14 février 2019, 19:32

EVERGREY

• "The Atlantic"

Album : The Atlantic

« The Atlantic », nouvel album d'EVERGREY, vient conclure la trilogie entamée avec « Hymns For The Broken » en 2014. Il aura donc fallu cinq ans au groupe suédois pour parachever une oeuvre qu'il convient de qualifier de monumentale au regard de l'extrême qualité de ces trois disques (« The Storm Within » étant sorti, lui, en 2016). Allégorie des aléas de la vie, des chemins de traverse que l'existence nous oblige parfois à emprunter, cet ébouriffant tryptique est également l'expression des tourments de Tom S. Englund, qui, si l'on en juge par l'absence sur ce « The Atlantic » de sa femme Carina, qui avait pourtant chanté sur tous les autres albums de la formation, n'a pas dû avoir beaucoup de mal à trouver l'inspiration. Que de chemin parcouru en tout cas par EVERGREY depuis ses modestes débuts sur « The Dark Discovery », il y a déjà 21 ans ! Et quelle injustice, surtout, de voir qu'en 2019, ce combo se contente toujours de jouer les invités de luxe pour des groupes au talent parfois bien discutable ! Mais restons positifs et concentrons-nous plutôt sur « The Atlantic »...

Le disque débute par un son de sonar, prélude à une traversée des sentiments qui, semblable au ressac, ne cessera d'emmener l'auditeur à se heurter à la violence de ses propres sentiments avant de trouver quelques instants de répit, le temps de mélodies salutaires. Un océan tourmenté qui fait suite à une tempête (« The Storm Within ») et à un combat plus terre-à-terre, nous reliant à des considérations plus matérielles (« Hymns For The Broken »). Un océan, aussi, comme ultime étape d'un voyage vers la paix intérieure. "A Silent Arc" préfigure un disque plus violent, plus sombre, aussi, que ses deux prédécesseurs. Difficile, en tout cas, de s'enlever le refrain de la tête, la preuve qu'EVERGREY n'a rien perdu de sa capacité à allier les compositions les plus complexes aux mélodies les plus accrocheuses. Un crédo qui donne un mélange unique de prog et de gothique... avec un soupçon de djent (oui, oui, vous avez bien lu !) comme sur "Weightless", un titre au refrain lumineux, encore une fois, et aux nombreuses variations rythmiques.

Le lent "All I Have", traversé par de sublimes soli que n'aurait pas renié David Gilmour, envoûte par sa mélancolie avant de faire place à "A Secret Atlantis", à l'agressivité uniquement contenue par la voix déchirante d'Englund. Ici comme sur de nombreux autres morceaux, EVERGREY appuie son propos par des rythmiques aplatissantes, un mur du son qui n'est pas sans rappeler GOJIRA tant l'impression de lourdeur est prégnante. Difficile de dire si les Suédois ont été influencés par le groupe des frères Duplantier mais la production aux petits oignons de Jacob Hansen n'a rien à envier à la cathédrale sonore érigée par nos Basques de prédilection, en tout cas. Tous les musiciens sont à bloc, à commencer par Rikard Zander qui enrobe chaque titre de subtiles nappes de synthétiseur permettant au groupe de se passer des nombreuses orchestrations de « The Storm Within ». C'est d'ailleurs lui qui se charge de la courte transition instrumentale, "The Tidal", avant de mêler ses notes à celles de la guitare sur "End Of Silence". "Rulers Of The Mind" (« In Search Of Truth » - 2001) n'est pas loin...

"Currents" continue d'épater la galerie avec ses gros riffs agissant comme contrepoints d'une génialissime ligne de claviers. Le solo d'Henrik Danaghe est superbe, tout comme ces quelques notes plaintives en fin de morceau. Quant au son de basse de Johan Niemann... Tiens ! La basse, justement, qui se taille la part du lion sur le titre suivant, "Departure", power-ballad aux faux airs de MARILLION démontrant une fois de plus l'étendue du talent d'EVERGREY quand il s'agit de faire parler non pas la poudre mais l'émotion. Des cris de mouettes annoncent la fin du voyage en introduction de "Beacon" avant que « The Atlantic » ne s'achève sur l'abrupt "This Ocean" et les plaintes d'Englund ("I've cried this ocean"). "Virtuosité", "émotion", "mélancolie", "puissance", les termes pouvant définir ce disque pourraient rapidement se transformer en un inventaire à la Prévert. On aurait plus de mal, par contre, à trouver des solutions à l'impasse commerciale dans laquelle semble se trouver EVERGREY depuis des années. Espérons que ce « The Atlantic » ouvrira enfin la voie du succès aux Suédois. C'est tout le mal qu'on leur souhaite !

Blogger : KillMunster
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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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