4 février 2019, 23:54

PARKWAY DRIVE + KILLSWITCH ENGAGE + THY ART IS MURDER

@ Paris (L'Olympia)

Quoi de mieux pour contrer la grisaille de ce mois de février triste et glacial que d’assister à l'un des concerts les plus attendus de ce début d’année 2019, celui de PARKWAY DRIVE, l’un des  groupes australiens qui rencontre le plus de succès en dehors d’AC/DC ? Et ce, malgré les aléas d’une organisation particulièrement bancale, car rien n’aurait pu empêcher votre dévouée d’être présente à ce concert, à marquer d’une pierre blanche.

En effet, rarement nous aurons pu être témoin d’autant de générosité et de joie communicative que celles distillées par les membres de ce groupe dont la sincérité absolue exsude de chacun des pores de leur peau. PARKWAY DRIVE génère une telle énergie que la salle entière semble soulevée par un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, pour un bénéfice un million de fois meilleur que tous les antidépresseurs, anxiolytiques, alcools et drogues réunis.
 


Afin de commencer la soirée dans de bonnes dispositions, deux groupes sont prévus avant la tête d’affiche : THY ART IS MURDER et KILLSWITCH ENGAGE. A 19h00 pétantes, le premier commence son set d’une trentaine de minutes dans un style deathcore servi par un son plutôt correct. C’est brutal, violent et ça débouche les esgourdes. Une partie du public semble apprécier les compos du groupe, mais il apparaît que la majorité n’y est pas trop sensible, malgré une section rythmique en béton armé.  La faute à un manque de présence du hurleur en chef Chris "CJ" McMahon, qui malgré la qualité de ses growls et sa sympathie envers le public français, ne dégage guère de charisme et d’énergie, peut-être ?  La lourde tâche d’ouvrir pour des groupes qui ont atteint le niveau qualitatif de PARKWAY DRIVE n’est jamais chose aisée et l’on peut  affirmer sans problème que cela aurait été un casse-pipe pour beaucoup d’autres groupes. Ce qui ne remet pas en cause le talent de THY ART IS MURDER qui aurait eu plus de place pour s’exprimer dans un autre contexte.

Après une courte attente, c’est avec un peu d’avance sur le planning que KILLSWITCH ENGAGE prend possession de la scène, et là, il s’agit d’une tout autre affaire. La réputation du groupe n’est plus à démontrer et c’est un Jesse Leach à la voix exceptionnelle et remonté à bloc qui va nous offrir une très belle prestation, soutenu par un groupe carré. Tous font preuve d’une belle ardeur, en tête le guitariste et également en charge des choeurs, Adam Dutkiewicz qui nous gratifie d’une pointe d’humour bienvenue. Seul le deuxième guitariste, Joel Stroetzel  est en retrait malgré un jeu précis. Un défilé de titres tous plus punchy les uns que les autres, avec en points d’orgue, "My Curse", "Hate By Design" et "In Due Time" annoncé avec un petit clin-d’œil de la part du chanteur à nos compatriotes de GOJIRA. Un très bon set d’une heure que nous délivre KILLSWITCH ENGAGE, sans temps mort et avec un plaisir non feint. Plaisir partagé par un public n’hésitant pas à répondre aux sollicitations du groupe qui quitte la scène sous des applaudissements fournis et mérités.
 


On sent que le meilleur est encore à venir... et l’excitation est palpable. La tension monte de seconde en seconde, les rangs se resserrent dans un Olympia débordant jusqu’à la gueule. Les lumières de la salle s’éteignent avec vingt bonnes minutes d’avance, et c’est tant mieux pour les fans dont la patience sera bientôt récompensée.
En intro, un sample de "Absolute Power" est diffusé pendant que les membres du groupe créent la surprise en rejoignant la scène par la fosse, qu’ils traversent aisément, pour prendre position sur cinq podiums surélevés. Les premières notes de "Wishing Wells" retentissent et la voix sombre et grave de Winston McCall s’élève, augurant une soirée explosive. Le public, comme un seul homme, réagit au quart de tour (« until i’m doooone ! ») et c’est parti pour une heure et demie de folie pure, transformant la salle en cocotte-minute, prise de crises d’épilepsie.

Les titres, tous devenus des classiques,  s’enchaînent sans répit. "Prey" voit la fosse se muer en trampoline géant. Le son est parfait, énorme, la batterie surpuissante, les cinq Australiens sont dans une forme magistrale, Winston McCall en tête, exhortant le public à chanter et sauter non-stop, insufflant par là-même son énergie et sa bonne humeur contagieuse à chaque fan présent ce soir. Car ce sont des atouts majeurs que le sourire, la générosité et l’humilité de ce groupe qui savoure la moindre seconde de ce succès amplement mérité, arrivé après six albums à la progression constante. Vient ensuite "Carrion" et le premier (mais pas le dernier) circle-pit de la soirée. Les deux guitaristes, Jeff Ling et Luke "Pig" Kilpatrick, le bassiste Jia "Pie" O’Connor et le batteur Ben "Gaz" Gordon forment un mur de son sur lequel peut s’appuyer McCall et par conséquent donner libre court à sa théâtralité. En effet, le frontman dégage une présence dramatique puissante et une prestance poétique hypnotisante. Le charisme d’un grand homme.



La très attendue "Vice Grip" permet aux fans de s’époumoner à loisir tout en continuant à sauter comme des cabris. "Karma" poursuit dans la même veine pour la plus grande joie des amateurs de la première heure. Premier moment de calme (tout relatif) avec "Cemetery Bloom", parfait, sur lequel le chanteur distille ses émotions d’une voix caverneuse à souhait. Mais le calme sera de courte durée car "The Void" va mettre tout le monde KO avec son refrain qui tue et son riff de guitare repris en chœur par toute la salle. Impressionnant ! Le riff de "Idols And Anchors" est également propice à être chanté et on ne s’en prive pas. La très heavy "Dedicated" subira un traitement identique, tous hurlant « you can’t creak me ! ». M’est avis que beaucoup d’entre-nous ont dû se retrouver aphones le lendemain…

Le moment le plus magique du concert arrive avec "Writings On The Wall" qui voit débarquer sur scène un quartet à cordes assuré par trois violonistes et une violoncelliste. Elles se positionnent sur les plateformes en hauteur de chaque côté de la batterie, mises en valeur par un light-show tout en bleu et blanc renforçant le côté poétique de l’instant, comme suspendu dans le temps. Winston McCall est extraordinaire de justesse, ses mains volant comme deux papillons en proie à une danse de la vie et de la mort. "Shadow Boxing" reste dans la même ambiance, électrisante, avant de refaire exploser l’applaudimètre. "Wild Eyes" voit la salle toute entière reprendre spontanément le riff principal, offrant au groupe une standing-ovation particulièrement émouvante.
Tous les membres de PARKWAY DRIVE sont touchés par cet élan, et le chanteur en particulier qui versera même quelques larmes que seuls les premiers rangs auront pu apercevoir. Pour terminer ce concert, ce sont les deux derniers titres de "Reverence" qui sont choisis, le très épique "Chronos" et la déchirante "The Colour Of Leaving" écrite en hommage à un ami disparu prématurément. La deuxième partie de "Chronos", très mélodique, offre un visuel magnifique, les deux podiums sur lesquels se sont placés les guitaristes se surélevant et se rabaissant au gré des soli interprétés. "The Colour Of Leaving" est un pur moment de grâce, comme il en existe peu, Winston McCall simplement accompagné de la violoncelliste, sur le fil d’une émotion palpable, sachant sublimer la souffrance et la douleur toujours présentes.



Pas de pyrotechnie explosive comme lors des festivals sur cette date, normes de sécurité de la salle oblige, mais un light-show de toute beauté nous distillant des tableaux parfaitement appropriés à chaque chanson. Cependant, que serait un concert de PARKWAY DRIVE sans une seule flammèche ? C’est donc en toute logique que pour la puissante "Crushed", en rappel, la scène s’enflamme à l’aide de sortes de braséros géants, judicieusement placés pour créer l’ambiance propice à ce titre. La folie d’embraser une nouvelle fois l’Olympia avec l’indispensable "Bottom Feeder" en guise d’au-revoir. Le frontman, très ému, remercie une nouvelle fois l’audience (et en français, s’il vous plait !) pour cette soirée extraordinaire. Le rideau tombe, avec un effet théâtral recherché, alors que les dernières notes résonnent encore, laissant un public exsangue et vermoulu mais heureux au possible. Les visages rayonnent même si les muscles sont endoloris. On peut regretter cependant de n’avoir pas pu acclamer les musiciens plus longtemps pour cette superbe prestation, mais cela participe à la mise en scène de cette pièce à laquelle nous venons d’assister.

PARKWAY DRIVE est un groupe définitivement hors-normes qui sait combiner la violence la plus intense à un sens de la mélodie imparable, tout en y associant une profondeur dramatique qui vous prend aux tripes. Un groupe qui rencontre enfin le succès en nos contrées après toutes ces années de labeur, comme quoi, pour reprendre August Strindberg : « En tentant l’impossible, on peut atteindre le plus haut niveau du possible. ».


Photos © Axelle Quétier - HARD FORCE - Portfolio


Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK