Un coup de poing dans la gueule ! « White Colossus », le premier album de DISCONNECTED, jeune groupe originaire de l’Aube, composé d’Adrian Martinot (guitare), membre de MELTED SPACE, Ivan Pavlakovic au chant (HEAVY DUTY), Aurélien Ouzoulias derrière les fûts (MÖRGLBL, SATAN JOKERS, Ron Thal), Romin Manogil pour les guitares rythmiques, qui a depuis quitté l'aventure pour être remplacé par Florin Merindol, et Romain Laure à la basse, est à l’image de l’artwork de sa pochette réalisée par Flôw Chromatorium qui a travaillé pour HEART ATTACK : très travaillé, atmosphérique, complexe, électrisant et puissant.
Dès le premier titre, "Living Incomplete", on rentre dans cette atmosphère planante, lourde de riffs pêchus, incisifs et d’alternance de chant clair et saturé. Des nappes de claviers assurées par Pierre Le Pape (Monsieur MELTED SPACE), et un fil commun sur le thème de la déconnection dont les textes écrits par Ivan ne font que renforcer cette sensation d’être entre pesanteur et apesanteur. "Blind Faith" le confirme et affirme haut et fort l’inutilité et la violence qu’engendre une fois aveugle. Le tempo ralentit un peu avec "Wounded Heart" et donne le plaisir de savourer la voix claire du chanteur, l’énorme travail effectué sur les chœurs, la précision chirurgicale de la batterie. Vient ensuite le titre éponyme "White Colossus", introduit par un riff qui fait mouche, excellente chanson bien construite autour d’un refrain mémorisable rapidement. "Feodora" sera la power-ballad de ce CD, sensible et sensuelle, mélodique et peut-être la plus accessible de cet album, mais non dénuée de pouvoir d’attraction… Joli coup de cœur, tout comme la précédente.
La fort sympathique "Losing Yourself Again" reprend un rythme plus accéléré, après une intro faussement calme et le tempo n’est pas près de retomber avec "Blame Shifter", le titre le plus complexe avec ses mesures asymétriques et son rythme très technique. La dextérité d’Aurélien Ouzoulias est épatante, même si cette chanson en particulier nécessite plusieurs écoutes pour être appréciée à sa juste valeur. Les guitares sont ciselées au millimètre près. "For All Our Sakes" est un titre long, réunissant plusieurs univers différents : intro orientalisante, growls puissants, rythme speed, guitares virulentes. Un joyeux melting-pot d’influences qui fonctionne pourtant très bien grâce à l’osmose parfaite et la virtuosité des musiciens.
"The Wish" est plus directe, « dans ta face ! », comme dirait un ami très cher. Refrain imparable et belle mélodie. L’album se termine sur "Armageddon", un autre coup de cœur, qui possède un riff d’intro franchement excellent. C’est une chanson atmosphérique, progressive et puissante, bien choisie pour clôturer ce premier essai franchement réussi de DISCONNECTED.
Signé chez Apathia Records, le groupe peut se permettre d’aspirer à un bel avenir, tant les compos de cet album sont abouties, structurées et peaufinées. Le seul petit reproche que l’on pourrait faire (mais en est-ce bien un ?) serait de ne pas nous avoir proposé un album plus direct et dépouillé. En effet, les titres, tous plus riches les uns que les autres, nécessitent une oreille attentive et maintes écoutes pour en déceler toutes les subtilités. Mais l’univers de DISCONNECTED est construit sur d’excellentes bases avec des musiciens au professionnalisme assuré et nous laisse espérer le meilleur pour la suite. C’est tout le mal qu’on leur souhaite. Les groupes français ont aussi leur mot à dire !