Il était dit que la fin de ce 25e festival de Noël organisé sur trois soirs par Execution Management serait placé sous le signe de la féminité. Du coup, VOICE OF RUIN et son grand chanteur barbichu en ouverture semblaient s’être légèrement trompés de salle, un poil (ah ah ah) hors sujet quoi... Mais finalement pas tout à fait puisque leur death metal vigoureux s’avéra parfait pour creuser une voie royale à cette soirée en mode bulldozer. Forts de trois albums studio dont « Purge And Purify » sorti cette année, techniques et parfaitement en place, les Suisses ont fait le job à défaut de transcender par leur originalité. Une bonne entrée en matière quoi qu’il en soit !
Les Français NIGHTMARE ont quant à eux connu un renouveau totalement inespéré avec l’arrivée en 2015 de l’exceptionnelle chanteuse belge Magali Luyten. Hélas, leur heavy thrash au volume sonore trop élevé (peut-être à destination du public âgé et sourd qui suit le groupe depuis 1979...) a considérablement nuit à la performance de ce soir, multipliant les larsens et noyant les parties solo comme les chœurs dans des infra-basses dévorantes. Une prestation en demi-teinte donc pour les Grenoblois d’autant plus triste que leur excellent et dernier album « Dead Sun » méritait sans doute un meilleur sort. Mais le potentiel pour accomplir de grandes choses est désormais présent chez NIGHTMARE, c’est une évidence, sans doute plus que jamais auparavant.
La grande surprise de la soirée revient sans aucun conteste à la toute nouvelle formation suisse CELLAR DARLING formée par d’anciens membres d’ELUVETIE. Anna Murphy, la petite chanteuse à la vielle à roue et à la flûte traversière a su charmer son auditoire telle une sensuelle dresseuse de serpents orientale (notamment avec le fabuleux titre "Avalanche"), déployant de véritables trésors de vocalises. Secondée par des musiciens aussi discrets qu’efficaces dans un style très moderne en dépit des apparences, sa voix très proche de celle d’Anneke van Giersbergen accomplit des miracles d’émotion, préparant le terrain aux Italiens LACUNA COIL venus défendre à Limoges leur huitième album.
Des Italiens partiellement amputés de leur bassiste Marco Coti Zelati, malade, qui a tenu quand même une grande partie du set avant d’abdiquer. Si les versions studio de « Delirium » ont laissé une impression mitigée à la critique, elles prennent une toute autre dimension sur scène : "The House Of Shame", "You Love Me ‘Cause I Hate You" et surtout l’excellent "Take Me Home" n’eurent aucun mal à conquérir l’assistance. Et même si cela n’avait pas été le cas, l’incontournable reprise de DEPECHE MODE « Enjoy The Silence » repris en chœur par la foule ou les hits "Spellbound" et autres "Naughty Christmas" de circonstance auraient de toute façon fini de rallier les plus septiques. Sur scène, Cristina Scabbia prouve que les brunes ne comptent pas pour des prunes (hé oui la culture ne consiste pas à ne retenir que des trucs bien...), se complétant à merveille avec son comparse Andrea Ferro… et les samples de ses propres vocaux. Voilààààà ... C’est dit !
Derrière les fûts, le grand batteur Ryan Folden assure avec une conviction et une implication qui font plaisir à voir, comme le nouveau gratteux Diego Cavalotti, très concentré sur ses guitares Jackson sept cordes et de très loin le meilleur soliste de la soirée. Probablement du festival tout entier aussi, du reste…
Ainsi se clôture ce festival de la plus belle des façons avec le groupe de la belle iIalienne. Arrivederci !
Photos © Didier Rivet