29 janvier 2019, 17:50

Bon Scott

• Traduction d’une lettre de 1978 vendue aux enchères

En août 1978, alors qu’AC/DC tourne aux USA pour promouvoir « Powerage », son cinquième album, Bon Scott écrit une lettre à sa sœur Valerie à l’occasion d’une halte à Pittsburgh en Pennsylvanie. Il lui décrit leur emploi du temps exténuant, ses galères financières, sans oublier l’enregistrement du live « If You Want Blood (You’ve Got It) » qui sortira deux mois plus tard.

Ce courrier, composé de trois pages rédigées à la main et signées (vous trouverez ci-dessous la première), sera vendu aux enchères le 31 janvier. Le prix de départ est de 6 500 dollars (environ 5 690 euros) mais au moment d’écrire ces lignes, personne ne s’était encore porté acquéreur. Intéressé(e) ? C’est ici que ça se passe, chez Nate D. Sanders Auction.

Faute de pouvoir vous offrir un petit morceau d’histoire, voici en tout cas le contenu de la lettre…
 

« Salut Valerie
Comme tu vois, Bon est à Piisburgh aujourd'hui. J’étais sur la côte Ouest où j’ai passé deux jours à L.A. pour participer à “Midnight Special” (NDJ : une émission de télé). Je suis allé voir le nouveau groupe de Doug l’autre soir. (…) Il joue très bien et chante d’enfer. Je ne sais pas s’il t’en a parlé mais je lui ai passé un coup de fil y a y quelques semaines pour savoir s’il pourrait remplacer Phillip pendant quelque temps. Phil (NDJ : Rudd, le batteur) a fait une dépression nerveuse et il a passé pas mal de temps avec un psy. C’était sérieux mais heureusement, il s’est remis suffisamment vite pour ne pas perturber le groupe. Il a fallu le ménager pendant un moment mais à présent, ça va.

Malheureusement, je ne serai pas dans ton coin avant au moins deux ou trois mois. Le reste de cette partie de la tournée se passe du côté de la Pennsylvanie et de l’état de New York, mais loin des yeux ne signifie pas loin du cœur. Je sais que je n’assure pas trop quand il faut écrire ou téléphoner mais je suis tout le temps sur la route, ou bourré, ou avec la gueule de bois, ou… Aujourd’hui, je tremble tellement que j’arrive à peine à écrire mais ça fait des semaines que je veux le faire alors je m’y mets. J’ai dû arrêter de passer des coups de fil quand mon compte s’est retrouvé dans le rouge. Je dois déjà 130 dollars au groupe cette semaine et il y a quinze jours, je leur en devais 70 sur ma paie. C’est dingue… Mais être dingue, c’est la seule façon pour moi de ne pas devenir fou, tu sais ce que je veux dire.

Nous avons tellement travaillé depuis la dernière fois que je t’ai vue que tout est flou. On a dû sillonner le pays des millions de fois et je commence à me sentir et à avoir l’air un peu hagard. J’aimerais aller passer un mois dans un “asile” mais dès la fin de cette tournée, on retourne directement en Europe et en Angleterre pendant un mois avant de revenir ici pour la fin de la tournée l’hiver. Alors la prochaine fois que tu me verras, je serai sans doute en gériatrie.

Mes cheveux ressemblent à un bonnet à poils mais je vais les laisser pousser et avoir à nouveau un look de hippie pendant un moment. A me lire, on dirait que la vie est dure en ce moment mais je ne me plains pas parce qu’il y a toujours de bons moments, que nous vendons beaucoup d’albums et que nous rendons les gens heureux, alors ça n'est pas si mal que ça. Je vais rentrer chez maman à la fin de l’année et passer un mois à la plage avant de repartir en tournée.

Au fait, on a terminé notre album live il y a quelques semaines à New York. Il a fallu que je réenregistre quelque chose comme cinq concerts parce que le son des parties de chant ne sortait pas aussi bien qu’il l’aurait dû à cause de la repisse occasionnée par les autres micros qui sonorisaient les guitares et le reste. Tout va bien, ça sort bien et ça aura de la gueule sous le sapin. Je ne sais pas quand il sera dans les bacs mais j’essaierai de t’avoir un exemplaire spécial. Ils vont sans doute en sortir en vinyl rouge bien que personnelement, je préfère les albums de platine.

Je dois y aller ma belle. Dans une demi-heure, on y va et il faut que j’appelle New York. J’espère avoir de tes nouvelles avant de quitter les Etats-Unis. Passe le bonjour à la famille de ma part… et comment allait maman ? Dis-lui que Le Bon lui dit bonjour. Tendrement, Valerie.

Je t'embrasse,

Bon »

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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