16 mai 2018, 16:49

LABELS ET LES BETES

• "Le côté obscur de la force métallique - Episode 10"

Blogger : Crapulax
par Crapulax

« En mai, fait ce qu’il te plaît » : nos trois trublions de HARD FORCE ont pris le dicton au pied de la lettre, partant une nouvelle fois dans les endroits les plus obscurs de la planète (numérique) quérir les prochaines douceurs sonores qui feront la Une de demain… ou pas ! 
C’est ce vieux biker de Crapulax qui a voyagé le plus loin sur sa Harley-Davidson dans sa Twingo rouge pomme, se retrouvant à la suite d’une horrible méprise coincé dans la soute d’un paquebot en partance pour l’Indonésie. Encore plus aventureuse, Aude a rejoint le Pôle Nord à la rame en tongs et T-shirt à la recherche de ses péchés mignons encore coincés dans la glace. Quant à Clément, envoyé en stage découverte à l’abattoir de la ville (après avoir été viré de la morgue de l’hôpital parce qu’il mordillait les pieds des cadavres...), il est revenu le sourire aux lèvres les poches remplies d’échantillons moisis grouillants de vers et de mouches. 
Plus extrême que ces trois-là, tu meurs !


HAEMORRHAGE : « We Are The Gore » (Relapse Records)

Tous les amateurs de tripes pourrissantes au fond d’un seau, de traces de sang jonchant le sol, de cadavres suspendus à des crochets de boucher dans des caves insalubres et mal éclairées connaissent forcément ces serial grinders espagnols qui sévissent depuis 1992 !

A l’origine infâme boucherie sonore sur K7 audio Maxell, les Madrilènes se sont affinés avec les années en pratiquant depuis 2005 (« Apology For Pathology ») des opérations chirurgicales à corps ouverts en toute légalité. Il faut dire que depuis l'obtention de leur (faux) diplôme de chirurgiens, les membres d’HAEMORRHAGE prennent beaucoup plus soin de leurs instruments de dissection qu’auparavant, peaufinant leur art en s’inspirant des références en la matière (au hasard… CARCASS ?). Résultat ? Ce septième album en 25 ans de carrière, extirpé l’année dernière des cadavres putréfiés des comiques névrosés de Relapse Records. 

Surprise, « We Are The Gore » possède un son super propre (façon de parler !), très bien produit puisqu’à aucun moment un instrument n’empiète sur un autre, d’une violence primale éminemment  brutale ("Transporting Cadavers") avec mentions spéciales au batteur absolument impérial, aux vomissements hyper réalistes du chanteur et au soliste qui rendrait le gore presque beau.
Presque… (Crapulax)



METALLIC ASS : « Thrash Metal 1983 » (Autoproduction)

En provenance directe d’Indonésie, de Yogyakarta pour être plus précis (héééé non, ce n’est pas une nouvelle marque de yaourt…), voici METALLIC ASS !!! Si la finesse du patronyme prête à sourire et le ridicule de l’horrible pochette de l’album encore plus, musicalement, dites-vous bien que c’est carrément autre chose : c’est le top du thrash !

Enfin... presque là aussi ! N’empêche que des soli de guitares nickel chrome et ultra techniques comme ça, même Kirk Hammett en ferait une jaunisse ! Pour le reste, les rythmiques et le duo basse/batterie sont au taquet, particulièrement bien en place. Oui, METALLIC ASS impressionne par son étonnante maturité !

En revanche, leur chanteur, comment dire... Ça n’est probablement pas son métier au départ à moins que cela vienne de la langue indonésienne. On dirait un metalleux complètement cuit qui hurlerait sur du DEATH ANGEL sans en connaître les paroles (ou sans s’en rappeler, tout dépend de son degré de bourritude).

Nonobstant ce léger détail aussi discret qu’un titre de Bézu dans la playlist de Christophe Droit sur HEAVY1, ce petit album nerveux empli de références au style (à METALLICA surtout...), est fait pour vous !  (Crapulax)



Ivar BjØrnson & Einar Selvik : « Hugsjá » (By Norse Music)

Après le succès de leur premier album en commun « Skuggsjá », Ivar BjØrnson (ENSLAVED) et Einar Selvik (WARDRUNA) reviennent avec un deuxième témoignage des coutumes norvégiennes grâce à « Hugsjá », plus moderne mais tout aussi profond.

L'origine du projet vient d'une série de concerts donnés dans le cadre du Festival International de Bergen en 2017 et intitulée "Nordvegen". Les chansons jouées ont ensuite fait l'objet d'un enregistrement pour le plus grand bonheur des amateurs de traditions vikings et ataviques.

