5 août 2017, 17:23

DEF LEPPARD

• Interview Phil Collen

30 ans ! 30 ans que l’album mythique « Hysteria » des légendaires DEF LEPPARD est sorti, presque jour pour jour. A cette occasion, il est réédité dans une version remasterisée, avec, en plus des B-sides, des mixes rares ainsi qu’un double live sur l’édition Super Deluxe. Avec 25 millions de copies vendues, 7 singles extraits dont les tubes internationaux "Rocket" et "Pour Some Sugar On Me", gageons que cette nouvelle édition ravira les nostalgiques de l’époque hard rock 80’s et les autres, qui trouveront en DEF LEPPARD une vraie cure de jouvence. Phil Collen, guitariste émérite du groupe, a gentiment répondu à nos questions flash-back.


Tu as participé au G4 avec Joe Satriani récemment. Comment as-tu vécu cette expérience ? 
C’était génial ! J’adore Joe Satriani. C’est un super guitariste et un artiste hors pair. En plus, c’est un gars super sympa, très humble. Il y avait d’autres musiciens comme Paul Gilbert, dont je suis un grand fan, et Warren DeMartini. On avait déjà joué ensemble en France avec RATT et MÖTLEY CRÜE à Paris, au Zénith. C’était il y a une trentaine années et j’ai toujours pensé que ce serait cool de se retrouver sur scène un jour.

Revenons à l’album « Hysteria » qui est réédité, comment vous est venue l’idée de ce disque remasterisé ?
Quelqu’un a mentionné l’idée et Joe Elliott collectionne les documents de DEF LEPPARD. C’est un vrai archiviste. Il a tout : les magazines, les articles de presse, les photos, les solos, les parties vocales… Donc, il a dit qu’il possédait tous ces éléments et c’était le moment parfait pour les regrouper. On n’aurait pas pu faire ça plus tôt, cela n’aurait pas eu beaucoup d’intérêt. J’aime la manière dont les choses ont été faites. Le tout sonne vraiment bien. Il y a aussi plein de bonus, des démos, des versions différentes des morceaux, des chansons qui ont été enregistrées lors de festivals européens. C’est du beau travail !

Cela a dû être beaucoup de travail de rassembler toutes ces pistes et de les sélectionner ?
Oui, c’est du travail de tout mettre en place mais c’est surtout beaucoup de plaisir. C’est le genre de travail que tu peux faire sans être payé car la musique est notre passion. Mais si on peut avoir un peu de reconnaissance pour cela, tant mieux ! Le fait de revisiter notre album le plus populaire est quelque chose de génial pour nous.

Et pour les fans aussi !
Oui, bien sûr !
 

"Le but était d’entrer dans la cour des grands, de faire
une version rock du « Thriller » de Michael Jackson"
-
Phil Collen



Quelle était l’atmosphère autour de l’album à l’époque ? C’était une période assez dure pour le groupe, vous vouliez prouver que vous étiez toujours vivants et plein de créativité ?
On avait vraiment envie de faire quelque chose que les autres groupes de rock ne faisaient pas à l’époque. On en avait marre de suivre toujours les mêmes vieux modèles, tout le monde sonnait à peu près pareil et cela ne nous convenait plus. On voulait intégrer des éléments que les autres avaient peur d’utiliser : de la new-wave, du Prince, du Michael Jackson qui font partie de nos influences. Du punk-rock aussi, bref, plein d’éléments différents pour faire un album spécial, sortir du carcan strict et classique dans lequel nous étions plus ou moins confinés. On voulait expérimenter des tas de choses et on a vraiment passé du bon temps à écrire ces chansons. C’était difficile mais de toute façon, écrire des morceaux n’est jamais facile et cela a pris un peu plus de temps que prévu. Mais nous avons adoré le résultat final.

Et aujourd’hui ? J’imagine qu’il y a moins de pression autour de la réédition d’ « Hysteria » mais aussi autour de vos albums en général ?
Mais même à l’époque nous n’avions pas ressenti la pression autour d’« Hysteria ». Ce que nous vivions, nous nous l’infligions par nous-même. On est juste allé voir la maison de disques pour demander 1 million de dollars de plus. Ce n’était pas nécessaire mais on en a ressenti le besoin. On aurait pu se dire qu’on bâclait l’enregistrement de l’album en huit semaines mais on voulait vraiment quelque chose d’abouti pour nos fans. Et je pense que cela fait une réelle différence.


25 millions de copies d’ « Hysteria» ont été vendues. Ce n’est pas seulement un bon album, il est tout simplement un des meilleurs albums de hard rock de tous les temps. Vous attendiez-vous à tant de succès à l’époque ?
Eh bien, nous espérions en vendre beaucoup mais on ne sait jamais vraiment à l’avance. On avait emprunté 5 millions de dollars, ce qui est énorme, mais ça l’était encore plus à l’époque. On se disait qu’il fallait que ça marche car autrement, ça aurait été la banqueroute. Mais ça a bien fonctionné et c’était incroyable !

