23 août 2017, 13:18

Papa Emeritus démasqué

• Quel avenir pour GHOST ?


photo posée © Sommar i P1 / photo live © Christian Ballard - HARD FORCE


Le 17 août, à l’occasion de l’émission radio suédoise Sommar i P1, dont on trouve ici la très instructive retranscription en anglais, Papa Emeritus a officiellement tombé le masque en déclarant à la fin de l’heure de libre antenne qui lui était allouée : « Je m’appelle Tobias Forge et c’est moi qui me cache derrière le masque dans GHOST. Merci de votre attention. ».
 

Pas vraiment une révélation pour de très nombreux fans qui savaient depuis longtemps que sous les prothèses et le maquillage se trouvait le chanteur et guitariste suédois de 36 ans qui a précédemment joué au sein de REPUGNANT, CRASHDIET, SUBVISION et MAGNA CARTA CARTEL. Ni pour la plupart des autres qui ont appris son identité en avril dernier quand quatre ex-Nameless Ghouls ont révélé leur nom (Simon Söderberg/Alpha en place depuis 2010, Mauro Rubino/Air depuis 2011, Henrik Palm/Eather depuis 2015 et Martin Hjertstedt/Earth depuis 2014) en même temps que celui de leur ancien leader, pas très spirituel sur ce coup-là, qui les a virés après leur demande d'un partage équitable des royalties, des recettes du merchandising ainsi que des ventes d'albums. Ce à quoi Papa a répondu dans les grandes lignes, par avocat interposé, que GHOST est SA créature et que les musiciens ne sont guère que des « mercenaires ». “Disposable musos”, des musiciens jetables, voilà un concept qui n’a rien de nouveau dans le monde de la musique (Quorthon de BATHORY en étant le meilleur exemple même s'il ne s'agit pourtant pas d'une spécialité suédoise)…

Si vous écoutez du metal et du hard rock depuis un bout de temps, vous savez déjà que dans tous les groupes, le côté « Nous contre le reste du monde » qui anime les musiciens à leurs débuts est vite balayé dès que le succès est au rendez-vous. Et que les grands amis d’hier qui donnent le change sur scène et le temps d’une interview ne peuvent parfois plus s’encadrer depuis bien longtemps. Un “problème” que ce Pape pas très catholique avait résolu en s’entourant de musiciens “anonymes”, portant la même tenue et les mêmes masques dépourvus de bouche. Une particularité qui aurait dû attirer notre attention et qui aura permis des changements de line-up passés pour certains inaperçus…

On se serait volontiers passé de ce déballage pas très reluisant et que ce démasquage officiel fasse perdre à GHOST une partie de son aura (noire). Car son créateur en est parfaitement conscient, la mystique qu'il a créée est pour beaucoup dans son succès. Ce qui ne remet pas en question la qualité du répertoire du groupe même si la carte de l'ultra look est un moyen éprouvé d'attirer l'attention du public. Début 2017, Papa Emeritus, à moins qu’il ne s’agisse d’une Nameless Ghoul – ce qui revient au même puisque seul Tobias répondait aux interviews, toujours grimé – s’étonnait d’avoir pu garder relativement secrète leur identité pendant aussi longtemps. Un semi-exploit à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux.


On est loin en effet de l’époque où le line-up originel de KISS a pu conserver un relatif anonymat pendant des années, les informations demeurant locales si elles n’étaient pas reprises par les magazines ou de grands médias et il y a fort à parier que Gene Simmons avait pensé, lui, à faire signer une clause de non-divulgation de l’identité des musiciens si l’un d’entre eux était parti ou s'était fait viré. Plus récemment, on a su à quoi ressemblaient les hommes derrière les masques de SLIPKNOT quand certains d’entre eux se sont lancés dans des projets solo. Avant d'apparaître tous à visage découvert, en mai 2010, pour rendre hommage à Paul Gray, leur bassiste décédé d’une overdose. Mais en 2014, quelques heures seulement après la diffusion de la vidéo de “The Devil In I”, l’identité de son remplaçant, dont le nom n'avait pas été révélé, était percée à jour sur le Net en raison d’un tatouage distinctif qu’il porte sur la main gauche… La bonne nouvelle, c'est que cela n'a rien changé au culte que vouent des millions de “maggots” à SLIPKNOT à travers le monde et il n'y a donc aucune raison pour que cela soit différent avec les ouailles de GHOST.

Paradoxalement, on peut imaginer que Papa Forge est furieux mais soulagé. Control freak notoire, il aurait sans doute voulu révéler lui-même qui il était le jour où il en aurait décidé ainsi. Mais devoir toujours apparaître grimé et garder un relatif anonymat quand on connaît le succès mondial de sa créature, c’est une source évidente de frustration pour un artiste. D’ailleurs, à plusieurs reprises au cours de ces dernières années, n’a-t-on pas vu des photos de Tobias “en civil” en compagnie de musiciens (Nergal de BEHEMOTH, ici avec un membre de WATAIN, qui persiste et signe en 2014 ; l'ex-WHITE ZOMBIE Sean Yseult, Phil Anselmo, Glenn Danzig, Tommy Victor de PRONG et des membres de TYPE O NEGATIVE en octobre 2015 ou Rob Zombie en mai  dernier) apparaître brièvement sur la Toile avant d’en être retirées ? Une façon d’aiguiser la curiosité du public et de jouer au chat et à la souris car il est évident que le chanteur posait et n'a pas été photographié à l'insu de son plein gré.

Pour en revenir à la musique, puisqu’au bout du compte, c’est ce qui nous intéresse, c’est depuis le 14 août que Papa et des Nameless Ghouls devraient être entrés en studio pour commencer l’enregistrement du successeur de « Meliora », annoncé pour courant 2018. On peut supposer qu’à la manière des membres de SLIPKNOT dont on connaît le visage mais qui apparaissent toujours masqués sur scène et dans leurs clips, Papa, démiurge et principal compositeur du Clergé, n’est pas près de brûler son costume et de monter sur scène en jeans. On attend impatiemment de découvrir sa prochaine incarnation et le nouveau look de ses Ghouls en même temps que ses (leurs ?) nouvelles chansons.

D’une certaine façon, GHOST est mort… alors vive GHOST ! Le lendemain du jour où a été posté cet article, sortait le clip de “He Is”, morceau dont le texte a été composé à la mémoire de Selim Lemouchi, guitariste de THE DEVIL'S BLOOD qui a mis fin à ses jours en 2014. Retrouvez-le sous la photo ci-dessous…
 

 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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