17 septembre 2017, 10:00

THY ART IS MURDER

• Interview Sean Delander

Blogger : Clément
par Clément

C’est avec Sean Delander, préposé à la guitare et basse, que nous avons pu faire le point sur l’actualité du groupe quelques jours avant la sortie de « Dear Desolation », quatrième album de THY ART IS MURDER. Et accessoirement la suite logique de « Holy War » qui l’avait propulsé sur le devant de la scène deathcore. Affable, aimable et surtout remonté avant d’embarquer pour une tournée marathon de plus de cinquante dates aux quatre coins du globe, Sean n’a aucun doute quant à l’avenir radieux promis au groupe. L’optimisme Australien a encore de beaux jours devant lui !


Bonjour Sean ! Alors comment te sens-tu à quelques jours de la sortie du nouveau THY ART IS MURDER et d'une tournée qui va amener le groupe aux Etats-Unis puis en Europe ?
Bonjour Clément ! Je me sens bien, très bien même ! Avec un album comme « Dear Desolation » dans notre besace, nous avons trouvé le juste équilibre entre modernité et tradition, avec des structures de morceaux moins complexes, moins de riffs mais plus de puissance et un spectre musical élargi, quelque part entre death metal moderne et metal extrême. Pour ce qui est de cette tournée, nous allons dans un premier temps écumer un paquet de salles ici aux Etats-Unis, de la Californie au Texas, en passant par l’état de New York avec nos frères d’armes de DECAPITATED, FALLUJAH et GHOST BATH. Ce "Double Homicide Tour" s’annonce énorme ! Puis nous embarquerons ensuite pour l’Europe avec AFTER THE BURIAL et OCEANO là encore pour de nombreuses dates aux quatre coins du continent !

J’imagine que tu dois être impatient de faire découvrir les morceaux de « Dear Desolation » sur scène ?
Oui ! D’ailleurs une large partie de chaque show leur sera consacré chaque soir, ils sont taillés pour le live. J’ai hâte de voir la réaction du public !

Vous allez passer par Paris, Toulouse et Villeurbanne lors de cette tournée européenne…
C'est logique puisque nous adorons la France ! Ce n'est pas la première fois que nous venons chez vous puisque nous avons déjà eu l’occasion d'y jouer avec SUICIDE SILENCE, FIT FOR AN AUTOPSY ou BETRAYING THE MARTYRS. Cela nous fait plaisir de revenir dans le pays de GOJIRA… groupe que nous apprécions tout particulièrement !

Tu nous en vois ravis ! Revenons si tu le veux bien sur ce nouvel album...
Bien sûr. Nous avons commencé le processus d'écriture au milieu de l'année dernière, sans se mettre la pression, puis nous avons continué à travailler nos maquettes tranquillement avant de rentrer au studio Graphic Nature Audio de Belleville, dans le New Jersey, en décembre dernier. Travailler là-bas avec Will Putney (également guitariste de FIT FOR AN AUTOPSY) est maintenant une habitude pour nous, c'est toujours une très bonne expérience car nous finissons beaucoup de morceaux en studio avec lui. Il est devenu au fil du temps le sixième membre de THY ART IS MURDER. Nous avons vraiment pu développer des moments de créativité avec lui quitte à échanger nos instruments pour une jam session improvisée en fin de journée dans la salle d"enregistrement avec notre ingénieur studio Randy, c'est pendant ce genre de moments où chacun a pu lâcher la bride. Je pense aussi que l'état d'esprit dans lequel nous sommes entrés en studio, détendus tout en restant concentrés, a permis de faire jaillir l'inspiration ! D'autant que nous connaissions très bien Will et que nous lui faisions toute confiance...
 

"La tristesse véhiculée dans la musique de THY ART IS MURDER nous rend inversement heureux" - Sean Delander



Ce nouvel album est encore une fois plein de colère, de haine, de ressentiment. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond en Australie ?
Non, non, cela n'a rien à voir avec l'Australie je te rassure ! Bien au contraire, c'est un pays dans lequel nous nous sentons bien. Cette colère, cette frustration que nous essayons de faire passer avec notre musique n'y est pas liée. Cela est plus associé avec l'état global de cette planète, le comportement de certains de ses dirigeants, les injustices sociales qui éclatent dans la majeure partie des pays. Et puis je crois aussi que nous aimons juste jouer un metal sombre, puissant et sans concession ! Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin...

Si je te dis que "Le deathcore de THY ART IS MURDER est d'une brutalité sans faille, ne négligeant pas pour autant la mélodie qui tombe pile-poil et l'ambiance apocalyptique qui va bien.", cela te semble-t-il juste ?
C'est très gentil de ta part même s'il est difficile pour moi de nous réduire à cela, nous ne sommes plus un groupe de deathcore comme cela s'entend, avec des breaks incessants et des stéréotypes d'écriture qui y sont associés. Nous aimons notre metal brut, certes, mais avec des mélodies, quite à utiliser le terme "mélancolique" pour les qualifier. La tristesse véhiculée dans la musique de THY ART IS MURDER nous rend inversement heureux !

A ce sujet, comment juges-tu l'évolution du groupe plus de dix ans après sa création ?
Le groupe est aujourd'hui plus fort et soudé que jamais avec le retour aux vocalises de C.J. Mac Mahon. Je pense que, par rapport aux albums précédents, « Dear Desolation » s'aventure aussi dans un spectre musical bien plus large, où chaque morceau dégage un feeling unique. Comme je le disais précédemment, nous avons apporté des éléments death metal traditionnels avec une lecture plus moderne que nous n'avions pas porté aussi loin sur les trois albums précédents. Le groupe est toujours en constante progression...

