L'Irlande est peu représentée question metal mais PRIMORDIAL fait office de figure de proue depuis 25 ans avec son black/pagan metal bourré de sens et de feeling. Le nouvel album « Exile Amongst The Ruins » ne fait pas exception à la règle. Ses 8 titres véhiculent une énergie toute païenne et le mélange de styles qu'il contient en fera, à n'en pas douter, une œuvre majeure dans la carrière du groupe.
Dès le premier titre 'Nail Their Tongues', on retrouve le côté pagan et spirituel de PRIMORDIAL avec une intro au son de cloches et de guitares claires. Puis un rythme mid-tempo s'impose avec des riffs répétitifs et mélodiques surmonté de la voix incantatoire de Alan « Nemtheanga » Averill qui se transforme en growls hargneux à quelques moments. Toute en intensité grandissante, ce premier morceau ancre l'auditeur dans le domaine des Dieux de tous horizons avec force et beauté. Subjugant !
'To Hell Or The Hangman ' est plus rapide et plus heavy mais tout aussi pagan par l'atmosphère et l'orchestration. L'ensemble se tient sur la répétition des riffs et des rythmes pour donner un titre entraînant, bien qu'un peu long.
'Where Lie The Gods' est un des titres les plus aboutis de l'album avec des rythmes martelés, des guitares saturées et une voix mi chantée, mi hurlée qui sont comme un appel chamanique résonnant dans les plaines vertes du Connemara. L'ensemble est lourd et tranchant bien que mélodieux.
Le titre éponyme 'Exile amongst the ruins ' est quand à lui mélancolique et accessible, mélangeant volontiers son clair et saturé, toujours dans la pureté et l'essentialité jusqu'à l'outro hyper mélodique où la basse mise en avant permet un ancrage profond dans la terre des Dieux.
'Upon Our Spiritual Deathbed' sonne plus martial grâce à son très lourd et une voix plutôt hurlée et grave. Le thème général est plus sombre, la musique plus brute mais l'ensemble est on ne peut plus euphorisant.
'Stolen Years' et sa longue intro instrumentale se déroule comme une histoire légendaire. C'est un titre très atmosphérique, prenant aux tripes. Le rythme est lent et langoureux, les guitares sont pénétrantes et la voix nous transporte sur un terrain spatio-temporel reculé et mythique. C'est le titre phare de l'album.
'Sunken Lungs' nous fait donc ressortir de cette espèce de langueur qui nous convenait bien. C'est le titre le plus énergique et épique de l'album mais difficile de s'y plonger après le précédent 'Stolen Years'. Sa place dans l'album joue en sa défaveur bien que le morceau soit de qualité.
Enfin 'Last Call' clôt ce fabuleux « Exile Amonsgt The Ruins » avec tout ce qui fait l'essence même de PRIMORDIAL. C'est le titre le plus fidèle à ce que nous ont présenté les irlandais dans leur carrière mais avec une maturité et un son doom très travaillé. Les breaks et la voix presque parlée sont des moments de véritables extases qui résonnent au milieu de passages lourds et sombres. Un beau moyen de fermer la porte sur un monde mystérieux tellement bien mis en exergue.
Avec « Exile Amongst The Ruins », PRIMORIDAL réussit une fois de plus à sublimer l'essence de son art et prouve que rien ne vaut la sincérité sans artifice d'un metal sans fioritures.