10 septembre 2017, 6:36

Labels et les Betes

• Le coté obscur de la force métallique - Episode 2

Blogger : Clément
par Clément

Chaque mois, HARD FORCE vous propose de faire un tour d'horizon du côté obscur de la force métallique pour découvrir des groupes méconnus et méritants issus des quatre coins du globe, le tout en restant confortablement installé dans votre fauteuil club, casque vissé sur les esgourdes ou enceintes à fond les ballons. Signés sur des labels de toute taille, puisqu'il paraît qu'elle importe peu, évoluant dans des styles pas vraiment propices à rassembler les foules ou ne bénéficiant pas toujours d'une large exposition médiatique, ces groupes sont les "bêtes" des labels. Au sens noble et sauvage du terme, ces bêtes tapies dans l'ombre vous permettront de savourer chaque mois une bonne dose de tempos lourds, de riffs mitraillettes et autres descentes de toms musclées. "Welcome to the Jungle" comme dirait l'autre !


MYRKUR : « Mareridt »  (Relapse records) 
Un groupe qui se nomme "Obscurité" et dont l’album s’intitule "Cauchemar" a tout pour évoquer un sombre présage. Mais la réalité onirique est un peu plus complexe que cela.
Tout en dualité, le nouvel album des Américains/Danois MYRKUR vous emmène dans un rêve cauchemardesque, au milieu d’une nature hostile mais luxuriante, clairsemée de démons et de merveilles.
Vêtue d’un black metal puissant, la chanteuse Amalie Bruun n’hésite pas à mettre à nue sa voix pure et éthérée, enveloppée d’instruments de musiques traditionnels comme la harpe ou le violon.
« Mareridt », c’est tout ce que l’on aime de l’atmosphère scandinave, vraie, pure, sans concession mais tout en finesse. Un black metal mystique et féérique, comme l’image d’un doux cauchemar secrètement fantasmé. Mais aussi une pointe gothique, un peu décalée. MYRKUR est un projet à part, qui ne souffre d’aucune comparaison avec d’autres groupes.
Plus que le précédent album « M », « Marerdit » fait preuve d’un réel intérêt pour les amateurs de black en quête d’originalité. Bienvenue dans la lumière de la nuit !
 


TERRIFIER : « Weapons Of Thrash Destruction » (Test Your Metal Records) 
Quand on sort de l'hiver au Canada après une longue période d'hibernation, il est vivement conseillé de remuer la nuque, les jambes et les bras afin de réactiver le flux sanguin et de travailler ses articulations.
Les autochtones de TERRIFIER joignent l’utile à l’agréable en pratiquant activement un speed thrash ultra bourrin en même temps que leurs exercices d’échauffement. Pratique !
Démarrant tambour battant avec l’excellentissime "Reanimator", ces ex-SKULL HAMMER veillent à ne pas refroidir leurs muscles en maintenant un rythme effréné autant qu'infernal jusqu’à la fin de leur récital, 42 minutes durant.
Voilà donc un « Weapons Of Thrash Destruction » qui porte vraiment bien son nom, un véritable concentré d’agressivité et de vélocité agrémenté d’énormes soli de guitares et de chants qui font penser aux premiers DESTRUCTION.
Pas encore l'envergure internationale mais le potentiel est là; il faut juste qu’entre deux albums, ils évitent d'entrer dans un sommeil profond pendant 5 ans...
 


ONRYŌ : « Mūto » (Everlasting Spew Records)
Dans les croyances populaires nippones, ONRYŌ désigne une divinité capable de nuisance dans le monde réel (y compris celle de déclencher des catastrophes naturelles), mûe par un désir de vengeance. Un esprit malin qui s’empare du corps de ses ennemis pour tourmenter les vivants.
Dans la réalité c’est un nouveau groupe de death metal/grindcore technique italien spécialisé dans la boucherie-charcuterie option découpage de carcasses avec les dents. On retrouve des liens de parenté légitimes avec les grands psychopathes du genre (DYING FETUS, BENIGHTED, CEPHALIC CARNAGE) dans cet EP de 4 titres de gore sale et glaireux ("Oni"), de riffs maladifs qui mettent volontairement mal à l’aise ("Sickness And Aluminium Foil Helmets" déviant vers du DILLINGER ESCAPE PLAN) : du bien dégagé avec les oreilles, en somme !!!
La formation romaine est composée de deux bouts de TIBIA (c’est dire !), Alessio Cattaneo aux guitares et Daniel Casari au chant, de l’ancien HIDEOUS DIVINITY Giulio Galati à la batterie (une pointure) et de Edoardo Spadoni aux guitares additionnelles, venu en support suite aux départs conjoints du guitariste Federico Seesto et de l’excellent bassiste Tony Russo. Pas de basse donc, pourtant ça sert pas mal en règle générale pour attendrir la viande…
 


SERPENT COLUMN : « Ornuthi Thalassa » (Fallen Empire)
Là les cocos, il va falloir s'accrocher sec avec ce mystérieux duo originaire des Etats-Unis, Georges Pernoud ne pourra rien pour vous si vous osez vous aventurer dans cet « Ornuthi Thalassa » et son black/death bouillonnant et débridé !
Résolument expérimental, cet enchevêtrement de riffs a ici quelque chose d'aliénant, de fascinant, comme si les parties de guitares s'affranchissaient du reste de la troupe pour avancer sans se soucier du reste, DEATHSPELL OMEGA sors de ce corps !
La basse tout comme la batterie ne sont pas en reste et leurs interventions ponctuent intelligemment les structures uniques de chacun de ces six morceaux, produits avec finesse et doigté.
Voilà trente-six minutes presque trop rapides qui s'apparentent à de véritables montagnes russes dans lesquelles les hauts-le-coeur rythmiques titillent le palpitant en permanence. Le crédo est clair : zéro stabilité, ça glisse où que l'on mette les pieds... voilà pour sûr qui fera le bonheur des fans de metal extrême exigeants et méticuleux.
Et des autres aussi d'ailleurs.
 


OSCULUM INFAME : « Axis Of Blood » (Battlesk'rs Productions)
S'il est un nom qui parlera aux nostalgiques des premiers Metallian (alias le magazine aux couvertures criardes mais aux rondelles bien remplies), c'est bien celui d'OSCULUM INFAME.
Les Parisiens nous avaient alors régalés d'un morceau particulièrement épique tiré de leur premier album « Dor-Nu-Fauglith », à la pochette Satyriconienne en diable et aux mélodies nordiques majesteuses.
Presque vingt ans plus tard, force est de constater que le groupe a changé. Le line-up qui évolue sur « Axis Of Blood » ne comporte plus qu'un membre d'origine, fort bien entouré puisque certains de ses camarades d'HEOL TELWEN et REVERENCE se sont joints à cette obscure entreprise. Quant à l'orientation musicale, celle-ci se veut plus radicale, froide, moins disposée à l'élaboration d'ambiances grandioses à coup de claviers et d'évocations Tolkiennesques.
En bonus, la folie est ici palpable sur chacun de ces onze salves punitives qui mixent avec doigté mid-tempos meurtriers et coups de boutoir étourdissants.
Voilà une réédition bien méritée pour un album, paru initialement en 2015, où le compromis est absent, la sincérité omniprésente, du black metal remis à sa juste place : les ténèbres.

 


MONARCH! : « Never Forever » (Profound Lore Records)
MONARCH! Ô Désespoir ! Ô esgourdes endolories ! Qui réclament, dans un élan de masochisme jubilatoire, encore et toujours plus de lenteur, d'abysses et d'obscurité.
Pauvres folles happées une nouvelle fois en plein oeil du cyclone drone/doom bayonnais, qu'aucune menace ne fera taire.Tendez les bien fort d'ailleurs parce qu'elles le valent bien et qu'elles se délecteront ici d'une pluie de grêlons douloureux fendant un épais brouillard poisseux, de paysages sonores brumeux, inquiétants et rageurs, qui distillent pourtant en toile de fond une véritable mélancolie, une sensibilité à fleur de peau.
Atmosphères inaccessibles ? Foutaises. Une nouvelle fois la prouesse vocale d'Eurogirl, alias Emilie Bresson, fait des miracles. Lourdes ? Comme ces envolées de cordes frappées du ciboulot et proches de l'apoplexie ?
Dans le mille. A moins que ce ne soit cette cognée monolithique, oppressante, possédée, qui martèle et plombe avec autant d'entrain qu'un CRS survolté sur un Zadiste ? Oui, peut-être. Sûrement, en fait.

 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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