22 janvier 2018, 23:53

ARCH ENEMY + WINTERSUN + TRIBULATION + JINJER

@ Toulouse (Le Bikini)

Il n’est pas tout à fait 18h, soit très tôt pour un concert, que le parking du Bikini affiche déjà complet ! Etonnant pour un lundi, et c’est tant mieux : ainsi malgré l’heure “tôtive”, pas mal de personnes vont pouvoir assister au set de JINJER, groupe qui fait de plus en plus parler de lui ces derniers temps.

Les Ukrainiens montent sur scène à 18h10 et je suis d’entrée scotché par l’énorme mur sonore déployé : pour une première partie, le son est vraiment excellent et permet d’apprécier au mieux leur style musical résolument moderne. Difficile d’ailleurs de les définir précisément, mais disons que sur une base metalcore, JINJER développe des passages techno-death (les plans les plus planants ne sont pas sans évoquer CYNIC par exemple) ou plus progressifs. Un style à la fois complexe et technique, mais pas démonstratif et plutôt accrocheur. Certains passages, aux changements de rythme alambiqués, me font parfois aussi penser à TO MERA, MESHUGGAH voire même OPETH. Forcément, le groupe étant emmené par une chanteuse, celle-ci concentre toute l’attention sur elle ; il faut dire qu’elle est très impressionnante : niveau grunts, screams et autres hurlements, en matière de chant féminin, je ne pense pas avoir entendu un tel niveau jusqu’à présent ! Tatiana n’a vraiment rien à envier aux Alyssa et autres Angela, ça c’est certain. D’autant plus qu’elle alterne aussi plutôt brillamment en voix claire, même si j’ai trouvé ses premières interventions pas toujours très justes. Une excellente découverte pour moi et je pense sincèrement que le groupe va cartonner dans les années à venir. Il le mérite et possède encore une belle marge de progression. « A suivre », comme on dit, notamment avec son troisième album prévu pour cette année.



En cherchant un peu, je m’aperçois en fait que pas mal de groupes portent, ou ont porté, le nom de TRIBULATION : deux aux Etats-Unis, un au Chili, un en Norvège et même encore un groupe de thrash suédois (comme eux) qui avait sorti un album en 1991 chez Black Mark ! Peu importe, ce TRIBULATION-là est unique et a acquis ces dernières années une “fan-base” solide et un bon petit succès. Il faut dire que, depuis plus de quinze ans déjà, ils ont développé un style qui leur est propre : une sorte d’horror-gothic dark-rock mâtiné de black à la fois groovy et très froid aux influences souvent puisées dans les 70’s. TRIBULATION me fait donc penser à plein de bonnes choses : au Alice Cooper de « Black Juju », au SAMAEL des débuts (la voix), à GHOST aussi, parfois plus dans l’esprit que dans la forme, à THE VISION BLEAK, etc. Et ce soir, ils sont juste excellents ! Bien plus dans leur élément dans la pénombre d’une salle qu’à 11h du matin sous une tente au Hellfest comme il y a trois ans (même si c’était déjà très bien) ! La brume verdâtre rampant sur les froides tombes, les apparitions d’ectoplasmes et autres formes spectrales et squelettiques ne sont pas loin à l’écoute de leurs glaciales mélodies. Leur look très horror rock des années 70 ne laisse pas non plus indifférent : le blond guitariste Jonathan Hulten (aussi connu sous le pseudo de Necromantic Art pour ses illustrations, notamment celles du groupe) me fait penser à une version amaigrie de Gene Simmons à ses débuts avec ses longues manches et son torse apparent ! A revoir avec plaisir pour les Toulousains le 5 avril prochain au Metronum (avec INSOMNIUM).



