14 octobre 2017, 23:59

SIDIFEST: SIDILARSEN + BLACK BOMB A + GOROD + SEVERNY FLOT + HANIBAL DEATH MACHINE

@ Toulouse (Le Bikini)

La scène metal toulousaine (dans son ensemble et au sens large du terme), est en pleine forme, en pleine effervescence, et ce samedi soir on a le plaisir d’assister à un de ces points culminants avec le prestigieux vingtième anniversaire de "nos" SIDI’ préférés !

En effet, on ne saura trop dire s’il s’agit de la conjoncture d’un quelconque alignement cosmique ou tout simplement le fruit du hasard, mais en ce moment plusieurs événements importants s’enchaînent à vitesse grand V : pas plus tard qu’hier, le vendredi 13 donc (coïncidence ? Je ne crois pas) c’est PUNISH YOURSELF qui sortait son nouvel album, « Spin The Pig », et aussi RUFUS BELLEFLEUR qui donnait un concert au Rex pour le lancement de son prochain album ! Quelques jours avant, les PSYKUP dévoilaient leur nouveau clip après une soirée cabaret mémorable (voir le portfolio), et avant leur futur gros concert, au Bikini toujours, le 07 Décembre prochain. Là encore avec la captation pour un futur live en vidéo.

Mais, ce soir, ce sont les SIDILARSEN qui sont à l’honneur en célébrant à la maison 20 ans d’existence… Et croyez-nous: ils ont la pression, mais la pression positive c’est certain ! Au-delà de cet anniversaire, c’est vraiment toute cette scène toulousaine qui est à l’honneur et cette date était pour nous IM-MAN-QUA-BLE ! Car, avec et autour d’eux, depuis 20 ans à Toulouse on célèbre surtout l’amitié, la solidarité, le partage, la fidélité, une certaine conscience politique et citoyenne responsable et engagée… Bref, avant tout un état d’esprit, positif à bloc, et beaucoup d’amour.

Oui, ici et maintenant, plein de souvenirs remontent… Avec la fierté de faire partie de cette scène, assez unique dans l’univers hexagonal, de l’avoir vu grandir et évoluer : et forcément le Bikini, meilleure salle de France et plus encore, est au cœur de ce rassemblement de passionnés. Moi qui ai connu, comme d’autres, ses trois versions en deux lieux différents, sais quelle importance et quelle influence cette salle, son big-boss Hervé et sa fidèle équipe autour de lui, a pu avoir sur la scène toulousaine. Combien de concerts mémorables vus ici, de rencontres effectuées… Un lieu où l’on se sent "à la maison".

J’étais au Bikini le 22 septembre 2001, au lendemain de l’explosion d’AZF (situé juste en face, de l’autre côté de la Garonne), constater les dégâts et soutenir au mieux les Sansonetto. Je me souviens d’Hervé, hagard, allongé sur un transat, ne réalisant pas encore ce qui c’était passé ; Brice, son fils (batteur de PSYKUP) jouant aux jeux vidéos dans la salle, pas encore non plus totalement conscient de l’ampleur de la catastrophe. Mais j’étais là aussi le jour de sa réouverture, après six interminables années. Oui, un Bikini qui s’est relevé et est devenu encore plus fort à l’image de cette scène toulousaine hors normes. Ce soir je repense à tout cela, aux valeurs véhiculées par le collectif Antistatic, aux multiples talents qui l’ont composé et ont gravité autour… Aux antipodes d’un music-business véreux et corrompu, non, ici c’est la sueur et la sincérité de toutes ces équipes de bénévoles qui ont fait vivre et grandir cette scène underground et néanmoins très profesionnelle. Oui, une véritable fierté mais pas de nostalgie déplacée. Si le parcours est exemplaire et le regard dans le rétro touchant, la scène actuelle et ce qui se profile à l’horizon est tout aussi excitant. Grâce aussi aux nouveaux groupes qui ont émergé ces dernières années, aux associations telles que SPM ou Noiser qui font vivre nos passions communes dans de nombreux lieux différents, aux radios locales (FMR, Mon Païs, Canal Sud)…

Le Bikini est donc réservé pour la soirée et une bonne partie de la nuit pour ce SIDIFEST, avec pas moins de cinq groupes ! Voulant donner à une formation locale l’occasion unique de se produire ici, les SIDI’ ont lancé un concours sur le net : remporté par HANIBAL DEATH MACHINE, ce sont donc eux qui ouvrent cette grande fête dans cet « Olympia toulousain » (dixit le chanteur). « Venus d’une contrée lointaine, à environ 40 kms de Toulouse, Montauban » (je cite, là encore le chanteur), ils démarrent dans une salle encore peu remplie et font résonner les premiers décibels. Personnellement pas convaincu par leur prestation. Je ne sais s’ils sont tétanisés, ou tout du moins trop impressionnés de jouer au Bikini (ils le répétent à plusieurs reprises), mais pour moi la sauce ne prend pas. Un bassiste et un guitariste trop concentrés sur leur jeu (même si on ne peut leur en vouloir), totalement immobiles tout le long de leur set, un chant qui ne m’accroche pas du tout et une danseuse orientale qui créerait plus d’effet, je pense, si elle était venu uniquement sur un ou deux titres… Et pas du début à la fin.



Le niveau monte d’un ton avec l’arrivée de SEVERNY FLOT, jeune groupe russe formé seulement depuis 2013, avec lequel SIDILARSEN a beaucoup tourné cette année. Une solide amitié s’étant créée entre-eux, ils ont donc été logiquement invités. Reconnaissants, ils arborent tous un t-shirt SIDI’ : sympa ! Bien en place, très pros, leur rock metal est à la fois actuel (gros riffs ciselés) et ancien, avec des passages carrément hard-rock 80’s et certains refrains faits pour être repris en chœur. Un style assez improbable mais qui fonctionne à merveille ici ce soir. Et le public, désormais bien plus nombreux, ne s’y trompe pas en leur réservant un super accueil ! Très bonne découverte pour moi.



