14 septembre 2019, 10:54

SABATON

• Interview Joakim Broden

Les Suédois SABATON était de retour le 19 juillet avec son nouveau disque « The Great War », un concept-album autour de la Première Guerre mondiale. Joakim Broden, chanteur et chef d’orchestre du groupe, nous en parle et se dévoile un peu sur d’autres éléments de sa vie...


Salut Joakim, comment décrirais-tu ce nouvel album en 5 mots seulement ?
Aaaahhh, tu commences avec les questions les plus difficiles ! (Il réfléchit) : Juste du putain de heavy metal.

Pourquoi avoir choisi cette période de guerre mondiale ?
Tu sais, nous avons déjà écrit des choses sur cette guerre mais jamais un album sur ce thème, avec ce concept. C’était le bon moment, je crois. Nous cherchions une époque, des histoires pour des chansons. Nous faisons des recherches en permanence. Même s’il y a plein d’histoires autour de la Première Guerre mondiale, en 2014 pour le 100e anniversaire du début de cette guerre, il y a eu plein de commémorations, d’événements autour qui ont suivi, cela nous a donné des idées sur certaines pistes à emprunter. Nous avons commencé à écrire de la musique. Nous avions la Première Guerre mondiale et deux autres thèmes en tête. Nous nous sommes laissé le temps de voir où la musique nous menait. Rapidement, c'est la Première Guerre mondiale qui l’a emporté. Nous avions prévu d’enregistrer l’année dernière mais nous avons préféré la date du 11 novembre (rires).

C’est quoi le mode d’emploi pour écrire un album de SABATON ?
C’est toujours le même, je ne suis pas l’unique compositeur dans le groupe mais plutôt le directeur musical ou le chef d’orchestre. J’écris avec les autres. J’écris seul mais j’ai aussi composé avec notre nouveau guitariste, Tommy Johansson (présent depuis 2016), mais aussi avec Chris Rorland (guitariste depuis 2012). Nous avons commencé à écrire il y a plusieurs mois. Le processus d’écriture des chansons ne s’arrête jamais en fait. La première étape pour nous est de rassembler les idées. Quand nous arrêtons de tourner, nous rassemblons nos idées pour écrire un album. Pour moi, c’était du travail à plein temps sur une année sur le thème de « The Great War ».

Vous avez choisi la ville Verdun en France pour convoquer la presse internationale. Pourquoi ce choix ? Qu’avez-vous ressenti ?
Oui, il y a eu des journalistes venant d’Inde même ! Il y a deux choses que je voudrais dire et voulais faire. La première : je me souviens lorsque j’étais plus jeune et que je lisais les magazines de ma musique préférée, il y avait des groupes qui organisaient des sessions d’écoute de leur album dans des endroits grandioses. Quasiment plus personne ne le fait ! La deuxième chose : chaque pays a sa propre histoire. Les Anglais ont leur propre bataille durant la Première Guerre mondiale. Nous sommes avant tout un groupe de metal passionné d’histoire. Il y a des gens qui écoutent SABATON, boivent des bières, font la fête mais s’en foutent des périodes historiques. OK, c’est cool ! Cependant, au moins 50% peuvent être intéressés par l’Histoire. Nous étions là pour faire des interviews à Verdun. Nous nous sommes dit : joignons l’utile à l’agréable en organisant une session d’écoute et une forme d’excursion avec le musée, le mémorial.
 

"Nous jouerons un jour un concert le 6 juin, sur une plage de Normandie, au sommet d’un bunker. Le public viendra de partout et sera autour de nous. Ils viendront de la plage comme le Débarquement.".


Quel est ton meilleur souvenir de ce voyage ?
C’est plutôt triste comme souvenirs avec ce qui s’est passé.

Alors les émotions qui y étaient associées ?
C’est être à Fleury, le village, sans hésiter ! C’était fort et fou.

Vous avez votre propre chaîne d’histoire sur YouTube ?
Oui, c’est un rêve depuis longtemps ! Nous apprécions les documentaires historiques. Nos chansons les reflètent. L’histoire compte, il n'y a pas que la musique ! Il y a différents épisodes sur cette chaîne. Dans le premier, nous présentons les choses. Après, les affaires commencent. Tu peux apprendre plein de trucs, j’en ai fait l’expérience moi-même. C’est vraiment super ! Cela parle d’une personne, de personnes, de leur vie, d’une bataille. Après, il y a des trucs supplémentaires pour les fans. Nous leur parlons de l’envers du décor de certaines chansons, comment elles ont été créées, écrites. Il y a plein de souvenirs autour de ça.

