incessants des guitaristes et leurs poses iconiques, vous devinez à qui je pense... des roses et des flingues de retour à Bercy, ni plus, ni moins. AVENGED SEVENFOLD porte l’héritage de ses aînés, citant au passage l’anecdote de l’accueil des plus tiède reçu lors de ses premières parties dans cette même salle.

Ceux qui avaient eu peur devant la prestation statique au sommet de la Capitol Records Tower peuvent respirer, ici, le show est magnifique, le public vit chaque morceau, ancien ou nouveau, scandant les refrains avec passion. Bercy exulte. Ce public jeune se révèle merveilleux, tant et si bien que “Hail To The King” lui est judicieusement dédicacé. Le groupe manifeste la volonté de servir des titres de chacun de ses albums, y compris le premier, «Sounding The Seventh Trumpet» (2001) oublié par beaucoup d'entre nous. Constat, tous les styles se combinent à merveille, c'est beau et étonnant. Les morceaux du dernier album, excellents mais au cachet expérimental et particulier, s'insèrent parfaitement dans le set. God Damn est puissant et dérangeant, appuyé par des images kubrickiennes. “Angels” sait nous toucher au cœur, hymne humaniste joué avec émotion. Ce morceau que l'on trouvait simpliste est effeuillé de manière complexe, un cube cosmique, vient même appuyer au-dessus de nos têtes la lourdeur du concept de l’album.

Cet enchaînement est tellement bon qu'il est difficile de parler de morceau plus puissant qu'un autre. Brooks est parfaitement intégré : quel virtuose sur “Nightmare” ! The Rev - où qu’il soit - peut être fier de son successeur. Si Synyster Gates n’en finit pas de nous en mettre plein la vue, il serait injuste d’oublier Zacky Vengeance qui n'est pas en reste en termes de virtuosité et de talent. Ses riffs sur le dantesque “Almost Easy” sont toujours un plaisir. Une grosse surprise nous attend avec “Planets” et surtout “Acid Rain”. Ces titres qu'on trouvait assez simplistes sur l’album précédent sont sublimés et s’insèrent parfaitement dans la gestuelle spatiale de « The Stage ».



Vient le moment du rappel. Le public va une fois encore nous surprendre avec une ovation digne de leurs aînés. La salle s’illumine avec les milliers de téléphones allumés. On pourrait se moquer... c’est un juste écho darwinien à « The Stage ». AVENGED SEVENFOLD avec le tiercé magique “Bat Country”, “A Little Piece Of Heaven” et “Unholy Confessions”. Quinze minutes d’intensité où l’on voudrait que ce concert ne s’achève jamais.

La chair de poule pendant tout le concert. Les méfiants à l’égard des groupes du moment, étonnent en affirmant : « C’était énorme ! ». Nous avons assisté à un moment unique, mais surtout vu la confirmation d’une hypothèse qui nous tient à cœur : il existe bien des successeurs aux têtes d’affiche des décennies précédentes. Ce soir-là, il fallait être là pour le constater, pour entendre ce magicien de Synyster Gates, pour voir ce public passionné.

Pendant vingt-quatre ans, on a regretté une certaine date à Bercy, un 13 juillet. Aujourd’hui nous pouvons clamer fièrement qu'on était à l'Accorhotels Arena pour AVENGED SEVENFOLD le 2 mars 2017 !


Photos HARD FORCE : © Apolline Mercier (Lille) & © Fanny Larcher-Collin (Esch-sur-Alzette)


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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