C’est au tour de BLACK BOMB A de fouler la scène du Bikini et là encore il va y avoir du lourd ! La soirée va crescendo, l’ambiance est de plus en plus folle, et grâce à leur metalcore punk et rageux, les premiers slams, circle-pit et autres wall-of-death apparaissent, car attention : sur scène, les BBA font partis des tout meilleurs en France, ils connaissent la recette pour retourner une salle et s’y emploient à la perfection ! Malgré, encore et toujours, des phrases toutes faites entre les titres, comme le fameux « foutez moi un putain de bordel ! » (que j’aime à systématiquement relever !), le duo hurleur Arno/Poun et leur bande font le boulot… Petit moment de bonheur aussi pour moi : la montée sur scène d’Etienne, leur ancien bassiste (remplacé par Jacou, ex-ULTRA VOMIT), qui fut, avec ses frères, mon voisin il y a plus de 20 ans de cela ! Oui, je raconte aussi ma vie, mais je parlais en début d’article du côté profondément humain de cette scène et c’est exactement ça, là encore, avec cet exemple. Les BBA laissent un Bikini désormais chauffé et remonté à bloc pour accueillir les SIDI’ !



Certains sont étonnés de voir SIDILARSEN jouer avant GOROD, mais vu le nombre de groupes présents ce soir ce choix s’avère judicieux afin de pouvoir laisser à chacun un temps de passage décent, et donc pour les SIDI’ de ne pas commencer non plus après minuit.

Donc voilà, le moment tant attendu est là, le Bikini (qui affiche complet), fête en grandes pompes les 20 ans d’un de ses enfants prodiges : les SIDILARSEN, remontés comme jamais ! Pour les connaître depuis de nombreuses années, je trouve qu’ils ont pris une envergure hors du commun en 2017, avec la sortie de « Dancefloor Bastards » et la tournée qui a suivi : prestation plus que remarquée sur la Mainstage 1 du Hellfest, également très en forme à l’Xtreme Fest…  En toute sincérité, goûts musicaux mis à part, il s’agit aujourd’hui, selon moi, d’un des meilleurs groupe scénique en France dans leur domaine, aux côtés de MASS HYSTERIA. Show ultra pro et carré, son au top, charisme évident, une générosité et de l’énergie à revendre… Et un évident plaisir, très communicatif, d’être sur scène. Avec en plus ce soir un concert d'une durée rallongée, événement oblige, faisant la part belle aux vieux titres avec encore pas mal d’invités : le duo de hurleurs de BLACK BOMB A, Bérangère (FANEL, RUFUS BELLEFLEUR), Sabash, leur ancien guitariste, le bassiste des SEVERNY FLOT… Et surtout une partie du public invitée à monter sur scène pour partager, le temps d’un morceau, ces émotions au plus près d’eux ! Il me tarde déjà de revoir ça quand le DVD/Blu-ray sortira tant la communion est à ce point évidente et la fête intense ! "Urgence, spontanéité, sincérité et générosité" sont leurs mots d’ordre et ils sont respectés à la lettre et putain oui, nous aussi on en reprend pour 20 ans !



Après un tel ouragan d’émotion, une bonne pause s’impose, comme on dit ! Le temps de saluer de vieilles connaissances pas vues depuis des lustres, de boire un verre, discuter… Redescendre, juste un peu, sur Terre. Beaucoup quittent les lieux vu l’heure tardive, en ce qui me concerne je souhaite absolument voir GOROD… Et je crois que j’ai bien fait de rester !

C’est donc devant un parterre vidé de plus de la moitié du public que GOROD clôture cette très chouette soirée. Et, mine de rien, cela fait également 20 ans qu’ils existent eux aussi (alors sous le patronyme de GORGASM) ! Ils ont donc une sacré expérience, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça s’entend ! Originaires de Bordeaux, mais avec aussi des membres toulousains, GOROD est donc bel et bien un "groupe de la Garonne". Nous les avions déjà vu en concert il y a quelques années, sans nous souvenir qu’ils étaient si bons… Bons ? Non, ils sont juste énormes, absolument monstrueux ! Leur death technique me rappele les meilleurs moments d’ATHEIST, CYNIC, PESTILENCE aussi parfois, voire même WATCHTOWER ou CORONER. Leur virtuosité est époustouflante, et leur apparente facilité à jouer des titres aussi complexes, tout en bougeant, le sourire aux lèvres, est insultante pour le commun des mortels (et les musiciens présents dans la salle) ! C’est simple, il s’agit pour moi d’un des groupes les plus impressionnants qu’il m’ait été donné de voir, techniquement parlant, avec ces plans jazzy, cette basse bien présente, ces harmonies improbables… Oui, je suis absolument bluffé par leur niveau, par leurs compos (avec en plus un énorme son, à la fois massif et très clair), plus que comparable à n’importe quelle autre formation du genre sur la planète. J’irais très certainement les revoir lorsqu’ils redonneront un concert par ici, tant je suis scotché !

En conclusion, vive (encore longtemps) SIDILARSEN et la scène rock-metal toulousaine ! Continuons à aller aussi nombreux aux concerts, au Bikini et dans toutes les bonnes salles de la ville… Et gardons surtout ce formidable état d’esprit.
Bon anniversaire encore à vous les SIDI’ !

Photos © Fred Moocher - Portfolio


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