Prenons un peu de temps pour aborder les sujets évoqués dans vos textes. Il semblerait que l'aspect occulte et ésotérique ne soit plus votre fond de commerce principal...
En effet, nous avons choisi de parler principalement du monde dans lequel nous vivons, du quotidien, je pense c'est plus pertinent pour nos auditeurs, cela leur parle plus. Bien sûr, notre aversion pour tout type de religion reste important mais celle-ci a laissé place à d'autres thématiques qui nous touchent en tant qu'individus. C'est dans cette optique que nous abordons aussi des sujets d'importance comme le réchauffement climatique, la traite des êtres humains ou certaines décisions politiques qui ont un impact sur l'environnement. Si tu creuses le sens de nos textes, tu y verras le désespoir, l'impuissance, le fait qu'il est probablement trop tard pour tenter de rendre ce monde meilleur et que nous sommes les seuls à blâmer pour cela. Mère nature a du souci à se faire pour son avenir.
 

"Je ne nous considère d'ailleurs plus aujourd'hui comme un groupe de deathcore mais juste comme un groupe metal extrême" - Sean Delander



Qu'il est loin le temps de votre premier EP et de ses titres et textes fleuris ! "Parasitic Autopsy", "Whore To a chainsaw"...
Ha ha ! C'est vrai que nous avions fait fort à l'époque mais nous étions plus dans un esprit brutal death, avec des textes volontairement offensants et basés sur des trips gore à souhait ! Nous ne renions pas ces débuts un peu chaotiques car ils ont contribué eux aussi à forger l'identité et le succès du groupe mais aujourd'hui plus aucun de ces titres n'apparaît dans nos setlists. Nous avons tourné la page.

Vous avez également choisi un visuel en rupture avec vos productions précédentes...
Tout à fait, cette fois-ci c'est Eliran Kantor (responsable également des visuels des derniers album d'INCANTATION, EX-DEO, ARCHSPIRE...) qui s'est occupé de l'artwork. Nous adorons les derniers visuels qu'il a réalisé alors nous n'avons pas hésité une seconde, lui avons envoyé l'album en lui demandant de peindre ce qu'il ressentait à son écoute. Le résultat est juste parfait et cela nous a permis de proposer quelque chose de complètement différent de ce que nous avions l'habitude de faire. C'est un véritable coup de coeur !

Et en quoi reflète-t-il ce titre : « Dear Desolation » ?
Le loup nourrit ici l'agneau. il le nourrit pour qu'il puisse le dévorer plus tard, sans la moindre compassion. C'est une relation purement matérialiste. C'est aussi une sorte de métaphore pour représenter ces gouvernements, ces multinationales qui ne donnent que le strict nécessaire à leurs citoyens ou leurs salariés pour vivre décemment, juste ce qu'il faut afin de pouvoir payer leurs impôts, de continuer à consommer puis de disparaître dans l'anonymat pour la majorité d'entre eux. La boucle est bouclée.

Revenons maintenant à « Holy War », qui avait à l'époque fait une entrée fracassante dans certains charts (Australie, Etats-Unis notamment), quelles sont vos attentes avec ce nouvel album ?
Qui sait ? Nous n'avions rien prévu, ni calculé avec ce nouvel album, qui reste encore pour la majorité des auditeurs catalogué comme étant du metal extrême. S'il fait aussi bien, tant mieux ! Il n'y a en tout cas aucun élément susceptible, comme du chant clair, moins de growls, qui pourrait le rendre plus accessible : seule la qualité de notre musique comptera au final.

Je me souviens aussi de l'artwork de « Holy War » qui avait beaucoup fait parler de lui avec ce kamikaze et sa ceinture d'explosifs..
Oui et tant mieux ! Le fait que certains fanatiques soient prêts à porter, ou pire placer une bombe sur un enfant seulement afin qu'ils puissent tuer plus de femmes et d'enfants est extrêmement dérangeant en soi. Mais c'est une réalité : ce monde est un endroit sombre et si cette pochette d'album pouvait éclairer un tant soit peu cette obscurité alors je pense que cela serait une bonne chose. Rien de plus.

THY ART IS MURDER a fait son irruption à la fin des années 2000 sur la scène deathcore avec de fortes influences death metal pendant que la plupart des seconds couteaux, génériques et peu inspirés, rendaient les armes. Aujourd'hui, vous êtes toujours là avec une poignée d'irréductibles, comment voyez-vous l'avenir de cette scène? 
C'est vrai nous sommes arrivés pile-poil au moment où ces groupes "MySpace" sont tombés les uns après les autres dans les années 2000, la faute certainement à une standardisation excessive du style et une lassitude des fans. Mais nous avons été en mesure de rester actifs suffisamment longtemps pour apporter un second souffle à ce style, notamment grâce à notre album « Hate ». Je pense que les gens ont apprécié cette attitude et ce son plus extrême et diabolique ! Ils ont compris que nous n'étions pas l'un de ces énièmes clones sans saveur et que nous avions bien mieux à leur proposer. Je ne nous considère d'ailleurs plus aujourd'hui comme un groupe de deathcore mais juste comme un groupe metal extrême. Point barre.

Voilà qui est très clair Sean ! Ces derniers mots seront les tiens, bonne continuation et à bientôt sur les routes !
Merci pour ton soutien ! N'hésitez pas à jeter une oreille sur notre nouvel album et venir nous voir sur scène, nous espérons que vous répondrez nombreux à l'appel de THY ART IS MURDER ! "Merci beaucoup !".


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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