16 mars 2019, 23:57

DECAPITATED + BENIGHTED + STENGAH

@ Liévin (Liévin Metal Fest)

Pour la deuxième journée du Liévin Metal Fest, plus de 400 fans étaient venus s’abreuver de death metal, sous sa forme la plus brutale. Avant les plats de viande bien saignante proposée par BENIGHTED puis DECAPITATED, les hors d’œuvre étaient assurés par les Lillois STENGAH, dont le nom évoque à la fois le titre d’une chanson de MESHUGGAH – et ce n’est pas un hasard ! – et une boisson à base de whisky.

Après une intro bruitiste durant laquelle les musiciens se tiennent immobiles sous des lumières blanches, les rythmiques saccadées de "Above" lancent les hostilités. Portées par la conviction d’un chanteur investi et les qualités techniques de ses acolytes, les compositions, oppressantes, déroulent leur intelligente agressivité. Breaks d’un calme angoissant suivis d’accélérations subites, colorations death sur plages progressives, la recette est réussie. Le public, d’abord attentif, finit par se laisser emporter dans le premier pogo de la soirée sur "Blank Masses". Le dernier titre, le tortueux et contrasté "Reign Of The Apocryph" où une chanteuse, qui jusqu’alors arpentait la scène en tant que photographe, se joint au gang, conclut en beauté une demi-heure réussie.



STENGAH


BENIGHTED ne fait pas de quartier et récite à la perfection sa leçon de death brutal. L’intro "Hush Little Baby" et ses airs de berceuse vicieuse issue d’un film d’horreur donne le ton, suivie, comme sur l’album « Necrobreed », des blast beats de "Reptilian". Ouverture parfaite et Julien, le charismatique chanteur – growls, hurlements black, cris – pieds nus, harangue déjà la foule : « Quel bonheur d’être là ! ». Il incite la fosse à lancer des circle-pits, « à foutre le bordel » et demande de chanter avec lui le classique "Let The Blood Spill Between My Broken Teeth". La réponse est immédiate, le chaos instantané. Pendant que Pierre, le bassiste, comme possédé, se frappe sans cesse le crane avec les mains ou s’approche du micro sur le refrain de "Versipellis", le batteur impose une cadence effrénée. Le son bien réglé permet de saisir les subtilités vicieuses de la guitare. Les titres, d’une efficacité diabolique, s’enchaînent, entrecoupés des brefs speechs bien sentis de Julien, ruisselant de sueur. Sur "Slut", il demande l’aide des fans : « j’ai besoin de votre voix » ; sur "Teeth and Hatred", il remercie les organisateurs du festival... « qui nous ont accueillis comme des rois ».
"Cum With Disgust" glisse une petite touche hardcore dans ce collier de perles death, voire grind ("Necrobreed"). Alors que le concert, passé à la vitesse d’une machette s’abattant sur la tête d’une demoiselle dans un slasher movie, s’achève (« Et ouais, on n’est plus tout jeune », avant l’incontournable "Experience Your Flesh"), les Stéphanois se voient octroyés du rab. Et hop, "Biotech Is Godzilla" pour achever définitivement l’Arc en Ciel liévinois. Waouh ! Quelle baffe !



BENIGHTED


Passer après une telle performance n’est pas chose aisée. DECAPITATED, pourtant, y parvient, sans toutefois atteindre la furie des Français. S’appuyant sur son dernier album, le réussi « Anticult », les Polonais délivrent une leçon de death technique et brutal, désormais fortement teinté de thrash (le direct "Kill The Cult" aux riffs répétitifs et malsains), et portée par une basse qui sait se faire groovy (l’excellent "Homo Sum"). L’enchaînement "Never"/"Earth Scar", au solo bien senti, fait mal, juste avant le quasi instrumental "Amen", qui précède les rappels, consacrés à deux morceaux jouissifs des premières heures du groupe, les purs death metal, froids et cliniques, "Spheres Of Madness" et "Winds Of Creation".
Si Rasta (Rafał Piotrowski) – qui doit son nom à son impressionnante coiffure – est un chanteur aguerri, il communique peu, lâche juste quelques mercis par ci, par là, mais headbangue comme un furieux, monté sur un flight-case. Les trois autres musiciens, ultra-compétents, à l’image de l’impressionnant batteur, restent concentrés sur leur partie. La fosse est donc un peu longue à entrer dans la danse mais apprécie l’intensité déployée par le quatuor.

Ce second jour du Liévin Metal Fest n°4 est une réussite qui a offert aux amateurs de metal extrême leur dose de violence. Une belle soirée !



DECAPITATED
Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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