2 octobre 2019, 20:00

METALLICA

• J. Jasta, R. Blythe, T. Iommi, R. McGovney et Lars soutiennent James Hetfield


© Christian Ballard - HARD FORCE


Le 28 septembre, on apprenait l'annulation de la tournée australienne et néo-zélandaise de METALLICA, James entrant en cure de désintoxication pour tenter de vaincre une nouvelle fois l'alcoolisme qui l'avait rongé pendant des années avant qu'il ne reste sobre pendant un peu plus de 15 ans. On se souvient qu'en 2001, le frontman des Hommes en Noir avait dû se résoudre à un premier séjour en rehab, largement documenté dans le film Some Kind Of Monster (2004). « C'est la peur de perdre ma famille qui m'a motivé, confiait-il en 2017 à l'occasion d'une interview. Je suis tombé tellement bas que ma famille a failli s'en aller. Ma femme m'a jeté dehors, je suis parti vivre seul. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. »

Mais c'était sans compter sur le fait qu'un alcoolique "repenti" peut toujours replonger. A l'époque de la tournée "Get A Grip", Steven Tyler d'AEROSMITH m'avait confié : « Même quand tu as arrêté de boire depuis des années, il y a toujours cette petite voix dans ta tête qui te dit : "Allez, juste un petit verre…". Et tu sais que si tu l'écoutes, tu replongeras aussitôt. L'alcoolisme est une maladie dont on n'est jamais vraiment guéri, elle est toujours là, à l'état latent, à attendre la moindre occasion pour revenir, plus virulente que jamais… Tu es perpétuellement sur le fil du rasoir. » Ce que confirme un peu plus bas le chanteur de LAMB OF GOD. 

On ne sait pas à quel moment Papa Het a rechuté, même si depuis plusieurs mois, il apparaissait plus bouffi qu'à l'accoutumée sur les photos. Mais dès l'annonce de son retour en cure de désintoxication, Jamey Jasta de HATEBREED et Randy Blythe de LAMB OF GOD, qui savent de quoi ils parlent pour avoir été longtemps alcooliques eux aussi, ont déclaré leur soutien à celui qui les a plus ou moins directement aidés à devenir sobres, tout en profitant pour parler de leur expérience personnelle. Bizarrement, bien que l'alcoolisme touche ou ait touché énormément de musiciens, connus ou pas, ce sont à ce jour les seuls à s'être véritablement exprimés sur le sujet. Ce qui est d'autant plus dommage quand on sait à quel point la parole de leurs idoles peut parfois avoir un fort impact sur des fans qui souffriraient du même mal… 

Jamey Jasta, chanteur de HATEBREED, sur son compte Instagram :
« Je viens de sortir de scène et d'apprendre la nouvelle pour Papa Het et je veux donc poster quelques commentaires sur l'addiction et le suivi psychologique. Bravo à James qui a décidé de demander de l'aide, je lui envoie tous mes vœux de réussite, ainsi qu'à sa famille et à tout le camp METALLICA au sens large. J'espère que tous les fans du groupe sont conscients qu'il a fait le meilleur choix possible. La santé, c'est quelque chose de PRIMORDIAL.
(…) Cela fait plus de 20 ans que je tourne beaucoup et je n'aurais pas arrêté de boire si James n'avait pas montré l'exemple. J'ai toujours dit que l'alcool était la “rivière sombre” qui coule sans cesse et que le courant est trop fort pour moi. Parfois, chaque jour pendant des semaines, j'ai envie de plonger. Mais je ne le fais pas, je ne le peux pas.
Rencontrer James à MTV et discuter avec lui de mes problèmes d'alcool m'a ouvert les yeux parce qu'il fait partie de l'un des plus gros groupes au monde, qu'il a tant de pression et de poids sur les épaules et que si lui était arrivé à s'arrêter, j'en étais capable moi aussi. 
Cela fait maintenant plus de dix ans que je ne me suis pas approché de cette rivière. Je ne suis peut-être “plus aussi fun qu'avant”, c'est parfois dur pour moi d'assister à certains événements où les gens sont bourrés ou vont l'être, mais c'est le meilleur choix et je pense que dans les années qui viennent, on va découvrir que l'industrie de l'alcool nous a menti et nous a manipulés.
Je crois que les choses sont BIEN PIRES qu'on le pense mais là n'est pas le sujet… Si vous, ou une personne de votre entourage, vivez une situation similaire, sans doute James qui a le courage d'affronter ses démons vous aidera-t-il à aller dans la bonne direction. 
L'alcool, les drogues, la nourriture, le sexe, le jeu, etc. ne pourront jamais combler le vide intérieur qui vous ronge. Faites-vous aider. Allez à une réunion, renseignez-vous gratuitement sur Internet. Eloignez-vous de la rivière sombre et ne regardez jamais en arrière. » (Photo © Fred Moocher - HARD FORCE)

