25 mai 2019, 23:55

FREITOT + W.I.L.D. + SYCOMORE

@ Amiens (La Lune des Pirates)

Située sur un quai touristique d’Amiens, La lune des Pirates, café-concert incontournable de la cité picarde, jure avec les terrasses BCBG des restaurants voisins. Le contraste est tout aussi saisissant, en ce samedi soir ensoleillé, entre les promeneurs, pull noués autour des épaules, et les métalleux impatients d’assister au premier concert de FREITOT.

SYCOMORE, groupe d’Amiens, ouvre la soirée dans la petite salle atypique, où la fosse est surplombée de gradins, eux même situés sous le pool technique. D’entrée, le riff de "Ape Man", répété en boucle, couplé à des vocaux presque évanescents, saisit le public. La puissance est au rendez-vous d’une musique complexe qui pioche dans le thrash – certaines rythmiques – le sludge, le hardcore, voire le grind ou le punk. Le bassiste, dont l’instrument est mis en avant, et le guitariste se partagent les vocaux, tantôt clairs, dans l’esprit de KILLING JOKE, tantôt extrêmes. Au jeu des références, "Master Plan" fait penser au vieux MASTODON. L’attitude décontractée du chanteur, en chemise bariolée et vannes à la bouche, rappelle que les Picards ne se prennent pas au sérieux : la plupart de leurs textes font référence à… Scooby Doo... oui, oui, Scooby Doo, le chien chasseur de fantômes !



Après Scooby Doo, place au Club des Cinq ! Les cinq membres de W.I.L.D., tout de noirs vêtus, arrivent tant bien que mal à tenir sur la scène étroite. Malgré des vocaux parfois peu audibles – souci technique ? – et une basse très en avant, les Nordistes livrent un concert de qualité, basé quasi exclusivement sur leur dernier album, le franchement réussi « The Domination Chronicles ». Les influences thrash ("Wrong Place, Wrong Time" ou "This Is Now", entre autres) se conjuguent avec un death mature (un Jeff Warden à mille à l’heure), maîtrisé sur le bout des doigts des guitaristes, sur le bout des pieds d’un batteur habile à la double pédale. Le groupe sort parfois des sentiers battus de son genre de prédilection. Il agrémente "Waiting For The Saviour" d’un solo de basse, "Skin and Bone" ralentit le tempo, sur une rythmique lourde et groovy. La prestation alors s’achève...



FREITOT, très attendu, brûle les planches avec son detah old-school particulièrement jouissif. Même si Arno Strobl explique qu’il parlera peu, il ne peut s’en empêcher, sans toutefois casser la dynamique d’un concert qui transforme la mini fosse en étuve, en chaos incessant. Trio sur disque – avec Etienne Sarthou de feu AqME à la batterie et à la composition et Fabien "Fack" Desgardins de BENIGHTED, à la guitare – le groupe devient quintet dans sa formation live, avec l’arrivée de Gauthier Marc à la basse et de Julien Negro à la guitare. Après une résidence d’une semaine à La lune des Pirates, le gang livre sa première prestation publique… avant de se produire au Hellfest !



Ce coup d’essai, comme dirait l’ami Corneille, est un coup de maître ! Plongeant dans le bain bouillonnant du death des nineties, FREITOT visite les différents courants de cette époque bénie. Il attaque par du lourd, tendance doom, avec "Mission" pour créer une atmosphère que l’on retrouvera peu après sur le groovy "The Last Room On The Left". Le long "Father" propose un détour empli d’inquiétude vers les mélodies suédoises. Schizophrène, "...And Your Enemies Closer" explose, au terme d’une montée en puissance progressive, à grands coups de blast sur un refrain dantesque. Le final "Human Drawer", accrocheur, et "Yoko", très ENTOMBED, dont « les paroles me touchent », dixit un Arno à la voix caverneuse en diable, montrent quant à eux la musculature imposante des gaillards. Bien sûr, les soli jaillissent à intervalles réguliers ("Lost In Meaning").
Les musiciens, complices et épanouis, se régalent autant sur scène que les nombreux et infatigables stagedivers. Arno harangue sans cesse la foule, la taquine même en annonçant une reprise de METALLICA, avant de balancer le "Postmortem…" de SLAYER ! Coquin, va !

FREITOT, tout en décontraction et talent, a asséné une baffe, une vraie et, masochistes, nous en redemandons au plus vite. Allez les gars, on monte dans le van et on s'en va répandre la bonne parole à travers la France !


Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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