Certains d’entre nous avaient eu peur pour l’avenir d’ARCH ENEMY après le départ de sa chanteuse si charismatique Angela Gossow en 2014. Mais force est de constater qu’Alissa White-Gluz donne le ton et le change, tant au niveau du fond que de la forme (et des formes oui aussi !). Puis l’arrivée du guitariste Jeff Loomis, ex-NEVERMORE, a permis au groupe de trouver l’accord parfait entre force et finesse. C’est donc avec toute l’attention des fans que sort le dixième ARCH ENEMY. « Will To Power » est l’album si ce n’est de la consécration, de l’aboutissement d’un groupe au paroxysme de sa forme métallique.
Alors bien sûr, la structure globale des morceaux est facilement identifiable comme du ARCH ENEMY : des guitares extrêmement heavy, des solos rapides, une voix féminine growlée, des breaks mélodiques, une rythmique pleine de couleurs tant à la basse qu’à la batterie. Bref, du death metal mélodique façon ARCH ENEMY. Mais vous trouverez dans « Will To Power » un tas de petits plus qui font en fait toute la supériorité de cet album par rapport aux – très bons – précédents. Tout d’abord, la palette vocale étendue d’Alissa, tout en nuances variées, avec des growls maîtrisés à tous niveaux et une voix claire qui l’est tout autant. Et elle a déjà prouvé sa puissance sur scène lors de la tournée qui a suivi « War Eternal ». Ce petit bout de femme a un charisme indéniable. De plus, Jeff Loomis apporte réellement son savoir et sa touche personnelle sur « Will To Power » avec le son particulier qu’on lui connaît. Il forme avec Michael Amott un duo de virtuoses humbles qui ne sombrent pas dans les démonstrations techniques outrancières.
Les 11 titres de l’album, de l’intro instrumentale "Set Flame To The Night" au dernier très travaillé "A Fight I Must Win" sont une véritable déferlante musicale qui ne laisse place à aucune approximation. L’auditeur est captivé et sans cesse rappelé à l’écoute par des passages aussi exaltants qu’entêtants. Même la basse de Sharlee d’Angelo prend toute la place qu’elle mérite au sein de cet univers musical abouti. Des morceaux très death comme "The Race" ou "My Shadow And I" aux plus nuancés comme "The Eagle Flies Alone", dont chacun aura pu voir le clip, chacune des chansons comporte sa marque de fabrique.
Et puis, il y a la cerise sur le gâteau, la surprise du chef : la première ballade d’ARCH ENEMY, "Reason To Believe" avec la voix claire toute en douceur et colorations d’Alissa et un mid-tempo lourd mais mélodique. ARCH ENEMY explore de nouveaux horizons, va plus loin que là où on l’attend et ils ont raison car c’est une réussite. Ne vous attendez pas à une ballade mièvre, commerciale et sans âme. Non, on est dans du ARCH ENEMY typique, avec des compositeurs de renom qui osent aborder l’inconnu mais qui ne se laissent pas aller à la facilité. Tout est calculé, au millimètre pour que « Will To Power » soit une révélation pour ceux qui n’ont jamais été convaincus par le groupe, qui ont jugé, critiqué, parfois à juste titre. Il n’y a rien à jeter. Ce dixième album est un chef-d’œuvre du genre par sa sophistication tout en gardant l’âme d’un ARCH ENEMY qui gagne à rester dans son style à nouveau unique.
Vous cherchiez l’album de l’année ? Il est peut-être bien là !