Randy Blythe, chanteur de LAMB OF GOD :
« Je suis devenu sobre il y a presque neuf ans quand nous tournions avec METALLICA. Le premier jour, un des mecs du crew m'a dit : “Hetfield te cherche”. Cela faisait plus d'un an que l'on tournait avec eux, aux USA et en Europe, et j'étais enragé, surtout en Europe. Mais intérieurement, j'étais vraiment malheureux. Il savait que j'essayais d'arrêter de boire, que je ne pouvais plus continuer et ça s'est arrêté en Australie.
Un des facteurs les plus importants dans ma volonté et ma capacité à arrêter de boire pendant une putain de tournée de metal, c'est d'avoir pu discuter avec James et certains membres de son crew qui étaient sobres. Je n'étais pas tout seul. James et son crew se sont occupés de moi tout au long de mon premier mois de sobriété en tournée. C'était dur, je n'y serais pas arrivé sans eux.
Quand j'ai lu que James retournait en cure de désintoxication, ça m'a vraiment fait mal pour lui parce qu'il a été là pour moi quand j'étais au fond du trou. Mais cela m'a aussi rappelé ce que je suis et ce qui m'attend si je déconne et que j'oublie que je suis alcoolique.
Quand on est alcoolique, peu importe qui l'on est, on n'est jamais immunisé, même si cela fait des années que l'on a arrêté de boire. James est au bon endroit et comme il y est allé de son propre chef, je pense que ça veut dire qu'il veut redevenir sobre – et c'est ça la clé : il faut le vouloir. Je pense à lui et je prie pour lui, j'adore ce mec. Il m'a littéralement SAUVÉ LA VIE. » (Photo © Leonor Ananké - HARD FORCE)

Ron McGovney, premier bassiste de METALLICA
« J'étais ami avec James Hetfield longtemps avant la formation de METALLICA. Je l'ai toujours admiré en tant que musicien, même quand nous étions au lycée. S'il a besoin de quoi que ce soit, il peut me téléphoner. Ça fait deux ans que je suis sobre. Ce n'est pas facile. Je suis avec toi mon pote. ».
 


​Sans partager aucune expérience de son passé… mouvementé, Tony Iommi, légendaire guitariste de BLACK SABBATH, l'a assuré de son soutien moral : « Bon courage à James Hetfield. Tu as bien fait de te faire aider. Je pense à toi, mon ami, et je te souhaite bon rétablissement. J'espère que tu reviendras très rapidement au meilleur de ta forme. Ton pote, Tony. »
 


Quant à Lars Ulrich, il est allé droit à l'essentiel…
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Thinking about my brother. ....sending love.

Une publication partagée par Lars Ulrich (@larsulrich) le


Dans Addictions : dites-leur adieu, son nouveau livre sorti aux Editions Mango, Laurent Karila, psychiatre et addictologue, rappelle que l'addiction « est une maladie récurrente, comprenant un phénomène de consommation répétée d’intensité variable, puis l’installation progressive de signes de manque et/ou d’accoutumance, d’une envie irrésistible de consommer, d’une perte de contrôle, d’un déni et de la recherche de produit éthylique malgré les risques médicaux, psychologiques, psychiatriques et sociaux encourus et connus par la personne. Le caractère chronique de la maladie ainsi que l’évolution par rechutes sont caractéristiques de ce trouble. 
L’addiction peut se résumer par la perte de la liberté de s’abstenir.
La consommation d’alcool est d’abord vue comme une activité sociale avec une image festive.
Consommé de manière régulière, excessive et répétée, l’addiction ou le trouble de l’usage de l’alcool s’installe. Cela peut prendre plusieurs années pour que cette maladie s’installe. La santé physique, psychique et sociale est touchée de plein fouet.
Un avis d’experts, rendu en mai 2017, de Santé publique France et de l’Institut National du Cancer (Inca), a tenté de définir des risques acceptables de la consommation d’alcool. Il propose une valeur repère unique pour les deux sexes, exprimée sous la forme de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour.
Il est recommandé d'avoir des jours sans consommation dans la semaine et, pour chaque occasion de consommation, de réduire la quantité totale d’alcool bue à chaque occasion, de boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau, d’éviter les lieux et les activités à risque, de s'assurer d’être entouré de personnes de confiance et de pouvoir rentrer chez soi en toute sécurité. »

Si vous avez besoin de conseils, si vous sentez que votre consommation d'alcool vous échappe, vous pouvez appeler, gratuitement et anonymement, Alcool Info Service au 0 980 980 930, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Toute l'équipe de HARD FORCE souhaite bon courage et bon rétablissement à James. A bientôt sur la route !

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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