Le père Mackintosh, non content d'être avec PARADISE LOST à la tête d'un line-up inoxydable (trente ans de vie commune avec Nick Holmes, Stephen Edmonson et Aaron Aedy) et dont la réputation n'est plus à faire, reste avant tout un fan de metal absolu. Ce dont il ne s'est jamais caché dans ses interviews, même à l'époque la plus "accessible" du groupe (le triptyque « One Second », « Host » et « Believe in Nothing » ). Grind, death, black, doom, crust... peu importe les flacons pourvu qu'il en ait l'ivresse ! C'est donc tout sauf une surprise lorsqu'il décide, en 2011, de monter VALLENFYRE avec Adrien Erlandsson (également aux baguettes sur deux albums de PARADISE LOST, « Tragic Idol » et « The Plague Within » ) et Hamish Hamiltion Glencross (guitariste chez MY DYING BRIDE). Son petit joujou diabolique rien qu'à lui, réceptacle de ses pulsions les plus sauvages au travers d'un death/doom hirsute et revanchard, old school jusqu'au bout des orteils. Et cela fait six ans que ça dure !
Avec déjà deux albums de bonne facture dans sa besace, le guitariste de PARADISE LOST est une nouvelle fois aidé dans ses oeuvres obscures par Sir Glencross et un nouveau batteur, Waltteri Väyrynen âgé de seulement vingt-trois ans qui fait également le job sur « Medusa » , dernier méfait en date du quintet du Yorkshire. Aucune évolution, encore moins de révolution à bord cependant, « Fear Those Who Fear Him » est dans la droite lignée ce que VALLENFYRE a proposé jusqu'à aujourd'hui : death/doom mon amour !
Prenez par exemple "An Apathetic Grave", "The Merciless Tide" ou "Cursed From The Womb", à mon sens les moments forts du disque, lorsque le power-trio plombe sans ménagement les esgourdes à grand renfort de doom caverneux et monolithique. Vous voilà propulsé au tout début des années 90, à l'époque où tout a commencé quelque part entre Halifax et Liverpool. La nuit, l'obscurité, la solitude, la mélancolie. De lentes et inéluctables descentes dans les entrailles de la bête, de lourdes embardées épiques et ténébreuses à souhait. Pendant que, de l'autre côté de l'échiquier, la course à la bastos perdue a déjà commencé avec une majorité de morceaux où les compteurs repartent dans le rouge : "Messiah", "Nihilist", "Kill All Your Masters" ou "Temple Of Rats". De vrais brûlots pliés en deux minutes chrono qui évoquent tous à leur manière l'autre scène anglaise de la fin des années 80, EXTREME NOISE TERROR et NAPALM DEATH en tête de liste, tout en ne rechignant pas sur quelques mid-tempos bien crus comme "Dead World Breathes" et "Soldier Of Christ". La recette appliquée sur les deux premiers albums reste donc identique sur cette nouvelle livraison maléfique. A y regarder de plus près, celle-ci est peut-être moins mélodique, plus rentre-dedans que les précédentes. Un monstre de puissance qui terrorise autant qu'il séduit. Et la production n'y est certainement étrangère : grumeleuse et grassouillette à souhait, celle-ci évoque les grandes heures du death suédois et de son Sunlight studio fétiche. Un vrai travail de forgeron incarné par Kurt Ballou qui signe une nouvelle fois pour VALLENFYRE un monument de hargne et de colère qui régalera les amateurs du genre.
Inutile d’en faire des caisses, ce troisième album de VALLENFYRE frappe toujours aussi fort. La paire Mackintosh/Glencross est remontée comme jamais, lâchant une fois de plus le genre de coup bien placé et bas du front, punk dans l'âme, metal dans l'exécution, qui fait bobo aux râtiches. Aïe.