9 novembre 2018, 13:26

HATE ETERNAL

• "Upon Desolate Sands"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Upon Desolate Sands

Chaque sortie d’un nouvel album des brutes virtuoses d’HATE ETERNAL est un événement. A juste titre d’ailleurs tant le clan floridien demeure l’une des incarnations death metal les plus respectées pour sa maîtrise des codes d’un genre qu’il a contribué à faire évoluer, lentement mais sûrement, depuis son premier assaut paru il y a presque deux décennies. Un maelstrom de sauvagerie débridée qui l’avait propulsé aux côtés des NILE, KRISIUN et autres CRYPTOPSY pour boucler la marche des années 90 avec une classe et un panache inégalés. Et même si la carrière de la bande à Rutan n’est pas exempte de (très) légères baisses de forme (ce « Fury In Flames » un brin moins inspiré et à la production très brute), elle reste encore l’une des plus brillantes contributrices à cette discipline exigeante qu’est le brutal death. La preuve une nouvelle fois avec cet « Upon Desolate Sands » de haute volée renforcé par l’arrivée d’un frappeur expert aux fûts, Hannes Grossmann, passé par de prestigieuses maisons (OBSCURA et NECROPHAGIST parmi tant d’autres), avant d’atterrir à Tampa. Un peu de sang neuf injecté au cœur de l’implacable duo qui confirme dès les premières écoutes de sa nouvelle livraison qu’il n’a pas changé de ligne directrice depuis un « Infernus » en tout point réussi. Cela ne signifie pas pour autant qu’il stagne, loin de là. Non, il peaufine son art tel un orfèvre méticuleux, le poussant jusque dans ses derniers retranchements.

Il est d’ailleurs question de doigté tout du long de ce septième album qui affiche un sans-faute d'entrée de jeu : production en béton armé, compositions musclées et sections rythmiques taille patron, le tout complété par des growls furax et profonds. Sans oublier la précision toute teutonne de ce fameux Hannes, batteur-pieuvre à faire pâlir ce pauvre Carlo Tentacule, qui porte l’introductif "The Violent Fury" à un niveau de brutalité olympique. Si certains d’entre vous ont encore le mètre-étalon "Behold Judas", tiré du troisième album de HATE ETERNAL en tête, vous aurez une petite idée de la sauce à laquelle vous allez être dévoré pendant ces cinq premières minutes punitives. Mais derrière ces lignes de blast et de riffs mitraillette le groupe n’hésite pas à varier les plaisirs avec du mid-tempo écrasant comme sur "Nothingness Of Being" ou le superbe final instrumental "For Whom We Have Lost" témoignant de velléités plus mélodiques qui permettent de souffler entre deux décharges de chevrotine.
Rassurez-vous bande de sauvageons, les rythmiques trempées dans l'acide chlorydrique et les solos de folie inspirés par Trey Azagthoth sont toujours de la partie (Raaah lovely ces "Portal Of Myriad" ou "All Hope Destroyed"), tout comme cette basse martelée avec amour par un J.J. Hrubovcak au top de sa forme. Quant à l’ombre de MORBID ANGEL, celle-ci plane en filigrane sur cette nouvelle livraison, logique me direz-vous au vu du nombre d’années qu’Erik Rutan a passé au sein de l’institution historique. Mais celle-ci se fond avec discrétion dans la base proposée ici, fonctionnant plus par clins d’œil appuyés que par véritable souci de recyclage. Jetez une oreille sur le morceau d’où l’album tire son nom et vous verrez ou je veux en venir. "Upon Desolate Sands" est le summum de ces trente-neuf minutes, un condensé de maîtrise technique, insolente, qui éclabousse le reste de la concurrence par son talent. Allez-y, il y en aura pour tout le monde : changements de rythmes multiples, breaks brise-nuques, riffs marteaux-piqueurs, solo de dingo, lamentation féminines en arrière-plan : une ambiance de fin du monde qui mettra à genoux les derniers sceptiques.

En parallèle de ce moment de bravoure dévastateur, je ne peux décemment finir le tour du propriétaire sans mentionner une nouvelle fois le somptueux travail réalisé par Eliran Kantor qui n’en finit plus d’impressionner par la qualité de ses œuvres. Un graphisme de toute beauté au service d’un artwork qui révèle un souci du détail qui a de quoi laisser pantois. Ce Dan Seagreave des temps modernes est décidément impressionnant, comme en témoigne aussi sa dernière réalisation pour les suédois de BLOODBATH. Le bougre semble promis à un grand avenir pour sûr, un constat qui prévaut aussi pour HATE ETERNAL cela dit en passant. A la différence près que pour le trio floridien, il ne s’agit plus d’une hypothèse mais d’une certitude. Et cela fait vingt ans que ça dure.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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