12 janvier 2019, 11:00

LED ZEPPELIN

• "Led Zeppelin" - 1969 (Atlantic Records)


 

Nous sommes (déjà) en 2019 et cet album fête ses… 50 ans ! Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

C’est le 12 janvier 1969 que paraît aux Etats-Unis dans un premier temps ce que beaucoup considèrent comme le premier album de hard rock, une paternité contestée par nombre de personnes et qui n’est pas tout à fait fausse à l’écoute de plusieurs morceaux de ce disque, qu’elles soient des reprises de standards blues ou des ballades, autant d’appels à un voyage vers les hautes sphères du plaisir de nos oreilles. Ce « Led Zeppelin » premier du nom, appelé aussi « I », grave en neuf titres les premiers pas discographiques de LED ZEPPELIN et donc de Robert Plant (chant), Sir Jimmy Page (guitare), John Paul Jones (basse, claviers) et du regretté John "Bonzo" Bonham (batterie).
C’est à partir du 25 septembre 1968 aux Olympic Studios que LED ZEPPELIN enregistra ce disque constitué de premières prises, grâce au travail effectué en amont et à de nombreux concerts, avant que des pistes d’overdubs ne soient rajoutées ensuite en ce qui concerne les guitares. Les parties de guitares ont été jouées non pas sur une Gibson comme on a vu Page en tenir une tout au long de sa carrière, mais sur une Fender Telecaster aux couleurs psychédéliques qui lui avait été offerte par Jeff Beck, pour le remercier de l’avoir recommandé comme remplaçant d’Eric Clapton lors de son départ des YARDBIRDS. Ce qui en a ainsi fait une formation mythique qui aura vu passer en son sein trois des plus grands guitaristes de rock au monde ayant marqué à jamais de leur technique et style notre musique préférée. La pochette, mythique elle aussi, représente, avec une photographie de Sam Shere, l’accident dramatique du dirigeable Lindenburg survenu le 6 mai 1937. Il s’en est écoulé à ce jour près de 14 millions d’exemplaires.

Genèse d’une mythologie : 36 heures et un peu moins de 2 000 £ (financés par Page et le manager Peter Grant), c’est tout ce qu’il aura fallu aux quatre membres pour mettre en boîte ce premier album entré depuis dans la l'histoire du rock. Majoritairement basé sur des reprises et des réarrangements de titres existants, il débute par le fameux riff de "Good Times, Bad Times" qui se veut une joyeuse entrée en matière de par le feeling que le titre dégage avant de faire place à l’émouvante "Babe, I’m Gonna Leave You", une chanson d'Anne Bredon datant des années 50 que Page a découvert avec la reprise qu’en a faite Joan Baez en 1962. Vient ensuite un emprunt au style dans lequel LED ZEPPELIN est allé puiser ses racines, le blues, avec cette chanson du bluesman Willie Dixon (1915-1992), "You Shook Me" (oui oui, Angus et Brian, « all night long », c’est dit dans la chanson aussi), tout comme "I Can't Quit You Baby" sur la face B et qui semble y répondre de façon humoristique si on la rapproche de "Babe, I’m Gonna Leave You" (leur traduction signifiant respectivement « Bébé, je vais te quitter » et « Je ne peux pas te quitter bébé »). Jimmy Page, seul crédité sur le morceau suivant, se verra intenter un procès en 2010 par Jake Holmes, ce dernier revendiquant la paternité de "Dazed And Confused", écrite en 1967 et dont Page s’est fortement influencé a reconnu la justice. Qu’importe ces histoires d’argent pour un Page multimillionnaire car il est devenu l’un des titres les plus populaires qui contribua au succès du groupe, l’une des pierres angulaires même des concerts que LED ZEPELIN donna, s’étirant parfois jusqu’à 30 minutes tout en improvisations dantesques au gré de l'humeur des musiciens.

Sur la face B, "Your Time Is Gonna Come", pas inoubliable, se fond en l’instrumental "Black Mountain Side", adaptation d’une chanson traditionnelle de folk, "Black Water Side" (jouée déjà à l’époque des YARDBIRDS, formation dans laquelle joua Page). Il en est tout autre cependant avec "Communication Breakdown", un des hymnes du ZEPPELIN repris maintes fois (par IRON MAIDEN également, un fait suffisamment rare pour être mentionné). On a déjà parlé de "I Can’t Quit You Baby" plus haut et ce premier disque se referme donc sur "How Many More Times", titre qui découla de séances d’improvisations autour du thème d’un morceau d’un autre bluesman, Howlin’ Wolf, et son "How Many More Years". A l’instar d’une section de "Dazed And Confused", une partie de ce titre est jouée par Page avec un archet de violon. Un gimmick qui a marqué durablement les esprits, excentricité pour certains ou marque de génie pour d’autres. La réédition sortie en 2014 a mis la France à l’honneur avec l’ajout d’un disque contenant le concert de LED ZEP à Paris, L’Olympia, le 10 octobre 1969 (une soirée fut d’ailleurs donnée en 2014 en ce même lieu pour fêter la sortie de cette réédition), avec des versions magistrales de ce premier album, auxquelles s’ajoutent "Heartbreaker" et surtout "Moby Dick" pachydermique pour 1h10 de bonheur. Juste retour des choses et dépoussiérage bienvenu pour un concert historique (la première venue du groupe en France) et qui était jusque-là disponible uniquement dans le circuit assez fermé des plus fervents fans sous la forme d’un bootleg. Quoi de mieux me direz-vous pour clore cette chronique vintage au possible et l’évocation de ce concert qu’une version de "Communication Breakdown" captée le 5 septembre 1969 en France sur le plateau de l’émission Tous En Scène devant un public interloqué sinon choqué par ce rock débridé, du moins pour l’époque.

Pour aller plus loin :
« Led Zeppelin II » (1969)
« Led Zeppelin III » (1970)
«  IV » (1971)
« The Song Remains The Same » (1976)
« Celebration Day » (2012) pour la date que ce disque représente (reformation pour un unique concert) et le fait également que ce soit Jason, fils de John Bonham qui assure la batterie.

A quelques exceptions près, la discographie complète vaut d'être écoutée dans son intégralité et depuis quelques années, Jimmy Page réédite ces disques dans de luxueux et roboratifs coffrets gavés de versions alternatives, lives, et qui sont de très bons investissements pour les fans purs et durs.
 


 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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