Le nouveau projet parallèle du créateur et compositeur de NIGHTWISH, Tuomas Holopainen, accompagné de son épouse, Johanna Kurkela et du multi-instrumentiste Troy Donockley, porte le doux nom d’AURI, et ce n’est en aucun cas du metal. Mais il s’agit d’une musique créative, planante, et porteuse de rêves.
Comment en effet ne pas fermer les yeux et se laisser bercer par la voix sublime de Johanna Kurkela, et les ambiances originales qui découlent de ses compositions. Depuis toujours, Tuomas Holopainen a été inspiré par ses lectures et cette nouvelle création ne déroge pas à la règle, puisant ses sources, entre autres, dans les œuvres de Patrick Rothfuss, dont l’un des personnages s’appelle Auri. Cependant, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les livres de l’écrivain pour apprécier cet album et se laisser porter par la magie qui en découle.
Bien loin de la puissance symphonique et du côté grandiose qui caractérisent NIGHTWISH, nous sommes ici en présence d’un pur joyau de simplicité musicale, de fusion des influences et de poésie atmosphérique. Pour ouvrir l’album, "The Space Between" est la chanson parfaite, avec sa rythmique d’intro presque africaine, ses claviers aériens et sa cornemuse celtique. Un rêve éveillé dans la tête d’Alice, un voyage au pays des songes qui se poursuit avec "I Hope Your World Is Kind", somptueuse chanson entre ciel et mer. "Skeleton Tree" est une chevauchée au milieu des dunes, une cavalcade dans le désert, aux accents orientalisants. Puis, aux premières notes de "Desert Flower", nous avons le plaisir d’entendre la voix magnifique de Troy Donockley qui se marie à merveille à celle de Johanna. Ils nous délivrent un duo exquis et doux comme du miel. "Night 13" qui a judicieusement été choisie comme premier single est une chanson qui pourrait évoquer la vie après la mort vue au travers des multiples cultures et religions, mais plus généralement de régénération. Et bien loin de nous donner le blues, elle s’envole dans une brassée d’espoir.
Retour sous le soleil du désert avec les sons orientaux de "See", où l’on pourrait presque voir les branches des palmiers et les serpents danser sous la brise chaude du Sahara. A moins que ce ne fût un mirage… A vous de voir. "The Name Of The Wind" remet le piano de Tuomas au premier plan, et décidément, que cet homme a du talent ! Avec cet album, on a l’impression de revenir aux prémices de ce qu’était NIGHTWISH au commencement, dans l’esprit de Tuomas : musique planante (claviers et cordes) et voix féminine en avant. "Aphrodite Rising" est une ode à l’amour universel, amour de la nature, de l’humain, de la vie sur Terre. "Savant" est le titre le plus étrange de l’album, avec des claviers aléatoires et des cassures de rythme, accordés (ou désaccordés, c’est selon) avec une voix d’outre-tombe. "Underthing Solstice", avec ses cordes nostalgiques et ses accents orientaux-irlandais, nous berce de mélancolie, nous laissant un goût de fin et la tristesse qui l’accompagne. Le temps des adieux ?
La dernière chanson de l’album, "Them Thar Chanterelles", représente « la danse universelle sur la vie », pour reprendre les termes de Tuomas Holopainen. Les chœurs sont très travaillés et l’ambiance celtique est plus présente que jamais. Une invitation à la communion avec la nature, une célébration de la vie, une explosion de joie dans un grand éclat de rire légèrement alcoolisé.
« Auri », l'album, est une superbe balade au sein du monde, un mélange d’influences et de genres, un melting-pot assumé et revendiqué, une parenthèse entre rêve et réalité où les arbres parlent et les humains chantent.
AURI, le groupe, est la rencontre de trois êtres talentueux, intuitifs et créatifs qui se sont connectés les uns aux autres pour nous délivrer une musique hors de l’espace et du temps. Un projet qui, semble-t-il, sera amené à perdurer. Tel en est le souhait des trois membres. Puissent-ils dire vrai, tant ce premier album enchanteur nous donne envie d’en savourer encore plus.