L'ensemble des 11 titres de « Hugsjá » offre un voyage paisible le long des côtes et fjords de Norvège, pendant lequel l'auditeur se laisse bercer par les instruments traditionnels, lyre, harpe, violon accompagnés cette fois d'ambiances plus modernes avec la guitare électrique mais surtout l'utilisation de sons électroniques. Même l'orchestration semble plus actuelle, plus travaillée que sur le précédent « Skuggsjá », ce qui n'enlève rien à l'authenticité de la forme, du fond et du sens. « Hugsjá » est un album plein de magie et d'enchantement dont chacun des morceaux fera  vibrer la corde sensible de tout amateur de paganisme musical et culturel.
​Skål ! (Aude)



SOJOURNER : « The Shadowed Road » (Avantgarde Music)

Deuxième album des petits protégés de Øystein G. Brun de BORKNAGAR, « The Shadowed Road » est un joyau de black metal atmosphérique aux ambiances dignes des romans de Tolkien. Là où SOJOURNER se démarquent de leurs compères œuvrant dans ce style de black folk épique, c'est qu'ils proposent une telle variété de paysages que chaque composition apporte fraîcheur et nouveauté.

Entre les passages mélodiques aux claviers et flûte, la voix cristalline de Chloe Bray et les guitares enchanteresses, se placent les growls profonds d'Emilio Crespo, les rythmes rapides de batterie et les parties de guitares saturées virevoltantes. Le tout se mélange en une danse froide et musclée dont l'harmonie découle de la beauté de l'atmosphère dégagée et de la créativité dans la construction des morceaux.

Autant les titres les plus brutaux comme "Our Bones Among The Ruins" que les mid-tempos envoûtants comme "The Shadowed Road" ont toute leur place dans le monde mystérieux dépeint par la pochette de l'album. « The Shadowed Road » mérite l'engouement qu'il suscite et n'a pas à rougir de sa mise en avant par Avantgarde Music qui a flairé le potentiel du combo international SOJOURNER.
Bienvenue en Rivendell ! (Aude)



EKSTSIS : « Xthonic Pathways » (Obscure Abhorrence Productions)

Je profite d'une actualité métallique un peu plus calme pour revenir sur deux galettes touti rikiki maousse costo sorties l'année dernière. La première est proposée par un quatuor de Bonn œuvrant dans un black metal qui navigue à vue entre embardées old school de premier ordre et riffs dissonants qui rappellent ce que ses camarades Islandais ont pondu ces dernières années.

EKSTSIS souffle le chaud et le froid tout au long de ce premier effort de vingt-cinq minutes qui marient l'authenticité vengeresse du black tradi, la force brute des copains du grand Nord et cette obscure élégance propre à nombre de ses compatriotes teutons. Le mélange est assez surprenant et quelques écoutes seront nécessaires pour en saisir toute la substantifique moelle d'autant plus que Desecrator, préposé au crachoir, ne fait rien pour aider à apprivoiser le bestiau tant ses vocalises sont déclamées avec toute la douleur du monde. Également doté d'une production de plomb, dense et peaufinée dans la moindre de ses tournures ainsi que d'un artwork sombre et énigmatique, ce « Xthonic Pathways » est une vraie réussite.

Dont la funeste conclusion, "A light to dead eyes" en sonne le glas de la plus belle des manières avec des tempos plus massifs, un finisher idéal qui appelle une suite. Oui, une suite. Et vite. (Clément)



SLAVE ONE : « An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit »  (Dolorem Records)

Derrière cet EP au titre de compétition, deuxième au compteur du quintet de Montargis, se planque un bestiau brutal death qui s’annonce sous les meilleurs auspices avec le furibard "Tunguska" qui témoigne d’une envie d’en découdre palpable dès les premiers accords.

C’est puissant, direct et bourratif comme une plâtrée de Poutine royale expédiée au fond du buffet !
La basse claque, la section rythmique martyrise, quant à la batterie, celle-ci enchaîne plans mitraillettes sur blasts joufflus sans sourciller. De la belle ouvrage qu'il est possible de savourer sur chacune de ces quatre pistes qui trouvent un juste équilibre dans leur structures, entre rythmiques débridées subitement freinées par un break mastodonte, quelques solos placés avec justesse qui précédent une cavalcade de riffs Napoléonienne.

Une exécution en règle qui ne souffre ici d'aucune approximation et une homogénéité remarquable qu'il convient aussi de souligner, d'autant que la  réinterprétation fidèle mais velue du "Blessings Upon The Throne of Tyranny" de DIMMU BORGIR s'intègre à merveille dans ce maelström de violence contrôlée. Une reprise über testostéronée qui fera cauchemarder les fans du dernier album des Norvégiens mais qui régalera ceux qui regrettent la belle époque du groupe. Et ils sont nombreux… (Clément)


Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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