Les Anglais ARENA remettent le couvert 3 ans après le précédent et qui s’en plaindrait ? Le groupe de Clive Nolan (PENDRAGON) et du premier batteur de MARILLION, Mick Pointer, livre régulièrement, depuis 23 ans et au fil de line-up divers, des albums plutôt constants en qualité. Si le précédent était sympathique, il est vrai qu’on attend toujours de la part de ce groupe une fulgurance de l’époque de « Songs From The Lion’s Cage » (1995) ou de « The Visitor » (1998). Annoncé comme une suite à ce dernier (« Double Vision » est le titre d’un de ses morceaux), le nouvel opus ne se démarque en rien de l’identité musicale du groupe : c’est du progressif mâtiné de metal plutôt bien fichu. Mais c’est sur les compos que l’on attend plus particulièrement ARENA dont la marque de fabrique est une recherche mélodique parfois rudement efficace. "Zhivago Wolf" annonce la couleur : ça tabasse, ça joue très bien, on est en terrain connu même si c’est sur le titre suivant que l’on retrouve la verve du groupe. En effet, "The Mirror Lies" est le morceau qui se démarque clairement de l’album par l’originalité de sa construction, la qualité de son riff et de son refrain. Très "heavy", c’est d’ailleurs sans doute leur meilleure compo depuis celles de « Pepper’s Ghost » en 2005.
Dans une moindre mesure, mais avec mention, on retiendra également le très bon "Paradise Of Thieves", véritable hymne de concert, à la production généreuse en nappes de chœurs et grosses guitares, où Pointer s’en donne, plus que jamais, à cœur joie. Idem pour "Red Eyes" d’ailleurs, même si l’inspiration n’est pas au diapason. "Scars" est une pure ballade progressive à la construction très (trop ?) classique mais qui se décline dans sa seconde moitié, bien plus intéressante d’ailleurs, en un feu d’artifice instrumental.
C’est dommage que l’album peine à tenir sur la longueur, "Poisoned" se traîne et "The Legend Of Elijah Shade" pêche, sans doute, par trop d’ambition. Long morceau à tiroirs, dans la plus pure tradition progressive, il s’embourbe dans les méandres tortueux de ses plus de 20 minutes.
En bref, « Double Vision » fait partie des bonnes livraisons d’ARENA, et malgré ses défauts, on y retrouve une grosse production et ce plaisir de jouer qui a toujours été l’apanage de ce groupe constant et attachant.