Trent Reznor, l’homme-machine, après un 1er EP paru à Noël 2016 (« Not The Actual Events »), nous livre le second EP d’une série de trois intitulé « Add Violence ». 5 titres pour une nouvelle démonstration de son talent décidément insolent et de sa créativité intarissable, aidé en cela par Atticus Ross qui fait désormais partie de NINE INCH NAILS de façon permanente. Cet EP fait l’objet d’une sortie en version numérique pour commencer (vu le groupe, c’est plutôt bien vu), avant une parution physique cet automne.
Débutant par l’immédiat "Less Than", on a là un genre de hit single. NINE INCH NAILS n’est pas à proprement parler un habitué du genre, commercialement parlant s’entend. Mais ce titre est commercial dans l’oreille qu’on lui prête. Refrain accrocheur, synthétiseurs délicieusement 80’s, on se rapproche de certaines sonorités de l’époque « Pretty Hate Machine » (1989). C’est ensuite que les choses se corsent si je puis dire, où la nature sombre de l’entité NIN revient sur le devant. Ce n’est pas pour autant que l’on appréciera moins "The Lovers".
On glisse encore un peu plus vers la noirceur subtile que Reznor maîtrise si bien avec "This Isn’t The Place", un titre à la mélancolie maîtrisée. La tendance électro ne faiblit pas sur le dernier (long) morceau de cet EP. "The Background World" s’étend sur près de 12 minutes pour ce qui va s’avérer une aventure malsaine. Le titre commence "normalement" avant de partir sur une boucle glissant au fur et à mesure vers une distorsion lente et progressive, qui culmine par un parasitage complet de la bande sonore. L’impression de dégradation et de décomposition (d’une relation, d’un corps ?) est presque insoutenable à la fin et l’on ressent comme un soulagement lorsque le morceau s’arrête.
Si cet EP paraît simple, il n’en est rien bien sûr et l’on admire la subtilité dans les émotions du compositeur passant par toutes ces consoles, ces faders, pistes, claviers, émulateurs et machines diverses.
Cet EP contient une violence avérée bien que sous-jacente, jamais vraiment révélée, mais pourtant bien présente et complètement maîtrisée. L’œuvre d’un expert, d’un esthète. Trent Reznor démontre une fois de plus, si tant est que cela soit encore nécessaire, qu’il est bourré de talent et qu’il sait mettre mal à l’aise l’auditeur qui pourtant, en redemande encore.