Troisième groupe de la soirée, très attendu par beaucoup (il s’agit pour eux aussi de leur première venue à Toulouse) : les Finlandais WINTERSUN. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié leur premier album, mais je n’arrive pas à accrocher sur ce qu’ils ont sorti par la suite : « Time I » et « The Forest Seasons », beaucoup trop pompeux et lyriques à mon goût. Et ça, les goûts, ça ne se discute pas… Néanmoins, je tiens à voir ce qu’ils donnent dans des conditions aussi bonnes que sur la scène du Bikini : le son, là encore, est clair et puissant, mais rapidement je me lasse. “Too much” vraiment : les compos sont noyées sous trop d’arrangements, de bandes, d’orchestrations qui donnent la nausée à la longue… Et je n’ai pas l’impression de voir du vrai live mais un groupe qui s’appuie sur trop de samples. L’absence du bassiste, souffrant, se comble là encore par une ligne de basse en play-back : c’est mieux que d’annuler certes, mais bon… Non, vraiment j’ai du mal à accrocher, surtout à leur style musical quand celui-ci devient trop “power metal” et lyrique avec ses chœurs insupportables (d’ailleurs pas toujours très justes ce soir : comme quoi là, c’était bien du direct !). Après, oui ce sont des monstres de technique mais, à mon humble avis, ils en feraient moins, leur musique gagnerait en efficacité et en accroche. Car le côté mordant et incisif (qui fait parfois penser aux débuts de DARK TRANQUILLITY et de CHILDREN OF BODOM) de leur metal typiquement nordique est en revanche très bon. En tout cas, pas vraiment ma came mais ceux qui aiment ne semblent pas avoir été déçus, bien au contraire, et c’est bien là le principal !



Après être passé en décembre 2014 avec KREATOR, déjà au Bikini, puis en novembre 2015 avec NIGHTWISH (au Zénith), ARCH ENEMY revient cette fois à Toulouse en tête d’affiche en ce début d’année. L’occasion alors de les apprécier à leur juste valeur dans des conditions idéales. Leurs deux derniers albums (depuis l’arrivée d’Alyssa au chant, puis de Jeff Loomis à la guitare) ont cartonné et, grâce aussi à des tournées intensives, ont remis le groupe au tout premier plan ; même si le côté trop facilement mélodique a pu rebuter certains fans… mais aussi en attirer d’autres.

Certes, les dernières compos du groupe sont un peu toujours construites sur le même schéma, avec ces lignes mélodiques si typiques, mais je pense qu’on ne peut quand même pas décemment parler de “musique commerciale” tout de même (terme qui ne veut de toute façon rien dire) ! Disons qu’ARCH ENEMY a créé plusieurs ponts entre musique extrême et metal plus abordable et a certainement fait quelques concessions pour être le plus accrocheur possible. En tout cas, force est de constater que les derniers titres, logiquement majoritaires, passent super bien en live comme le débridé “The Race” ou bien “Blood in the Water”, “The World Is Yours” et “The Eagle Flies Alone”, entre autres, dont l’efficacité n’est plus à démontrer… Une setlist très complète d’ailleurs.



Alyssa, toujours en français avec son charmant accent québecquois, nous apprend qu’ils ont bien failli annuler le concert de ce soir à cause de soucis de santé ayant conduit à une extinction partielle de sa voix : honnêtement, si elle ne l’avait pas dit, combien auraient pu se rendre compte qu’elle était diminuée physiquement et vocalement ?! Chapeau alors car c’est vraiment imperceptible tant elle se donne à fond, comme toujours, rugissant et bondissant un peu partout !

Niveau guitares, c’est  un régal de voir Mike Amott et Jeff Loomis se donner le change et rivaliser de technique : leurs jeux respectifs est toujours aussi propre et impeccablement exécuté… Rien ne dépasse ! Quant à la section rythmique D’Angelo/Erlandsson elle est tout simplement monstrueuse ! Rien à redire, un très beau et bon moment pour une soirée idéale ; certains se plaindront peut-être que le concert a démarré trop tôt, comme souvent en semaine, mais au moins, les trois groupes d’ouverture ont ainsi pu bénéficier d’un temps de passage décent et de très bonnes conditions scéniques. De plus, l’affiche est bien variée avec des groupes au style très différent les uns des autres. Je pense que chacun a pu y trouver son compte, même en n’appréciant pas forcément les quatre groupes.


Photos © fred Moocher - Portfolio


Blogger : Ludovic Fabre
Au sujet de l'auteur
Ludovic Fabre
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK