L'ESPRIT DU CLAN est la tête d’affiche de la soirée du 28 octobre au Metronum. En regardant bien les groupes qui l’accompagnent, la notion de "clan" est bien présente. Le hardcore français signe ici quelques-unes de ses perles, à venir acclamer à Toulouse. REAL DEAL et IN OTHER CLIMES, les premiers à se présenter, sont des groupes si énergiques et parfaitement adaptés à l’esprit de la soirée, qu’ils partagent finalement la vedette avec ALEA JACTA EST et L'ESPRIT DU CLAN. Ces derniers étant impatiemment attendus par les toulousains !
La petite cour du Metronum de Toulouse s’est vu ébranlée lorsqu’a retenti les premières notes. Un seul réflexe pour le public, qui profitait de la soirée en buvant tranquillement une bière : passer le sas de la grande salle et s’enfoncer dans la noirceur du bâtiment, à la rencontre de ceux qui en faisaient trembler les portes, REAL DEAL.
Formé en 2012 et originaire de Tours, face au Metronum, au commencement presque vide puis peu à peu empli par le flux de personnes se déversant de la cour. Au son de "Rotten Mood", tiré de leur album éponyme, il est facile de se laisser submerger par l’énergie que véhiculent ces riffs rapides et saturés. Ce son saturé provenant de guitaristes aux sourires carnassiers prenant un plaisir certain à projeter leur musique à la face du public. Une musique ponctuée par un son de basse étonnant, accentué, mélodieux et presque funky.
Guidés par un frontman qui restera un mystère tout le long de la prestation, le visage dissimulé par l’ombre de sa casquette. Énigmatique et énergique, doté d’une voix cassée, hurlant sa rage à peine dissimulée sous un professionnalisme remarquable, il se déplace de façon presque féline. Arpentant la scène, ils cessent parfois leur sauts pour se retrouver autour du batteur. Dos au public rassemblant, comme une meute, leurs forces face à l'assistance qu’ils ont réussi à attiser.
Une provocation évidente, une invitation à se déchaîner pour débuter cette soirée. Une invitation visiblement acceptée et appréciée.
Le feu attisé par REAL DEAL se transforme en vrai brasier à l’arrivée de IN OTHER CLIMES. A la seconde où ils surgissent sur scène, ce n’est qu’un déchaînement absolu dans le public.
Mélangeant le hardcore et le thrash, le groupe provenant de Nice, provoque l’incrédulité puis la violence sur leur passage. Doté d’un frontman impressionnant, cherchant à rassembler la foule dans une agressivité commune, il s’agenouille fréquemment au bord de la scène. Il encourage chaque personne à se dévoiler, à se laisser aller. Les circle-pit se forment rapidement, les verres de bières plus ou moins goulûment vidés, volent à travers la salle. Le micro du chanteur tournoie joyeusement sur scène, tandis que les guitaristes s’écartent pour se mettre à l’abri. Il se crée donc un vortex, causé par les sauts du frontman qui s’enchevêtrent dans ses fils mais également un vortex dans le public qui forme un circle-pit autour de la régie-son au milieu de la salle. Ne se limitant plus à la fosse désormais, ils rasent les murs enfermant la partie de la foule plus calme et la régie dans une tornade de bras et de jambes semblant désarticulés.
Ces actions de rassemblement mettent l’accent sur le partage et le mélange des genres. On le constate d’autant plus avec "Domination" de PANTERA qui résonne au milieu du set et le chanteur qui distribue des goulées de son whisky au premier rang. L’ultime référence est "Ride The Lightning" de METALLICA qui clôt la prestation remarquée de IN OTHER CLIMES.
Après ces deux groupes, le public est prêt et n’attend qu’une seule chose : ALEA JACTA EST. Le groupe débarque sur scène et continue sur la lancée de leurs premières parties. L’excitation et la tension atteignent leurs plus hauts points. Les Toulousains sont à domicile et comptent de nombreux fans, certains venus uniquement pour eux. ALEA JACTA EST était venu l’an dernier au Metronum pour fêter ses dix années d’existence et récidive ce 28 octobre 2017.
C’est justement le refrain de "Tell Them" qui résonne et embrase la foule ; le clip du morceau fut tourné l’an dernier à Toulouse. C’est à coup de « AHOUH » durant "From Silence I Rise" que le frontman enrage le public, déjà suffisamment bousculé par la rythmique. Les corps possédés par la puissance des infra-basses continuent de s’animer face à un groupe prêchant l’amusement et la bagarre. Toutefois, l’esprit du groupe, aussi immergé dans cet univers de divertissement, a tendance à négliger la musique avec des riffs redondants. Hermétique au style du groupe, il faut quand même reconnaître son efficacité en live pour faire passer un bon moment aux fidèles, revenus cette année pour les accueillir.
Des coups sourds et perçants retentissent dans la salle. Le set de L'ESPRIT DU CLAN commence. Le chapitre IV, et dernier de cette soirée, vient de débuter. Le dernier album en 2016 a marqué leur retour et c’est avec cette pensée en tête, que le public, vidé de son énergie par les prestations précédentes, est comme ressuscité à leur son. Renaissance pour voir Arsène, désormais seul frontman du groupe, occupé noblement la scène. Un grand sourire manifeste leur plaisir d'être parmi nous tous au sein du Metronum, ceux qui sont restés pour terminer la soirée en beauté devant L'ESPRIT DU CLAN, devant ces "rats des villes", venus tout droit de Paris.
L'ESPRIT DU CLAN porte si bien son nom. Un clan sur scène, en adéquation entre eux, riant en partageant leur musique et leur vision axées sur le dernier album. Un disque qui reste positif même en abordant des sujets des plus importants, amenant à la réflexion. Mais la réflexion, aussi bénéfique soit-elle, n’est pas de mise en live, les rythmes saccadés laissent uniquement place à la délivrance des corps. Des corps mouvants dans la fosse comme sur scène, sur laquelle les musiciens ne tiennent pas en place et offrent un vrai spectacle au public. Un concert transpirant l’amitié et la détente puisque des amis s’invitent sur scène pendant les morceaux et les encouragent... poussés jusqu’au ravitaillement du whisky...
Une ascension impressionnante de l’animosité se fait sentir pour la dernière partie du set durant laquelle la musique se fait plus intense, plus pressante, jusqu’à Ben, l’un des guitaristes, qui en casse une corde lors du dernier morceau. Ce dernier acte achève la prestation de L'ESPRIT DU CLAN ainsi que la soirée appréciée par le public venu se délecter d’un hardcore 100% français.
(Laura Bagnara)
Set-lists
Photos © Fred Moocher - Portfolio
