11 janvier 2019, 17:28

SKÁLD

• Interview


SKÁLD fait partie de ces groupes qui présentent un potentiel énorme et dont l'attrait est indéniable. Ce tout nouveau trio français fera parler de lui dans les temps à venir, c'est certain. Il présente une musique folk viking dans la lignée de WARDRUNA avec des morceaux inspirés des Eddas et chantés en vieux norrois. Un vrai voyage épique dans les temps anciens au rythme des tambours et des instruments traditionnels mais aussi avec une touche de modernité et de poésie qui en font un projet innovant et intelligent. Justine Galmiche, Pierrick Valence et Mattjö Haussy ont bien voulu répondre à nos questions afin de présenter leur premier album, « Le Chant des Vikings », et de leurs attentes à ce propos.


Tout d'abord, pouvez-vous un peu nous présenter le groupe, les membres et sa musique ?
Bien sûr ! SKÁLD c'est 3 chanteurs : Mattjö, Justine et Pierrick qui ont tous les trois des timbres de voix bien différents. On s'est rencontré avec Christophe Voisin-Boisvinet, qui est un réalisateur et un compositeur assez réputé, sur un festival. On a tout de suite parlé de mythologie nordique, de Vikings, d'histoire, de musiques anciennes et traditionnelles. On avait tous les deux envie de concrétiser un projet musical depuis un moment et cette rencontre a tout débloqué. Ensuite, Justine que je connaissais depuis un moment et qui faisait un peu de musique, s'est greffée au projet. Et Christophe m'a ensuite présenté Mattjö. A partir de ce moment-là, on s'est mis à bosser. On s'est enfermés en studio, on a lu énormément de poésie, de textes mythologiques. On s'est imprégné de tout cela et on a bossé comme des fous L'album s'est créé comme ça.

Vous êtes des passionnés de mythologie scandinave. Quelle place prend le paganisme dans votre vie et votre musique?
Si tu veux, notre inspiration c'est les Eddas, recueils de poésie scaldique et de prose. C'est une source géniale pour en apprendre plus sur la mythologie nordique, sur ce en quoi les Vikings et les gens de l'époque croyaient et sur le monde dans lequel ils vivaient. On chante nos textes en vieux norrois car ils sont issus de ce recueil-là et quand tu parles de paganisme, on est vraiment dedans. On est tous passionnés par cela depuis un moment. C'est aussi quelque part le but de la musique de SKÁLD : créer un pont entre les textes anciens et les interpréter avec une certaine modernité. On fait en sorte que les gens s'évadent en écoutant notre album, tout en gardant des traces historiques dans notre musique.
Par rapport au contexte actuel, on a tous besoin de s'évader un peu et d'aller chercher des choses qui nous fassent oublier notre quotidien. Du coup, ce qui nous a toujours passionnés à travers tout cela, c'est de pouvoir s'imprégner d'une sagesse ancestrale un peu oubliée, voire méconnue, qui nous permet de nous évader et de trouver de l'inspiration. Le fait de pouvoir instrumentaliser et s'imaginer ce que les gens pouvaient vivre à l'époque avec leurs croyances, te ramène à quelque chose de beaucoup plus simple, plus "écologique". Cela permet de se reconnecter aux éléments naturels. SKÁLD c'est une invitation à l'aventure, c'est une parenthèse, un voyage dans le temps tout en restant ancré dans notre moderne aussi.

Après la sortie d'un EP en 2018, vous allez plonger dans le grand bain en 2019 avec la sortie de votre premier album, «  Le Chant Des Vikings ». Qu'est-ce que ça fait d'entrer dans la cour des grands ?
Pour l'instant, cela ne nous fait pas grand-chose car toutes ces instants arrivent seulement et on ne met pas la charrue avant les bœufs. On est hyper impatients de pouvoir rencontrer notre public et de faire des représentations en live. C'est ce qui est particulier avec SKÁLD : on s'est tout de suite enfermés en studio et de là a découlé l'album. Ce n'est pas comme si on avait déjà fait des petits concerts à droite à gauche. On a vraiment placé l'album en priorité et voir à quel point il y a une réponse favorable à tout ça et un engouement, ça nous excite mais en même temps, on ne sait pas trop à quoi s'attendre. C'est une véritable naissance pour nous !

Des morceaux comme "Krákumál", vrai hymne scaldique, très profond et minimaliste, et "Odinn", beaucoup plus moderne et orchestralisé, s'opposent presque. Ou bien sont-ils complémentaires ? Qu'en penses-tu ?
En fait, chaque titre est très cinématographique et on peut vraiment s'imaginer des paysages différents sur chaque titre. Donc il y a des titres qui sont beaucoup plus minimalistes et d'autres qui sont beaucoup plus travaillés. L'histoire de "Krákumál", c'est en fait ce qui dit Ragnarr Loðbrók au moment de mourir, il fallait donc quelque chose d'assez solennel. Il dit qu'il va mourir en riant car il n'a pas peur de mourir, qu'il va retrouver ses ancêtres au Valhalla et tout ça donc on est vraiment dans un moment un peu fort. Alors qu'avec "Odinn", on est vraiment dans la célébration de l'entité qu'est Odin. Il y a plein d'autres titres dans l'album qui ont des tableaux différents avec toujours une patte SKÁLD que l'on reconnaît bien, je pense. Il y a des titres qui sont plus guerriers, d'autres qui sont plus propices à la méditation. Mais il y a toujours cette volonté récurrente dans SKÁLD de rester assez moderne quand même. Il y a une forte inspiration de la musique de l'époque avec les instruments traditionnels mais pas que, car il y a aussi plein d'autres instruments. "Odinn" paraît plus moderne alors qu'on est vraiment dans le thème viking alors qu'avec "Krákumál", on invite à l’introspection.