Sept singles ont été tirés d’ « Hysteria » et tous ont connu le succès. Cela a dû être vraiment rassurant et excitant de voir l’engouement du public non ?
Oui, c’était incroyable ! Le but était d’entrer dans la cour des grands, de faire une version rock du « Thriller » de Michael Jackson. On ne voulait pas faire un album comme Ozzy Osbourne ou JUDAS  PRIEST. On voulait entrer en compétition avec des groupes comme THE POLICE et faire quelque chose de spécial.

Comment avez-vous choisi les singles extraits de l’album ?
On a eu beaucoup de soucis avec ça car la maison de disques britannique voulait sortir des singles différents des américains. Donc on en a sorti des singles différents, à différents moments. Les gens en France, au Japon ont des goûts différents pour les chansons et cela pose des difficultés. "Pour Some Sugar On Me" a été la référence car il a vraiment tout déchiré aux Etats-Unis et à d’autres endroits de la planète. Je me souviens que nous avions joué dans des petites salles, comme le Bataclan, et pour la tournée “Hysteria”, nous avons fait Bercy. Incroyable ! Cela semble si rapide mais en fait, ce fut une longue aventure. On ne sait jamais où tout cela va nous mener alors il faut faire confiance aux gens qui t’entourent.

Quelles sont tes titres préférés sur l’album ? Et à l'inverse, y’a-t-il des morceaux que tu aimes moins ou dont tu t'es lassé ?
Quand tu es devant un public, même si tu as joué le morceau un million de fois, tu ne t’en lasses pas car les gens réagissent positivement et c’est incroyable de voir leur enthousiasme. Quand j’ai fait le G4, j’ai joué le titre "Hysteria", j’ai chanté et Paul Gilbert est venu faire les chœurs, c’était très cool ! Chaque chanson jouée est toujours un moment spécial et on prend plaisir à le faire. Bien sûr, il y a des chansons que je préfère à d’autres, comme "Run Riot" ou "Hysteria" qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. J’aime leur dynamique différente. Quand on a joué au Hellfest en France, on a joué tout l’album « Hysteria » et c’était super.

Les gens deviennent hystériques !
Oui, exactement !
 

"Progresser dans ce que nous faisons nous permet de faire de plus en plus
de choses et d’y prendre de plus en plus de plaisir"
-
Phil Collen



Quelles ont été vos sources d’inspiration pour écrire l’album ?
Tout nous inspire. Tout ce qui nous entoure. Hier, je suis passé à côté d’une voiture d’où sortait de la musique pop et j’ai trouvé le rythme de batterie cool, je peux m’inspirer d’un livre, d’une série à la télé, d’un riff de basse… J’écoute des tas de styles de musique différents, je lis beaucoup, j’aime aller au cinéma, je peux regarder un film d’horreur vraiment pourri et y trouver une source d’inspiration. J’aime aussi les galeries d’art, tout est bon à prendre. Je suis allé à une exposition dans un musée à Londres il y a quelques années, cela s’appelait "Shock". C’était de l’art moderne. Et puis j’ai visité le Louvre, qui est complètement différent, plus classique. Mais j’aime les deux. C’est la même chose avec les chansons. Pour mon projet solo, DELTA DEEP, je suis plutôt orienté blues/rock alors qu’avec DEF LEPPARD, on est plus metal. Je produis aussi l’album de TESLA qui sera spectaculaire. Il sortira l’année prochaine car nous n’avons pas fait le mixage encore. C’est super de travailler sur tous ces styles différents, cela permet de maintenir la créativité à un haut niveau.

Quelles différences vois-tu dans le public d’aujourd’hui par rapport à celui de l’époque « Hysteria » ?
Ce qui a vraiment changé, c’est qu’à l’époque, il y avait des enfants de 5 ans et des gens de 55 ans. Aujourd’hui, nous avons des enfants de 5 ans et des gens de 75 ans ! Les adolescents ressemblent à ceux de l’époque mais il y a beaucoup plus de gens plus âgés. Et c’est vraiment ce que nous voulions, traverser les générations et toucher un spectre important de gens. C’est magique !

DEF LEPPARD a toujours été un groupe de scène. Vous semblez toujours prendre autant de plaisir à jouer live. Quelle est votre recette pour garder l'énergie et l'excitation ?
On s’améliore d’année en année. Je joue mieux qu’auparavant et je sais chanter, Joe Elliott chante mieux et du coup, c’est vraiment inspirant pour nous. Progresser dans ce que nous faisons nous permet de faire de plus en plus de choses et d’y prendre de plus en plus de plaisir. Je pense qu’il faut toujours continuer à faire des efforts, essayer de faire mieux. Il y a beaucoup de groupes qui se contentent de la facilité et vont en tournée là où le vent les porte mais nous essayons de constamment nous améliorer. Les concerts sont mieux, les lumières, les écrans, tout est de plus en plus beau. C’est la croissance. C’est comme dans la vie. Si tu te laisses aller, tu régresses et t’ennuies. Il faut rester dans une dynamique de croissance et de projet.

Justement, quels sont donc vos projets pour ce deuxième semestre 2017 ?
Il y a tout d’abord la tournée en Amérique du Sud, avec le Mexique, l’Argentine, le Brésil puis nous continuerons à travailler sur le nouvel album de DEF LEPPARD, alors restez connectés !




Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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