24 novembre 2018, 13:28

ACOD

• Interview Raph

Ils ne sont pas nombreux les groupes de metal français à faire partie d'une major. Les Marseillais ACOD ont ce privilège et à travers leur dernière œuvre baptisée « The Divine Triumph » et leur son apocalyptique, le trident compte bien conquérir le monde. Entretien avec Raph, le batteur du groupe.


Comment s’est fait votre rencontre en 2017 avec votre label actuel Jive Epic France/Sony Music ?
On a eu beaucoup de chance dans la mesure où Laurent Rossi, le directeur Jive Epic France, était présent à notre concert au Hellfest Cult (ndlr : fan club du festival) et cela en toute discrétion. Il a écouté par la suite notre EP « Inner Light » et de lui-même, quelques mois plus tard, il nous a envoyé une proposition, puis un contrat d’artiste.

La décision a dû être facile à prendre pour vous, non ?
Oui car c’est comme si tu gagnais au loto, en terme de probabilité que cela puisse t’arriver. Quand tu regardes le nombre de groupes qui existent, et parmi eux ceux qui sont talentueux, c’est assez exceptionnel ! Donc effectivement, tu ne réfléchis pas.

Surtout que les groupes de metal ne sont pas nombreux chez Sony Music, ne penses-tu pas que c’est le début d’une certaine reconnaissance ?
C’est une volonté de la part de ce monsieur, c’est lui qui a les rênes de ce label et par conséquent qui décide de ce qui peut arriver sur le marché français, Sony étant un gros acteur. Son désir est d’essayer des produits metal, à l’heure actuelle il y a DAGOBA dans le catalogue, mais il voulait un second groupe un peu plus "jeune" avec moins de background, et c’est tombé sur nous.

Etant donné que Sony est un vrai mastodonte dans l’industrie musicale, comment cela se passe-t-il au niveau de la pression ? Le label vous laisse -t-il autant de liberté que vous le souhaitez ?
C’est 100% royal, parce que leur demande était la suivante « Faites nous un album de metal extrême ! », alors quand on te dit ça… amen ! C’est exactement ce qu’on voulait faire et en plus on t’en donne les moyens.

Et au niveau deadline ?
Oui c’était un peu chaud, mais encore ça allait. C’est là où entre guillemets il y a eu "problème" mais cela s’est avéré être un bénéfice. Car il y a eu une scission dans le groupe, on a perdu deux membres mais c’était pour notre bien. On ne voulait pas aller dans le même sens, nous n’étions pas d’accords sur des choix artistiques. Maintenant nous sommes trois, Jérôme, Fred et moi.

Justement, maintenant que vous êtes le fameux "trident", avez-vous trouvé le line-up idéal ?
Complément ! On n’a jamais été aussi bien à trois, on est tous d’accord et nous allons dans le même sens. De plus en termes de goût, nous sommes tous les trois fans des années 90, EMPEROR, DISSECTION et MORBID ANGEL sont des groupes qui nous parlent. Avec les anciens guitaristes on ne pouvait pas faire ça, on se bridait pour être constamment dans le compromis.

Dans votre biographie, à travers « The Divine Triumph »​ vous parlez d’une "naissance", est-ce que vous reniez pour autant tout ce que vous avez enregistré depuis 2006 ?
Ecoute, il faut bien un début. On ne va pas cracher sur le passé car ce qui est fait est fait et cela ne serait pas logique d’agir ainsi. C’est un tournant en fait, c’est un nouveau ACOD mais on n’oublie pas l’ancien, dans notre biographie c’est présenté de façon plus littéraire.

Est-ce que sur scène vous allez jouer des anciens titres ? Vos fans de la première heure ne vont-ils pas être déçus ?
Très très peu… à vrai dire on n’en jouera qu’un seul. Et non les fans du groupe ne sont pas déçus car on les a transformés tout simplement, ils adhèrent sur le nouveau ACOD. Ceux qu’on a perdus... c’est il y a longtemps.



© Nicolas Sénégas


J’imagine que pour « The Divine Triumph »​ vous avez sorti l’artillerie lourde concernant la production ?
C’est Linus Corneliusson (SEPTICFLESH, IHSAHN, KREATOR...) qui l’a mixé au Fascination Street Studio et c’est Jens Bogren (OPETH, DIMMU BORGIR, SEPULTURA...) qui l’a masterisé. Au début, Linus l’a fait selon ses standards, mais ce n’était pas ce qu’on voulait. Ça sonnait mais ce n’était pas du tout nous : mur de guitares à mort et quelque chose de plastique. On a bossé avec lui depuis la Suède pendant 2 mois et il a été hyper professionnel, il nous a compris. En 2018, et par rapport à notre genre, tu es obligé de faire une grosse production, mais on voulait que ça reste organique. On veut que ça soit intemporel, si tu écoutes EMPEROR aujourd’hui c’est encore énorme ! On est combien de métalleux a encore kiffer sur EMPEROR ou DISSECTION parce que justement c’est dans son jus. Et si leurs albums avaient un son moderne, ça serait dégueulasse. Tu connais les albums remasterisé ? En général c’est pourri.