J’ai choisi, après une écoute minutieuse de « The Great War », 4 chansons. Peux-tu me donner 2 mots ou 2 réactions émotionnelles associées ? "Fields Of Verdun"… 
Tristesse et fierté.

"Devil Dogs"…
Héroisme et…

"Red Baron"…
Aigle et excellence.     

"Seven Pillars Of Wisdom"…
Volonté et détermination

J’ai vraiment apprécié ce titre un peu spécial, "In Flander Fields", qui clôt l’album. Peux-tu nous en parler ?
Nous devions achever l’album. Nous n’aurions jamais pu faire mieux que l’usage de ce poème magnifique écrit pendant la Première Guerre mondiale par le lieutenant-colonel canadien John McCrae ("Au champ d'honneur" en français). Nous ne voulions pas faire une reprise de quelque chose. Nous avions la musique et le meilleur poème de tous les temps sur la guerre.



Comment as-tu construit ce titre justement ?
De manière old-school. J’ai écrit la musique. La première mouture de ce titre était très orchestrale. L’album sonne heavy, il commence très fort au niveau son, au niveau heavy. Nous nous sommes dit alors : mais comment allons-nous l’achever ? Nous avons opté pour une voie différente. Tout ce qui est différent peut t’amener loin et autre part. Ce dernier titre comprend ma musique mais pas nos mots et ils ne sont pas chantés par nous. Emotionnellement, ça nous amène personnellement sur quelque chose de très fort et plaisant.

Ce morceau pourrait clore les concerts, non ?
Probablement mais cela dépendra de la configuration. En festival, non ! Si nous faisions quelque chose de très spécial pour « The Great War », nous l’inclurions évidemment.

Te rappelles-tu de la première fois où tu es venu en France ?
En privé ou professionnellement ?

Comme tu le souhaites…
Je m’en souviens très bien. Mes parents m’avaient amené à Eurodisney. Nous logions à Paris, j’avais 12 ans, je pense. J’ai adoré. Juste un mauvais souvenir, c’était le Coca-Cola coupé à l’eau. Je n’aime pas du tout le Coca-Cola français (rires) !

Et ton premier concert en France ?
Oui, c’était en 2016 en première partie de DRAGONFORCE. Un joli moment !

Un souvenir mémorable de ton adolescence ?
J’en ai des tonnes de mon enfance. Je vais te raconter mon meilleur souvenir de cette période. C’était lorsque nous avons fait la première démo de SABATON. J’avais certaines idées d’arrangement dont celle d’un chœur d’église. Je pensais que les autres membres allaient me prendre pour un fou ! Ils m’ont dit que ce n’était pas du metal. (Il se met à chanter les différentes voix du titre "Primo Victoria"). Ils ne voyaient pas où je voulais aller, je leur ai chanté toutes les mélodies. Avec les guitares, ça sonnait bien. Quand tout a été mis en place niveau instruments, le chœur s’est placé. C’était énorme comme souvenir.

C’est quoi ton fantasme le plus fou ? Ce n’est pas forcément sexuel !
(Rires). Ce n’est pas un fantasme, un jour, nous le ferons. Nous jouerons un jour un concert le 6 juin, sur une plage de Normandie, au sommet d’un bunker. Le public viendra de partout et sera autour de nous. Ils viendront de la plage comme le Débarquement. Il y aura de la pyro, des explosions. Ce sera fou ! Ca va arriver, nous le ferons (sur un ton exalté) !



© Timo Isoaho​


As-tu un rituel avant un concert ?
Ce n’est pas tout à fait un rituel mais j’échauffe mon corps, ma voix aussi. Je fais des petits exercices vocaux simples. Je me sens complètement détaché, ailleurs 30 minutes avant un concert, avant que l’intro retentisse. Je ne me sens pas du tout nerveux. Après, je suis sur scène, avant que tout commence, j’entends le public crier, mon esprit se met totalement dans le concert. Je commence à être un peu tendu. L’excitation prend le dessus sur la nervosité. Ce moment sur scène est quelque chose de très spécial.

