Magnifique petite salle intime en sous-sol, aux murs en briques, Le Poche de Béthune affiche complet pour la venue de NAPALM DEATH. Les légendes britanniques ont attiré près de 200 fans, avides de se trouver en première ligne de l’offensive death metal. La scène, en effet, n’est pas surélevée, ce qui permet aux premiers rangs d’être à quelques centimètres à peine des musiciens : une véritable aubaine !
La soirée débute par une prestation carrée de BALANCE OF TERROR, groupe de Saint-Omer auteur de « World Laboratory », solide premier album de brutal death. Concentrés et attentifs, et donc quelque peu statiques, les musiciens offrent une demi-heure efficace. Tempi rapides, blasts, alternance de cris gutturaux et de hurlements porcins, batterie maîtrisée et variée se rencontrent en un carrefour où la frénésie de CANNIBAL CORPSE se fracasse sur les riffs gras d’ENTOMBED. Le quatuor, parfois, ralentit la cadence et offre quelques passages plus lourds bienvenus. Une formation à suivre.
Dès les premières notes jouées par NAPALM DEATH, la chaleur devient infernale ; l’air suinte d’une humidité étouffante qui se marie à merveille avec la folie déclenchée par le gang de Birmingham. Barney arpente la scène comme un jogger sous amphétamines, sa tête comme rentrée dans les épaules, sa foulée comme désarticulée. Il s’approche régulièrement du public pour lui transmettre sa rage et sa folie. Il s’asperge d’eau entre chaque morceau, glisse sur une bouteille mais se relève aussitôt pour poursuivre le show. Il affiche ses convictions avant certains morceaux, préchant ses thèses humanistes avec une conviction jamais démentie. Ses acolytes, Shane Embury en tête, se montrent plus calmes, mais assurent leurs parties avec maestria.
Venant de sortir un best of garni de raretés, « Coded Smears And More Uncommon Slurs », les Anglais proposent un riche panorama de leur carrière, tout en insistant sur leur dernière œuvre studio, « Apex Predator And Easy Meat », et sur l’incontournable « Scum », dont les "Multinational Corporations" et "Instinct Of Survival" initiaux et vindicatifs lancent le show.
Les classiques s’enchaînent et provoquent l’hystérie dans une foule ruisselante. Comment résister à "Scum", "You Suffer", "Suffer The Children" et autre "Nazi Punks Fuck Off", la légendaire reprise des DEAD KENNEDYS qui embrase la salle ? Le groupe sait toutefois ralentir le tempo, changer son mode d’agression comme sur l’enchaînement entre le quasi groovy "Breed To Breathe" et le pesant "Self Betrayal". Ces ruptures permettent de souligner l’intense énergie, la brutalité punk des titres les plus directs.
L’heure et quart, sans rappel, passe en un clin d’œil ; elle laisse les fans pantelants, comme s’ils venaient juste de s’extirper du cœur d’un ouragan, de l’épicentre d’un tremblement de terre.
Une expérience inouïe.