« The Divine Triumph »​ est donc un concept album, j'aimerais que tu nous en dises plus, mon petit doigt lui, me dit que les deux clips "Road To Nowhere" et "Broken Eyes" doivent avoir une signification très particulière ?
A la base c’est une histoire qui est écrite et qui s’est transformée par la suite en parole. Cela parle d’un héros auquel tu peux t’identifier, il a perdu des êtres chers et il est inspiré par les abysses, les ténèbres, puis il finit par tomber dedans. Tout au long de l’album il ne fait que descendre, il rencontre des chimères, et en fait tout cela se sont des métaphores que tu peux représenter par des sentiments de ta vie quotidienne. Plus sur nos vies de métalleux, car on reste des êtres un peu torturés, tu n’écoutes pas du metal par hasard.

"Road To Nowhere" était le premier titre à être sorti en single, pourquoi lui en particulier ?
Ce n’est pas le titre qui ouvre l’album mais c’est lui qui est le plus représentatif. Il a tout et surtout ce côté accessible pour l’entrée en matière. En fait il est assez doux, je le vois comme ça.



Avez-vous conçu l’artwork avant ou après la composition des chansons ?
Avant, pour nous c’était hyper important. On connaissait déjà les thèmes qu’on voulait aborder, pour te dire, cette pochette on l’a eu au MOTOCULTOR en 2017. On en avait besoin pour se projeter. Quand tu mets un CD dans le lecteur, la première chose que tu fais c’est regarder la pochette, et celle-ci je pense que tu peux la regarder longtemps. Il y a plein de détails, il y a quelque chose qui se passe. C’est Paolo Girardi qui la faite, c’est un peintre italien qui travaille beaucoup avec des groupes extrêmes comme INQUISITION. Il fait beaucoup dans le blasphème et Satan, nous, on lui a demandé de faire quelque chose de moins occulte, moins dark, plus épique et merveilleux. Il a fait une vraie toile qui fait deux fois le format A3, après il t’envoie la photo car le tableau lui appartient.

Avez-vous prévu une tournée française et à l’étranger ? Avec la sortie internationale de vote album cela devrait jouer en votre faveur ?
L’étranger ce n’est pas prévu pour l’instant, en revanche je peux t’annoncer dès aujourd’hui des dates en première partie de DECAPITATED en France au mois de février 2019. Nous avons trouvé notre tourneur un peu tard et la date de sortie de notre album était déjà calée.

Quelle est ton meilleur souvenir live ?
Le MOTOCULTOR, mainstage, les organisateurs ont été royaux avec nous, aucun groupe ne jouait en même temps et on a joué à 17h00 soit une très bonne heure, les conditions étaient au top, tout le public pour nous, juste énorme !

A.C.O.D est un acronyme dont vous avez décidez de garder le secret de sa signification, ce n’est pas trop frustrant pour vos fans ?
Nous parce que cela rajoute quelque chose, du coup tu ne sais pas et tu cherches, tu gamberges, cela t’intrigue, et cela devient intéressant. Ce qui est bien c’est l’imaginaire, c’est comme quand tu regardes les pochettes de DISSECTION ou EMPEROR, on te donne les bases et après libre à toi de te faire ton histoire.

Quels est, ou quels sont vos derniers coups de cœur musical ? Est-ce que tu écoutes beaucoup de musique en général ?
J’écoute énormément de groupes, je te donne le dernier groupe que j’ai écouté ce matin, SARKRISTA, c’est du black metal avec une petite touche mélodique, et avec évidement un petit revival DISSECTION.

Des remerciements en particulier ?
J’aimerais remercier toute l’équipe de Jive Epic, Replica Promotion, K-Productions, je travaille avec des gens vraiment en or. Un énorme merci aux personnes qui écoutent l’album, qui l’apprécient et qui donnent un retour positif, qui l’achètent aussi bien en physique qu’en format numérique. Et puis un énorme merci aux médias car sans vous on ne serait rien non plus, c’est un travail qui est donnant donnant, et puis merci à toi.


Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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