Je ne sais pas pour vous, mais la plupart de mes souvenirs, associés à une personne ou un lieu, sont étroitement liés à la musique, aux lectures, au cinéma et à la télévision.
Toute mon enfance et toute mon adolescence reposent sur ces petites balises empilées au fur et à mesure.
Et quand vient l'été, des signaux d'hier s'activent, pas forcément par nostalgie, mais parce qu'on repense aux vacances qu'on a passées ici ou là, comment on occupait son temps au siècle dernier, quand il n'y avait ni smartphone, ni tablette, ni séries palpitantes, ni offres à la demande et que la télévision comptait moins de chaînes que les doigts d'une main. Alors, je n'ai pas la moindre idée de l'intérêt que ça puisse susciter chez vous, mais je poserai ici de temps à autre pendant l'été quelques fragments de souvenirs musicaux de vacances. Et si vous voulez, vous partagerez les vôtres.
Les sons de l'été #01 • 1974 • "Live and Let Die" (Paul McCartney/Wings) • Cauterets (Hautes-Pyrénées)
A 8 ans, partir pour 3 semaines en cure thermale aurait été une corvée pour n'importe quel enfant de cet âge. Les soins, c'est usant et franchement pas très agréable. A Cauterets, bien que délicatement surnommée le petit Deauville des Pyrénées, rien que la grimpette à 1000m d'altitude pour aller faire de la pipette, des inhalations et autres tortures du petit matin, ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler des vacances de rêve.
Pourtant... Il y avait deux choses à Cauterets qui auraient fait supporter n'importe quel supplice sur voies nasales :
la salle de jeux remplie de flippers (et plus tard des premiers jeux d'arcade) où nous passions en famille une bonne partie de l'après-midi et des soirées entières et la salle de cinéma du Casino, superbe vestige des années glorieuses de la ville.
Ce soir d'été 1974, on y jouait "Vivre et laisser mourir", le James Bond sorti quelques mois plus tôt. Une première pour Roger Moore qui incarnait le célèbre agent secret britannique, une première pour moi, qui n'avait jamais vu un film de 007. Chez nous, on a toujours été précoces dans l'éducation cinématographique ("THX1138" ou "2001 l'Odyssée de l'espace" avant 5 ans, qui dit mieux ?), mais je dois avouer avoir été marqué par des scènes impressionnantes (cette manie de recycler ses ennemis aux requins) et des personnages inquiétants (vaudou, très kitsch aujourd'hui, mais on est terriblement impressionnable enfant).
L'une des plus grosses stars du film, sans manquer de respect à Sir Roger Moore, c'est la musique : ce titre épique, à tiroirs, mélange indéfinissable de styles, instrumental et vocal à la fois, orchestré par le maître George Martin, écrit et interprété par Paul McCartney et ses WINGS.
Vous n'avez pas idée de l'effet que procure la découverte d'une pièce monumentale comme celle-ci, fraîchement composée, fraîchement sortie. Du jamais entendu. Du symphonic rock !
Pour ceux qui ont regardé l'émission "L'heure de vérité" (13 ans d'antenne avec l'envolée orchestrale pour générique) ou encore écouté (usé ?) la reprise de GUNS N' ROSES en 1991, cette oeuvre fait désormais partie du patrimoine musical connu de tous... mais à l'époque, c'était autre chose. Non, en fait, "Live and Let Die", c'est toujours autre chose, plus de 45 ans après.
Et pour la petite histoire, si la musique reste, si les souvenirs demeurent, cela m'a fait plaisir d'apprendre que la salle de jeux Atlantic Club de Cauterets, ce lieu où nous avons dépensé tant à jouer les pinball wizards est, elle aussi, toujours bel et bien en activité...
A suivre...