Un seul des titres, "Jóga", est en anglais. Pourquoi ce choix ? Comment résonnent les mots en anglais par rapport au vieux norrois pour vous?
On s'est demandé comment faire le lien avec l'Islande vu que les textes sont issus des Eddas, donc des recueils islandais. On a pensé que ce serait bien de faire un pont avec un artiste plus moderne comme Björk. Notre projet est quand même assez atypique : on est français, on chante en vieux norrois, on crée une instrumentation autour de la musique scandinave traditionnelle et plus moderne en évoquant au maximum ce que les Vikings auraient pu développer comme musique. Donc, à un moment, c'était bien d'avoir un petit moment comme ça avec des paroles en anglais en référence à un état de plénitude, de sérénité, de paix intérieure. C'est ce que l'album veut procurer. Même si on a des thèmes assez forts et assez guerriers, il y a quand même cette notion de paix intérieure. Ce morceau-là permet d'établir une connexion pour ceux qui, peut-être, ont un peu plus de mal à se plonger dans notre musique.

Il semble quand même que ce genre de musique, sans devenir populaire, tend à se démocratiser et crée un engouement de plus en plus grand, si on prend des groupes comme WARDRUNA ou le projet HUGJSA/SKUGGSJA de Einar Selvik et Ivar Bjornson. Vous ne pensez pas ?
C'est vrai que la scène se développe de plus en plus et tant mieux. Il y a plein de groupes super qui tournent autour de cet univers et qui développent tous une façon de faire différente et c'est ce qui permet de parler maintenant vraiment d'une scène.

En parlant de modernité, vous êtes très actifs sur les réseaux sociaux, avec notamment le groupe Facebook Skald Community, vous avez déjà mis en ligne plusieurs titres sur YouTube... Est-ce important de nos jours de se rendre disponible via ces media pour se faire connaître et se distinguer ?
C'est encore une fois cette notion de partage dont on parlait tout à l'heure. Pour nous, c'est très important et on a tellement hâte de rencontrer notre public qu'on a envie de partager le plus possible déjà en amont avec les gens et c'est juste naturel. Je t'avoue que ça change un peu la vie quand, du jour au lendemain, tu partages des vidéos et que les clips marchent très bien et que, d'un coup, tu as beaucoup de réponses positives, ça change un peu du quotidien. On est connectés, on ne peut plus s'en empêcher. C'est tellement chouette d'avoir des gens qui t'écrivent pour te dire qu'ils aiment la musique que tu crées que tu ne peux pas l'ignorer. On a voulu partager notre passion, partager nos émotions, une pensée et ces vibrations entre nous trois. Cela veut dire que le public a été réceptif à tout cela. Et c'est super !



Vous vous attendiez à un tel succès ?
Non, c'est difficile à imaginer. On est un peu dans le flou parce que ça nous paraît tellement dingue. On s'éclate, on est super contents ; quand on pense à ce qui nous arrive, il y a un seul mot qui revient : le destin. Il n'y a pas de hasard. On a été là au bon moment, avec les bonnes compétences, dans le bon trip. Les gens sont connectés à ça, ce qui nous permet de pouvoir bosser et de faire des choses intéressantes. Il y avait finalement peu de chance pour qu'on tombe sur les bonnes personnes et pourtant, c'est ce qui est arrivé. Depuis très longtemps, on rêvait de faire un projet comme ça chacun de notre côté mais on n'avait jamais rencontré les bonnes personnes pour pouvoir s'exprimer. Là, ça c'est produit autour de l'élément central qui est Christophe Voisin-Boisvinet. Mais au-delà de ça, ce qui est génial, c'est qu'on ne touche pas simplement le public qui est déjà un peu averti ou un peu initié. On arrive à toucher un public beaucoup plus grand. Cela veut dire que notre musique et notre façon de l'interpréter touche un public général et universel. Ça, c'est extrêmement important. Et on ne pouvait pas le prévoir. Il y a des gens qui ne sont ni de la scène metal, ni du milieu de reconstitutions historiques, ni de groupes païens qui sont touchés par notre musique. On touche vraiment tout le monde, toutes les cultures. Et ça c'est fort. Ça veut dire que notre travail est quelque part plutôt réussi.

Il y a déjà un concert prévu à La Cigale à Paris l'année prochaine et au Hellfest ! Dis donc, pour un groupe tout nouveau, ce n'est que du bonheur non ?
Oui, La Cigale ça va être bien. Ça va être l'inauguration de notre aventure collective. Une première ! Et pour une première, c'est un lieu extraordinaire.

Que peut-on vous souhaiter pour 2019 et ensuite ?
Que ça dure, que ça continue comme ça ! Nous, on a envie vraiment de faire plein d'autres albums, de développer tout ça. Il y a tellement de choses à faire. Se plonger dans cette littérature et dans cet univers musical, c'est inépuisable. Il y a encore de nombreux horizons à explorer, donc on a envie que ça marche pour pouvoir continuer. Et puis on a vraiment envie de toucher tout le monde, non seulement en France mais ailleurs aussi.


L'album de SKÁLD « Le Chant des Vikings » disponible à partir du 18 janvier 2019
skaldvikings.com


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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