Quelle est ton addiction positive ?
J’aime découvrir les choses. Je suis fou d’Histoire, de certaines périodes de l’histoire. J’aime apprendre. Je suis curieux des choses.

As-tu une icône, un modèle de vie ?
Non, je ne crois pas. Chacun a ses référentiels. Je crois en avoir plusieurs. Après, tu empruntes des traits de personnalité aux uns et aux autres. Je ne copie pas, je m’inspire. Pour moi, cela pourrait être un peu de Ritchie Blackmore ou Elon Musk, un entrepreneur qui travaille sur l’intelligence artificielle (rires). Un vrai visionnaire. Tout n’est pas noir ou blanc. Il n’y a pas du tout mauvais ou du tout bon, il faut s’avoir emprunter aux choses, au savoir. Plus j’apprends, moins je sais (rires). Il faut avancer toujours !

Que fais-tu quand tu ne tournes pas ou tu n’enregistres pas en studio ?
J’adore la nature et partir en randonnée. J’aime jouer au flipper. J’en ai un d'AC/DC à la maison. J’aime aussi m’asseoir à mon piano, jouer seul sans but particulier.

Tu joues du classique ?
Pas très bien mais j’en joue (rires).

Quelle est la dernière chanson que tu as écoutée ?
(Il sort son smartphone) C’est "Mistreated" d’ACCEPT sur l’album « Eat The Heat ». Udo ne chantait pas dessus.

Tu écoutes du metal tout le temps?
Cela dépend. En tournée, avec les soundchecks, les concerts, les groupes avec nous, pas trop en fait. Cela va de ABBA à DIRE STRAITS, à de la musique classique – Bach, Beethoven. Quand on est off pendant 2 semaines, que l’on fait des barbecues avec les amis, alors là, oui c’est heavy metal !

Tu as les clés pour diriger la Suède pendant 24 heures. Que fais-tu ?
Ce n’est pas suffisant 24 heures, je pense. Ce que je ferais probablement, c’est aller dans les archives des services secrets ou de la police, voir ce qui s’est passé, comment la Suède a collaboré avec les nazis pendant la guerre, ce qui s’est passé ici et là… J’aurais les informations les plus folles et je les dévoilerais aux gens.

Je te fais le War questionnaire, si tu es d’accord… Quel mot te vient à l’esprit lorsque je te donne un titre de chanson avec le mot "war" ?

"War"de Bob Marley.
Je t’aurais dit « No Woman, No Cry”. (rires)

"War Ensemble" de SLAYER.
Je ne sais pas trop.

"World War Now" de KREATOR.
Puissant.

"War Machine" de KISS.
(Il chante la ligne de guitare introductive)
C’est dans « Revenge », non ?

Non, dans « Creatures Of The Night ».
Oui, tu as raison, c’est un grand titre !

"War Pigs" de BLACK SABBATH.
Rébellion.

"Holy Wars" de MEGADETH.
Ce n’est pas mon truc !

C’est quoi ton truc ?
Pas MEGADETH (rires). J’aime découvrir les choses, je suis curieux de nature. Je vais acheter des trucs, je recherche les choses qui vont me plaire. Je peux passer 5 ou 6 heures sur Internet à décortiquer les choses, à lire des choses sur un groupe – connu ou non – que j’ai découvert.

Est-ce que SABATON sortira un livre sur toutes ses histoires ?
J’ai envie de te dire oui mais ce ne sera pas The Dirt de MÖTLEY CRÜE. Nous n’avons pas provoqué assez de scandales. Si tu réunis tous les scandales de SABATON, cela ne ferait même pas un chapitre de la bio de MÖTLEY. Je suis fier de ça quand même. S’il y a un livre, ce ne sera pas "sex, drugs and rock’n roll". Il y aura un peu de sexe (rires), du rock aussi mais pas de drogues. Nous avons une règle : personne dans SABATON ne consomme de drogues.

Pas d’alcool ?
Si, nous buvons mais modérément ! Jamais avant un concert ou la veille d’un concert. On peut boire un verre de vin ou de bière pendant le repas du soir en tournée. Personne ne doit être ivre pendant les jours de concerts. Si on a deux jours off, on se fait un barbecue avec des bières !

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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