Ecrire la chronique de ce nouvel album de QUEENSRŸCHE est pour moi un exercice double, à la fois un honneur eu égard à la carrière de la formation jusqu’à aujourd’hui et pour l’affection que je lui porte depuis plus de 30 ans, mais aussi exercice casse-gueule eu égard aussi à la situation actuelle du groupe, de par son line-up s’entend. Impossible de taire cet état de fait concernant la présence du chanteur Todd LaTorre depuis 2012 (et trois albums maintenant), transfuge de CRIMSON GLORY. Le mimétisme de sa voix avec celle de l’illustre Geoff Tate est tel qu’il est difficile de distinguer les deux chanteurs sur des titres dits anciens. D’aucuns ont crié au plagiat voire au tribute-band, ne légitimant pas sa présence en dépit d’un réel talent vocal. La mise en retrait du batteur historique Scott Rockenfield survenu il y a deux ans n’a pas aidé non plus. Pis, il ne participe ni à ce nouveau disque et ne partira pas en tournée pour le promouvoir. De communiqués de presse en interviews, il est facile de lire entre les lignes et, bien qu’il semblerait selon les dires de QUEENSRŸCHE que la porte est ouverte quand il souhaitera y revenir, il semble peu probable que le jeune papa (c’est pour cette raison qu’il a mis sa carrière en stand-by) revienne un jour au sein de sa formation d’origine. Alors, avec juste deux membres d’origine en ses rangs actuellement, le guitariste Michael Wilton et le bassiste Eddie Jackson, difficile en effet de défendre corps et âme un groupe qui semble, j’ai bien dit semble et vous comprendrez pourquoi à la lecture des lignes qui suivent, l’ombre de ce qu’il a été.
On stoppe tout et on se concentre sur 2019. « The Verdict » est un très bon album. Point. Chronique terminée ! Bon ok, je vais développer un peu. La production est une nouvelle fois assurée par Chris "Zeuss" Harris (HATEBREED, Rob Zombie...) qui s’était déjà chargé de « Condition Human » en 2015 et est conforme à ce que l’on peut attendre de QUEENSRŸCHE. Tous les gimmicks, sans connotation péjorative, sont présents au fil des titres pour que l’auditeur et fan se sente en terrain connu (et pas en terre inconnue me souffle Frédéric Lopez). Les licks de guitare doublés sont là, notamment un très réussi sur ''Light-Years'', ou des lignes de basse massives qu’Eddie Jackson a déjà commis par le passé. Ok, la contrepartie est que l’on fasse des analogies avec certains titres classiques que compte leur féconde discographie mais quel groupe si fortement marqué dans son identité sonore et au bout de 35 ans de carrière ne donne pas l’impression qu’un nouveau titre ressemble à un ancien ?
Niveau paroles, QUEENSRŸCHE est toujours attaché au côté socio-géo-politique comme le prouvent ''Blood Of The Levant'' qui traite de la guerre en Syrie ou dans une moindre mesure, ''Bent'', qui évoque la dévastation vécue par les Indiens d’Amérique lors de la colonisation du pays. Les ambiances elles, oscillent entre heavy sur ''Light-Years'', du hard rock nerveux sur ''Propaganda Fashion'' ou mélancolique sur ''Dark Reverie'' et son titre évocateur. Un point commun à l’ensemble de ces morceaux est la qualité des parties de batterie. Et c’est là que je garde le meilleur pour la fin car c’est le chanteur Todd La Torre qui s’en est chargé. Eh ouais mes amis, le chanteur est également un batteur excellent qui pratique depuis trente ans. C’est dire s’il a eu le temps de s’approprier une partie du style nécessaire à produire des plans qui sied à la perfection à QUEENSRŸCHE. Rendant ainsi hommage à Rockenfield sans réussir à le faire oublier totalement, on peut applaudir des deux baguettes le boulot accompli ici.
A l’arrivée, et au verdict donc, « The Verdict » est un album qui sort gagnant haut la main si l’on arrive à occulter les quelques points de discorde que les fans les plus intransigeants ne manqueront pas de mettre et remettre sur la table, quitte à ressasser, comme de vieux schnoques, un temps désormais révolu. Un groupe qui réussit à capitaliser sur son passé tout en proposant du matériel de qualité, ce n’est pas légion de nos jours. Et à tous les esprits grincheux, vous ne viendrez pas pleurer quand ce genre de groupe raccrochera définitivement les guitares au mur. CARPE DIEM bordel ! La Reine est morte, vive QUEENSRŸCHE !