10 novembre 2018, 17:30

RISE OF THE NORTHSTAR

• "The Legacy Of Shi"

Album : The Legacy Of Shi

Il y a quelques années l'album « Welcame » m'avait secoué les moustaches. Du pur hardcore frenchy aux riffs ayant la lourdeur du plomb fondu. RISE OF THE NORTHSTAR avait posé un album référence qui n'était pas sans me rappeler l'arrivée en son temps de RAGE AGAINST THE MACHINE. Style différent certes, mais efficacité similaire. Bref « Welcame » était de la très bonne came.

Voilà qu'est sorti son deuxième bébé, « The Legacy Of Shi ». Il est temps d’en parler.
RISE OF THE NORTHSTAR a choisi d'aller plus loin dans ses morceaux en les laquant d'encore plus d'influences musicales, et en appuyant très fort les références thrash, hardcore ou encore rap US. Choix audacieux que celui de ne pas se reposer sur ses acquis comme le font tant d’autres, et de s’essayer à des compositions différentes. Il y a de la nouveauté, nos 5 samouraïs, sans maître (la culture populaire japonaise demeure leur crédo) ni patrie stylistique fixe, sont allés effectuer une razzia du côté du nu-metal. Nous dégustons une rythmique SLIPKNOT sur les deux et troisième titres : "Here Comes The Boom" et "Nekketsu". De pures bombes thrashcore qui vous dévissent les cervicales. On jurerait que l'ami Joey Jordison est venu martyriser les fûts (Hokuto no Kev [remplacé depuis par phantom] ne serait-il pas son clone ?). Quant aux accélérations des grattes, avec des soli qui font hennir les cordes telles de purs sangs emballés, oui, c'est au master SLAYER que l'on pense !

Cette avalanche d'influences est également le talon d'Achille de l'album. Vous avez sûrement lu certains chroniqueurs échaudés par le phrasé rap de Vithia, jugé parfois caricatural et maladroit car proposant un franglais très particulier. Personnellement je trouve ce choix comme participant à la pièce jouée par ces rônins. Cela ne nuit en rien à la force du groupe, le rythme n'est en rien entamé, hormis dans les titres purement rapcore tels l’extraterrestre du slam titré "Kozo", et "Teenage Rage" ou "Cold Truth" (où pointent d’étranges Hou Hou). Les haters de l’expérimentation passeront leur chemin. Bien dommage, car il y a une force hypnotique dans les lignes de basses de Fabulous Fab, le choix vocal de Vithia, s'il est parfois empreint de maladresses, contient une force de conviction qui sent l’honnêteté. Et même si on s’aventure dangereusement parfois en terre rap, les riffs de Eva-B et Air-One sabrent rageusement pour se rappeler à nos oreilles. Leurs katanas ont été baignés dans le sang des masters of thrash avant tout !

Le constat est là : toute la force de l'album est dans cette variété de styles, mais cela constitue également sa faiblesse. Êtes-vous prêts à osciller entre les guitares de Kerry King et le phrasé de RZA ? Pour votre serviteur la réponse est oui. Car au-delà de l’aspect surprenant du melting-pot, il se dégage toujours plus de puissance. Puissance des riffs, puissance de la rythmique et de la voix.

"Step By Step" avance doucement, ou presque dans cette mythologie transgenre, la pièce kabuki se déroule, le temps d’un break, d’une respiration zen et la charge reprend avec un "This Is Crossover" d’une belle brutalité. RISE OF THE NORTHSTAR veut secouer les métalleux de toutes origines, personne ne doit rester bridé avec ce brûlot hardcore. Vithia et ses guerriers du soleil levé sont "All For One" (joli growl au passage) et pour nous tous.

« The Legacy Of Shi » dérange ? Tant mieux. Il faut de la variété dans le metal. La différence sera toujours la richesse des goûts. Il aura fallu 20 ans pour que nos furieux MASS HYSTERIA gagnent leur respectabilité. Je souhaite que pour nos furyosos de RISE OF THE NORTHSTAR nous soyons au rendez-vous dès aujourd'hui. C’est le "Furyo’s Day". Donnons-nous la peine !

Pour moi « The Legacy Of Shi » pas dans la colle. Plus encore, vous qui vous moquerez de RISE OF THE NORTHSTAR, n’oubliez pas que Rônin soit qui mal y pense !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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