5 octobre 2017, 23:10

ANATHEMA + ALCEST

@ Lille (L'Aéronef)

Après une tournée en commun en 2013 aux États-Unis, ALCEST et ANATHEMA se retrouvent pour une longue série de concerts à travers l’Europe. Le 5 octobre, ces deux groupes qui misent avant tout sur la création d’atmosphères, étaient à l’Aéronef de Lille, devant un parterre bien garni, surtout pour un jeudi.

Les Français, après une longue intro, livrent une prestation aboutie. Ils invitent les spectateurs, attentifs et captifs, à un voyage sur une mer où se succèdent tempêtes et accalmies. Calme et fureur alternent, portés par une batterie sèche, dans de longs passages instrumentaux hypnotiques, ornés de lights tantôt rouges, tantôt mauves ou bleus. Les musiciens bâtissent un labyrinthe où, inquiet et ému, le public se perd. Guidé par le chant de Neige, fil d’Ariane sonore, mélopée susurrée, il est soudain surpris par les cris des "Oiseaux de Proie", morceau emblématique du talent d’ALCEST quand il n’oublie pas ses racines black. Parfois, au détour d’un sombre recoin, jaillit une rythmique quasi pop, qui éclaire les ténèbres de "Percées de Lumière". Le groupe, à l’image de son frontman réservé, presque fragile, communique peu, à l’exception de l’amorce d’ensorcelant "Autre Temps", qui voit le guitariste inciter la fosse à claquer des mains. Envoûtante, l’heure de ce concert intime se clôt sur le beau "Deliverance".

Dans la salle, les t-shirts à l’effigie de groupes 100% metal et les vestes à patchs sont légions. Étonnant de voir les amateurs de musique puissante et heavy rester fidèles à Anathema qui, depuis longtemps déjà, navigue dans des eaux plus calmes et plus limpides ; derrière les tatouages se cachent de petits cœurs sensibles à la beauté angélique, aux compositions emplies d’émotions.

Les Anglais signent un concert magnifique, frôlent sans cesse le sublime, le touchent parfois, comme lors des rappels. Danny, qui a dû passer une grande partie du show assis en raison d’un mal de dos, tient à s’excuser : il offre à une salle ébahie deux pépites de « Judgement », "Deep" et "One Last Goodbye". Cette paire d’as de cœur précède le traditionnel bijou final, l’intro de "Shine On You Crazy Diamond" (PINK FLOYD) accolée à "Fragile Dreams", ultime fulgurance d’une soirée intense et parfaite.



Deux heures plus tôt, devant un écran qui diffuse des images en accord avec les morceaux joués – voiture qui roule dans la nuit, en écho à « The Optimist », et références aux pochettes des albums mis à l’honneur – le groupe lance l’instrumental "San Francisco" et enchaîne avec les deux "Untouchable", perles aux guitares fluides où se mêlent en une union quasi-divine les voix de Vincent, souvent douce et posée, et de Lee, plus dans l’énergie. La richesse émotionnelle des morceaux contraste avec les longues tirades, en français, du frontman, taquin et blagueur. « Je vais essayer mon français ce soir ; tant pis si je dis des conneries ! ». La section rythmique reste en retrait, dans l’ombre, concentrée sur ses parties.

ANATHEMA privilégie les titres de son dernier album – mention spéciale pour "Springfield" et "Endless Ways" – et s’attardent sur « Weather System », oeuvre qui « porte le soleil noir de la mélancolie », à l’image de "The Beginning And The End". Les chansons du groupe, magnifiées sur scène, dégagent une indéniable tristesse, mais une tristesse chaude, dans laquelle il est doux de se lover.


Portfolio © Raphaël Meert / Hard Force


Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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