« The Stories We Tell Ourselves », sixième album studio de NOTHING MORE, s’écoute comme la bande originale d’un film parfaitement scénarisé. Il regorge d’ambiances métalliques, rock, hypnotiques, mélodiques, électro (parfaitement dosées), agressives. Les Texans ont d’ailleurs publié 4 titres aux couleurs musicales différentes, donnant un avant-goût de cette histoire : le puissant et heavy "Let ’em Burn", "Don’t Stop" et son beat hip hop années 80 tout droit sorti de New York et ce crossover métallique torturé avec cette voix monstrueusement parfaite, "Go To War", qui figure sur la bande-annonce du blockbuster La Planète des Singes : Suprématie et ses relents à la MUSE, "Just Say When" avec juste une guitare acoustique, une voix et quelques cordes en fond. De la mélancolie en barre. Une interprétation délicieuse.
L’album comprend 18 pistes mais les plages 1, 3, 8, 11, 14 et 17 ponctuent ces histoires. Il s’agit de passages d’ambiance, de voix samplées… Des préludes judicieux. Les titres sont entre parenthèses avec des termes antinomiques, ambivalents comme (Ambition, Destruction), (React, Respond), (End, Begin)… On baigne dans l’esprit purement analytique de Carl Jung et consorts.
« The Stories We Tell Ourselves » se décline donc en une série comprenant 6 saisons.
Le premier épisode, "Do You Really Want It?", ouvre l’album comme un pilote musclé. Ce titre mixe puissance et émotions au large spectre. Ce titre fera un carton sur scène avec son riff entêtant, ses chœurs parfaits et la voix de Jonny Hawkins qui fluctue entre un Zack de la Rocha (RAGE AGAINST THE MACHINE) et les chanteurs de metal moderne.
Les chansons précitées comme "Let ’em Burn" et "Don’t Stop" font partie des quatre épisodes de la saison suivante. "Ripping Me Apart" est dans le même esprit que le titre qui brûle avec un refrain qui va chercher l’auditeur et des touches électro à la posologie parfaite. "Funny Little Creatures" est un morceau halluciné, psycho, avec des voix à la fois aiguës et graves, la musique suit son chanteur, comme possédé par un état délirant. Un titre complètement psychiatrique et original.
La saison 3 parle de sentiments amoureux, passionnés, passionnels avec le divorce, la relation amoureuse et ses métaphores. "The Great Divorce" exprime toute la colère d’une séparation et son vécu. Le travail introductif de la batterie est fort, la structure de la chanson est hypnotique dans sa violence. "Still In Love" est, comme son titre l’indique, une ballade mais originale, avec un tempo progressif qui se veut un peu plus agressif sur son refrain comme une complainte, une validation émotionnelle de quelque chose.
Avant de continuer, il faut saluer sur l’ensemble de l’album le talent d’interprétation vocale, mais aussi de batterie additionnelle, de Jonny Hawkins et son travail de collaboration avec Mark Vollelunga aux guitares et Daniel Oliver à la basse.
Saison 4 : 2 épisodes avec "Go To War" et "Just Say When" cités plus haut. La partie suivante est un petit hit, "Who We Are", parfaitement orchestré. Ses influences sont rock, pop, punk, aux sonorités nu-metal par moment. Un titre taillé pour les radios rock ! "Tunnels" est plus planant et mid-tempo.
Une chose est sûre avec NOTHING MORE, c’est que le groupe arrive toujours à surprendre l’auditeur avec une ligne musicale, une construction particulière qui breake le morceau. C’est ce qui arrive avec ce titre justement qui peut avoir une impression de déjà entendu et qui est sublimé à plusieurs reprises, notamment avec l’interlude de fin qui lui est enchaîné (End/Begin).
L’ultime épisode de la dernière saison, "Fade In/Fade Out", est un titre que le guitariste a coécrit pour son fils, une chanson sur la paternité. Le milieu de celle-ci est émotionnellement envahissant. Une fin démoniaque, entraînante, saisissante.
On se raconte tous et toutes des histoires. Cela fait partie d’un processus psychique qui est propre à chacun d'entre nous. NOTHING MORE nous en raconte mais sans se la raconter et sort un sublime album dans tous les sens du terme. L’architecture sonore est délicieuse, l’interprétation et la production également. « The Stories We Tell Ourselves » est un album témoignant d’une maturité créatrice et artistique qui place les curseurs de l’excellence à un haut niveau. Cet objet se déguste, se savoure comme un mets qui vous a touché depuis votre plus jeune enfance. L’empreinte mnésique est totalement ancrée. Un grand album de rock, metal, mélodique de cette année.