24 novembre 2018, 10:16

FUNNY UGLY CUTE KARMA

• Interview Adeline Bellart

Vous qui êtes en train de lire ces quelques lignes, si vous ne connaissez pas FUNNY UGLY CUTE KARMA (F.U.C.K pour les intimes), ne soyez pas inquiet, c’est un peu normal, car le projet est tout récent et ne compte qu’un EP au compteur. En revanche, Chaos Heïdi ? Adeline Bellart ? ça vous parle puisque précédemment dans ASYLUM PYRE. Elle a troqué les bonnes manières de rigueur dans le style pour quelque chose de plus… destructuré et en plus c’est elle qui est à la manœuvre. C’est dans la bonne humeur qu’elle nous présente son nouveau bébé.


FUNNY UGLY CUTE KARMA, un nom bien étrange (de prime abord) pour un groupe de metal, comment t’es venue cette idée ?
Ce nom on l’a un peu brainstormé avec Dorian mais à la base cela vient de moi. L’épineuse question du choix du nom arrive toujours à un moment donné dans un projet, tu te dis qu’il doit être percutant pour que les gens puissent se le rappeler. Tu vas sortir toutes les conneries possibles et puis tu tombes sur FUCK, c’est marrant mais tout seul c’est un peu facile, et surtout on n’est pas les premiers à y avoir pensé. On s’est alors dit que l’acronyme pouvait être intéressant, on peut adhérer aux mots et ils peuvent coller au groupe, nous représenter en quelque sorte, et au final sans qu’on ne prononce le mot FUCK. Ainsi les gens le verront tout seuls, ou ne le verront pas. Avec UGLY CUTE il y a l’opposition moche mignon, et ce principe d’opposition on aime bien faire, et puis le KARMA c’est ta destinée, le chemin de la vie. On avait un bon ensemble qui nous parlait bien.

Tu étais avant chanteuse dans ASYLUM PYRE, nous nous étions d’ailleurs rencontrés en octobre 2015 pour la sortie de l’album « Spirited Away », les styles de ces deux groupes sont totalement opposés, quel a été le déclencheur d’un changement aussi radical ?
En fait, l'univers de F.U.C.K était déjà présent avant. Depuis plus de dix ans j’écoute des groupes tel que PIN-UP WENT DOWN, ils mélangeaient les styles de façon un peu barré. A l’époque ce n’était pas le moment pour moi, j’écoutais mais je ne savais pas faire, il y avait aussi une histoire de personnalité. ASYLUM PYRE est arrivé à la période où faire du metal mélodique ça me correspondait, jusqu’à que ça ne se soit plus le cas en 2016 et c’est pour cette raison que je suis partie. Le mode de fonctionnement était compliqué et je n’avais plus les mêmes envies notamment sur les choix, et puis ce n’était pas mon groupe. Cela avait créé des situations pas agréables et on ne fait pas de la musique pour se faire chier. Et quand c’est ainsi il faut savoir prendre des décisions. Après mon départ, j’ai travaillé quelques mois avec un groupe, sur une base plutôt sludge, ils m’avaient contacté car ils cherchaient un chant. Je me suis dit que je n’avais pas de plan B alors pourquoi pas. Avec eux j’ai composé des lignes de chant et des textes, ça me plaisait pas mal jusqu’au moment où ça ne l’a plus fait. Et là je me suis dit que c’était le moment, il se passait quelque chose. Alors j’en ai parlé à Dorian, il était content que je le lui demande et on s’est mis à composer. J’ai utilisé les lignes de chant que j'avais et on s’est dit qu’on tenait quelque chose, le projet était né et c’est vraiment ce que j’aime faire.

Et maintenant est-ce qu’à travers FUNNY UGLY CUTE KARMA tu te sens plus épanouie ?
Oui ! C’est super, le duo marche super bien, Dorian a des idées loufoques qui ne sont pas toujours les miennes et c’est ça qui est bien, on se complète. Je n’ai plus de contrainte de style comme il y en avait dans ASYLUM PYRE où nous étions très identifiés sur un créneau, et qu’il était difficile d’en sortir. A l’époque je faisais déjà du chant saturé et ce qui est marrant c’est que tout le monde croyait que c’était Johann qui le faisait (rires).

J’allais justement y venir, dans ta nouvelle formation il y a beaucoup de growl contrairement à avant, est-ce que cela t’a demandé un travail supplémentaire ?
Cela faisait longtemps que j’en faisait. Après, la technique je n’arrête pas de la travailler. Surtout que je suis prof de chant spécialisé dans le rock metal, je travaille avec David Féron et j’ai beaucoup appris et je me suis formée à cet enseignement avec lui, donc cela n'a eu aucune incidence sur ma progression au chant. Ma palette de chant saturé a évolué au fil des années et j’avais envie de l’utiliser, dans ASYLUM PYRE j’étais frustré de l’utiliser si peu. Pour le coup maintenant je m’en donne à cœur joie.

Tu travailles donc en duo avec Dorian Gilbeau, comment ça se passe pour la composition, 50/50 ?
Sur le démarrage nous sommes partis sur mes idées, lui, a posé les instrus. Pour ce qui est de la création des lignes de batterie, basse, guitare, je le laisse faire car je n’ai pas ou peu de compétences. Ensuite on fait des allers-retours entre-nous pour échanger nos avis et travailler sur les arrangements.

Composez-vous en prenant en compte le paramètre live ?
Au début on était deux mais comme on avait prévu de faire du live on a recruté trois autres musiciens. On a aussi des nouveaux morceaux en plus de ceux de l’EP, on va continuer ainsi pour faire un album. Et donc, on ne travaille plus uniquement en duo mais avec ces nouveaux membres. Ils apportent leurs idées, par conséquent l’album sera plus collectif que l’EP qui a été spécifiquement fait à deux.

Pour votre EP vous avez collaboré avec Brett Caldas-Lima (Devin Townsend, SEPTICFLESH, CYNIC, ADAGIO...), j’imagine que vous en êtes pleinement satisfaits ?
Tout à fait, c’est un excellent professionnel qui a de supers références. J’avais un doute sur le fait que l’EP sonne bien, et je voulais absolument qu’il soit bien dès le départ. Je n’avais pas envie de le gâcher avec le frère du cousin du colocataire de bidule qui mixe des morceaux dans sa chambre, parce qu’il ne serait pas cher... J’aime bien mes morceaux et je voulais qu’ils sonnent (rires).

Mise à part votre release-party qui a eu lieu en octobre, des dates de concerts sont-elles prévues ?
Evidemment, le but est même d’en caler un maximum, on voudrait tourner le plus possible pour installer le groupe et se faire connaître. On y travaille, c’est un peu le gros dossier ! On a commencé à poser quelques jalons et avoir des contacts, je n’ai pas encore toutes les dates officielles aujourd’hui mais ça devrait arriver, on sera le 1er février à Fontaine-l'Évêque en Belgique avec SKEPTICAL MINDS. On souhaiterait aussi faire des festivals mais le groupe est nouveau et on ne nous connaît pas, tu ne programmes pas un groupe comme ça.

Coté clip on a eu le plaisir de voir le déjanté "On The Run" et un nouveau est sorti le 12 novembre, un certain Manard y fait une apparition​, alors pour les fans d’ULTRA VOMIT, peut-être que tu peux nous en dire un peu plus ?
Comme vous avez pu le voir ce n’est pas un guest musical mais une apparition dans l’histoire du clip. Disons que comme le clip est sur "Radio/Video", une reprise de SYSTEM OF A DOWN et que comme tu l’avais remarqué on avait un parti-pris sur les sonorités 8 bits et que Manard dans le genre geek il est plutôt pas mal, on lui a donc proposé. Je lui ai dit qu’on allait faire les cons sur ce thème là et il nous a dit ok. C’était super sympa de sa part et je crois qu’il s’est bien marré, en tout cas il suit le groupe depuis !



Le groupe est tout récent, est ce que tu arrives à prendre du recul sur ce que tu fais ?
Oui j’en prends, des fois je me dis qu’on peut vraiment être contents de nous. Le projet est relativement neuf, on a commencé au printemps 2017, et on a déjà accomplis un paquet de trucs. On a beaucoup travaillé et on commence à recevoir les retours des gens, on se rend compte qu’on ne fait pas ça pour rien car ils sont plutôt positifs. C’est un vrai moteur pour la suite, des idées à la con on en a plein, donc on n’a pas fini (rires).

Pour ceux qui te suivent, quand on pense à toi on a deux images bien distinctes en tête : d’un côté la chanteuse heavy lyrique et romantique, de l’autre un personnage plein d’humour et totalement destroy, quel est l’image que tu veux que les gens gardent de toi ?
L’image qui me correspond le mieux est celle d’aujourd’hui, on évolue et même s’il y en a qui sont sur une ligne droite, manifestement ce n’est pas mon cas. A l’intérieur de tout ça il y a des choses qui ne changent pas, l’énergie, l’enthousiasme et la passion, je suis incapable de faire les choses à moitié, parfois c’est même problématique, c’est fatiguant (rires). Quand j’étais dans ASYLUM PYRE j’y étais à fond, je suis partie car cette foi dans le projet je ne l’avais plus. Cette évolution est représentative de là où j’en suis aujourd’hui et j’en suis très contente, je pense être arrivée à ce que je voulais dès le départ mais en ayant pris des chemins détournés. Puis cette scène… je n’aime pas ce qui s’en dégage en fait, dès que je lisais quelque part "metal à chanteuse" j’avais envie de mettre des claques (rires) je ne voulais plus être assimilée à ça !

Un dernier mot de la chanteuse ?
J’hésite entre une grosse connerie et quelque chose de plus sérieux (rires). Le truc sérieux c’est qu’on a hâte de rencontrer les gens hors des écrans et des réseaux sociaux, on attendait la release-party pour s’éclater sur scène et présenter ce qu’on fait, et ça j’espère que cela va se reproduire plusieurs fois cette année.


Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK